Allier : un octogénaire et son fils handicapé de 48 ans retrouvés pendus

Un octogénaire et son fils handicapé âgé de 48 ans ont été retrouvés pendus lundi soir à Bellenaves (Allier). Selon les premiers éléments de l’enquête, le papa aurait mis fin à ses jours après avoir tué son fils. Un fait divers qui illustre le désarroi de centaines de familles confrontées au vieillissement de leur enfant handicapé mental.


Un père de 85 ans (ancien agriculteur) vivait seul depuis deux ans avec son fils handicapé mental de 48 ans. Face à l’isolement, il aurait pendu son fils avant de se donner la mort.

« Se voyant diminué, il a pu penser se trouver en difficulté pour s'occuper de son fils, qu'il ne voulait absolument pas placer en structure » a déclaré à l'AFP le maire de Bellenaves, Dominique Bidet, qui connaissait bien cette famille comprenant deux autres enfants. « Les parents s'étaient chargés toute leur vie du fils, qui ne pouvait rien faire seul. Le lien père-fils était très important », a ajouté M. Bidet.

Dans un communiqué, Roselyne Bachelet-Narquin, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale « s’associe à l’émotion collective suscitée par un tel drame. Pour autant, elle se refuse à porter un quelconque jugement sur cet acte dont tout laisse à supposer qu’il résulterait d’une profonde détresse ».

En tant que ministre chargée des personnes handicapées, Mme Bachelot-Narquin rappelle l’engagement des pouvoirs publics à proposer des solutions concrètes à des situations difficiles. Et le communiqué de préciser : « sur la période 2007-2012, le président de la République s’est engagé à créer plus de 50.000 places dans des structures pour accueillir des personnes handicapées et soulager aussi leurs parents. Par ailleurs, la prise en charge des personnes handicapées vieillissantes fait partie intégrante du grand débat national sur la dépendance que le président de la République m’a chargée de conduire ».

De son côté, l’Unapei* dénonce l’immobilisme des pouvoirs publics face aux situations dramatiques de plus de 30.000 familles confrontées au vieillissement de leur enfant handicapé mental. « Combien de drames devrons-nous compter avant que la problématique du vieillissement des personnes handicapées mentales soit prise en compte ? » s’interroge cet organisme qui ajoute que ce « geste du désespoir met en cause la responsabilité des pouvoirs publics, qui ne peuvent pas dire qu’ils ignoraient la situation ! »

Depuis plus de trois ans, l’Unapei met en garde le gouvernement sur l’impasse dans laquelle se trouvaient ces familles. Les parents s’inquiètent du devenir de leurs « enfants » lorsqu’ils ne seront plus là ou en mesure de les aider. Les frères, les sœurs s’interrogent sur leurs responsabilités lorsque leurs parents disparaîtront. Les personnes elles-mêmes craignent pour leur avenir : « Après mes parents, qui s’occupera de moi et qui prendra soin de moi ? »

En 2009, l’Unapei recensait dans son réseau 15.000 personnes handicapées mentales de plus de 45 ans dans l’impasse, sans solution d’accueil ni d’accompagnement. En 2014, elles seront 30 000 ! Cet organisme demande donc un programme pluriannuel de création de 300500 places dédiées à l’accueil et l’accompagnement des personnes handicapées mentales vieillissantes.

Une enquête est en cours pour déterminer comment le père a pu parvenir à hisser son fils ou le convaincre de monter sur l'échelle à laquelle il a été retrouvé pendu.

*Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis

Publié le 28/04/2011 à 10:31 | Lu 2336 fois





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