Catherine Lara : La chanson ? C’est l’affectif et l’émotion

Heureuse sur scène, Catherine Lara s’est confiée au magazine Nos Tendres et Douces Années lors de la dernière du spectacle Âge Tendre et Têtes de bois où elle était l’invité d’honneur de la tournée 2008. Cet automne est sorti chez Universal un nouveau spectacle en DVD intitulé « Au-delà des murs », qui mélange danse et violon, sous la direction de Franco Dragonne.


Nos Tendres et Douces Années : Comment vivez-vous cette tournée ?
Catherine Lara : Avec beaucoup de bonheur, plus encore que ce que j’ai pu imaginer. J’ai trouvé beaucoup de choses en faisant cette tournée. D’une part découvrir des gens que je croyais connaître et que je ne connaissais pas et pour lesquels j’avais un a priori pas négatif, mais bon…

Je connaissais Éric Charden par exemple. Je me disais « c’est un chanteur populaire ». Eh bien non ce n’est pas que ça. C’est aussi un poète, un artiste, un peintre, c’est un homme humainement extraordinaire. J’ai rencontré des gens, voilà.

Des êtres humains que je ne connaissais pas. Richard Antony, tous ces gens qui sont d’une autre génération et tous ces gens qui nous ont fait rêver. On les fait revivre. Il y a 10 000 personnes qui viennent tous les jours pour les applaudir. C’est rassurant, c’est une tournée qui me rassure.

On est atteint en France d’une maladie atroce qui s’appelle le jeunisme. C’est triste parce que quand je vois ma « Tata Yoyo » sur scène, elle a 15 ans. Marcel (Amont) lui en a 14. Ce sont tous de grands enfants. Ils ont gardé toute leur jeunesse, toute leur force et ils font encore rêver des dizaines de milliers de gens, je trouve ça merveilleux. Cette tournée est pleine de tendresse, puis de beaucoup de talent. On est sur scène avec de vrais musiciens, ceux de Guy Matteoni, ça chante, ça joue.

Michel Algay a investi énormément d’argent, et il ne s’est pas contenté de garder l’argent. Il l’a dépensé pour faire en sorte que ce spectacle devienne de plus en plus beau. Il y a beaucoup de sincérité, beaucoup de force et puis du rêve. La chanson c’est que ça. Vous savez y’a pas de chanson branchée ou pas branchée. On est toujours, un jour, le ringard de quelqu’un. La chanson est intemporelle, elle existera toujours.

On est toujours heureux d’entendre « J’entends siffler le train », ou « Biche oh ma biche », « Les neiges du Kilimanjaro ». C’est apporter un peu de bonheur aux gens. Au fond, on n’a rien d’autre à donner que des émotions et c’est ce que tout le monde fait dans la tournée. On est tous logés à la même enseigne. On chante encore « Le temps des cerises » et on sait ce que c’est. Le film sur Piaf a fait un succès énorme et Piaf est encore et restera au goût du jour. La chanson n’a pas d’âge. .../...

NTDA : Elle faisait partie de vos idoles ?
Catherine Lara : Oui bien entendu. Mais j’écoutais aussi Ferré, Gainsbourg, Brassens, Brel, Les Beatles, ou Elvis Presley.

J’ai toujours été éclectique. J’écoutais Pascal Danel aussi, car vous savez la chanson fait partie de notre vie. C’est pour cette raison que cette tournée a tant de succès.

C’est « rewind » (ndlr : rembobiner la cassette, revenir en arrière) : je l’ai connu sur cette chanson, on a flirté ensemble sur « Nuit magique », on a fait des gosses…

Ce sont des souvenirs précis associés souvent à l’affectif et à l’émotion, donc c’est merveilleux, la chanson.

C’est aussi extrêmement convivial. Dans les coulisses on ne fait que rire. On est une colonie de vacances en train de chanter et d’apporter du bonheur et on y arrive. Et le public nous donne beaucoup.

NTDA : On vous voit rarement à la télévision. Que pensez-vous des émissions ?
Catherine Lara : Y’en a plus ! On est loin des Carpentier et de tout ça. Je ne veux pas faire le vieux con mais je trouve qu’il n’y a plus d’émissions de variétés. C’est devenu un service après vente. Des Carpentier de 2008, ce serait sympa. Il y aurait des émissions où l’on se marre, où on ne vient pas faire du SAV et où les artistes auraient quelque chose à dire. Moi je trouve qu’il n’y a plus grand-chose à se mettre sous la dent. Pourtant il y a des artistes intéressants comme Zazie, Raphaël, Obispo. Il y a plein de gens qui ont du talent, mais je trouve que le métier (soupirs)… n’est plus un métier mais une vocation.

NTDA : Justement quel regard portez-vous sur ce métier ?
Catherine Lara : J’ai hâte que ça change parce qu’on vend de moins en moins, mais peut-être que le support… Peut-être que les gens veulent autre chose. J’ai fait un DVD, un film d’une heure sur mon prochain album qui est un album de violon que j’ai fait avec Frano Dragone (qui a créé le Cirque du Soleil et le spectacle de Céline Dion). Avec de la danse et du violon, on s’est éclatés comme des fous. Ça sort ce mois-ci chez Universal et ça s’appelle « Au delà des murs ». C’est un très beau film.

NTDA : Pour conclure ?
Catherine Lara : Je suis très heureuse sur scène d’autant plus que ce n’est pas toujours mon public. Il me découvre et moi aussi. Et la sauce prend. Quel artiste peut rêver mieux que de communiquer avec les gens ? C’est la fête tous les jours, ils tapent dans leurs mains, ils sont heureux et moi je suis heureuse de les voir comme ça.

Publié le 12/12/2008 à 09:30 | Lu 5431 fois