Aromathérapie : une pratique à faire valoir pour les seniors

Médecin généraliste à Paris, Dr Charlotte Gaspard est également diplômée en aromathérapie. Nouvelle experte de l’Agence des médecines complémentaires adaptées (AMCA), elle partage désormais son expertise afin d’enrichir le positionnement de l’agence dans ce domaine et questionner les usages en ville.



Qu’est-ce que l’aromathérapie et dans quel contexte peut-elle être utile aux seniors ?

L’aromathérapie repose sur l’utilisation des huiles essentielles et des essences issues des plantes aromatiques et des agrumes à des fins thérapeutiques.
 
Elles sont obtenues par distillation en sachant que l’huile essentielle va surnager sur l’hydrolat ou l’eau florale. Cette dernière est une eau stérile détenant des qualités de phytothérapie et d’aromathérapie.
 
Chez la personne âgée, l’utilisation de l’aromathérapie s’inscrit dans plusieurs axes. Tout d’abord, elle peut être utile pour la prise en charge de la douleur.
 
Certaines huiles essentielles (eucalyptus citronné, gaulthérie, katrafay) « réchauffent » le corps et permettent de réduire les douleurs réveillées par le froid comme l’arthrose.
 
A l’inverse, d’autres huiles essentielles (menthe poivrée, genévrier) apportent de la fraicheur en cas d’inflammation, par exemple pour des douleurs d’arthrite ou de sciatique.
 
Elles peuvent également être utilisées en cas de trouble du sommeil ou de l’humeur (camomille romaine, lavande fine, ylang ylang, petit grain de bigaradier). 
 
Autre exemple : dans la prise en charge en soins palliatifs, certaines huiles essentielles sont réputées pour un bon accompagnement de passage. C’est le cas de la rose de Damas, du nard de l’Himalaya, de la pruche ou encore de l’encens.
 
Les huiles essentielles font partie de « ma zone tampon » pour mes patients. Elles me permettent de différer la prescription de médicaments plus délétères (benzodiazépines, somnifères) voire de m’en affranchir, surtout pour ceux en recherche de naturalité et de thérapie plus douces. 
 

Pourquoi les médecins sont-ils contraints de ne pas communiquer sur leur expertise en pratique complémentaire et quels seraient selon vous les enjeux en la matière ? 

Aujourd’hui, l’Ordre des médecins refuse de reconnaître la valeur de nos diplômes universitaires (DU) obtenus pour l’exercice de pratiques complémentaires.
 
Nous ne pouvons donc pas les enregistrer, ni les faire valoir sur notre plaque ou nos ordonnanciers. Mes formations en phytothérapie, en aromathérapie, en acupuncture et en hypnose n’ont donc aucune existence officielle.
 
Pour autant, paradoxalement, en tant que médecins, nous sommes autorisés à les pratiquer si nous sommes formés. Il faudrait, a minima, que nous puissions les revendiquer.
 
L’enjeu serait aussi de proposer aux médecins qui les pratiquent d’en être les garants. Et quitte à voir plus loin, pourquoi ne pas envisager une prise en charge par la sécurité sociale, car le recours aux pratiques complémentaires coûte moins cher que les médicaments, pour une efficacité démontrée par des études scientifiques.
 
Une initiation à ces pratiques devrait aussi être intégrée dans la formation initiale universitaire des médecins. 

 
Vous avez récemment intégré l’A-MCA en qualité d’expert. Quel est votre regard sur l’association et le rôle que vous pourriez y tenir ?

Il est essentiel d’agir pour faire reconnaître l’intérêt des pratiques complémentaires dans la prise en charge de la population et leur bonne santé. Plus nous serons nombreux à le démontrer, plus leur intégration dans le système de santé sera acceptée.
 
En tant que médecin généraliste, je détiens un regard sur les usages et mésusages en ville, qui complète les visions des autres experts de l’A-MCA - médecins, psychologues, soignants - exerçant dans les établissements sanitaires et médico-sociaux.
 
Etant donné que j’exerce plusieurs pratiques complémentaires (aromathérapie, acupuncture, hypnose), je vais pouvoir mettre mon expertise au bénéfice de l’A-MCA dans le cadre de ses différents travaux. D’ailleurs, nos échanges entre experts constituent une réelle richesse pour l’appréhension de cette thématique aussi vaste et complexe que représentent les pratiques complémentaires.
 
En groupe, nous sommes plus forts pour promouvoir la médecine intégrative et c’est notre rôle via l’A-MCA.
Publié le 20/05/2024 à 01:00 | Lu 4992 fois




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