Bienvenue au Berlin Kabarett : champagne !

A la différence d’autres spectacles, le billet que l’on a en main porte une lettre et non un numéro. C’est que ce soir nous allons au cabaret. Une fois l’escalier descendu on est installé face à la scène à des petites tables éclairées de quelques bougies. Un grand jeune homme blond, à l’accent prononcé, juste vêtu d’un short tenu par des bretelles et chaussé de brodequins noirs, nous propose à boire, champagne ou autre chose.





Un orchestre est déjà en place, jouant des airs de jazz. Les trois musiciens, qui ont les yeux noircis de khôl, laissent découvrir des jambes gainées d’affriolants bas résille. Puis, tout s’éteint et la grande Marisa Berenson entre en scène. Le spectacle va commencer.
 
Nous sommes à Berlin, au début des années 1930. Les nazis SA prennent peu à peu le pouvoir de façon sauvage, avant de l’obtenir légalement.
 
Kirsten -c’est Marisa Berenson-, ancienne prostituée, tient un cabaret au cœur de la ville, entourée d’un pianiste, d’un trompettiste et d’un percussionniste. S’y rajoutent son fils Viktor, enfant non désiré, travesti qu’elle méprise comme étant une mauvaise image d’elle-même et un écrivain-poète juif, qui a élu domicile en ces lieux.
 
L’auteur Stephan Druet, croisé à la sortie du théâtre, nous a confié avoir voulu reconstituer ses souvenirs d’enfance -le film Cabaret est de 1972- et retrouver Marisa Berenson dans le rôle, cette fois, de la propriétaire du lieu, un rêve fou qui est devenu réalité.
 
Le spectacle est rondement mené. Pendant près d’une heure et demie, se succèdent chansons et chorégraphies dans le rythme endiablé de la comédie musicale, nous racontant l’histoire de cette tribu singulière entraînée dans un destin bientôt tragique.
 
La musique originale est de Stéphane Corbin, avec des reprises d’airs de cette époque comme  le fameux « Lola Lola » de Friedrich Hollaender, extrait du film L’Ange Bleu et un morceau bien connu du célèbre « Opera de Quat’sous », de Kurt Weill. 
 
La troupe est excellente. Marisa Berenson bien sûr, qu’on retrouve avec plaisir sur scène et qui confirme ici ses grands talents de comédienne.
 
Les trois musiciens, dont Stéphane Corbin, ne se contentent pas de donner aux voix l’indispensable support instrumental qui leur convient et d’assurer des transitions pour les nombreux changements de costume. Le moment venu, ils savent aussi quitter leurs pupitres pour entrer au cœur de l’action.
 
Quant à Sebastian Galeota, le fils maudit, il a toute l’excentricité  du désormais traditionnel travesti berlinois.

Alex Kiev

Théâtre de Poche Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse
75006 Paris

du jeudi au samedi 21h15 dimanche 17h30 jusqu’au 6 janvier 2019

Reprise prévue en mars 2019



Article publié le 05/12/2018 à 09:11 | Lu 1550 fois