Alcool, cirrhose et cancer du foie... 8.000 morts par an

Rassemblés à Toulouse, lors du 77ème congrès annuel de la Société Française d'Hépatologie (qui se tient actuellement), les hépatologues lancent une alerte : les cirrhoses liées à une consommation excessive d’alcool sont encore responsables de 8 000 décès par an en France. Alcool oui, mais avec modération.





Une étude franco-belge présentée dans le cadre de ce congrès montre que même chez des patients ayant une cirrhose d'origine alcoolique, abstinents depuis l'annonce du diagnostic, le risque de développer un cancer du foie reste élevé...
 
Rappelons que les cirrhoses dues à l'alcool sont associées à presque trois-quarts des cas de cancers du foie ! Un chiffre qui fait froid dans le dos… La cirrhose est une pathologie qui entraine la formation de nodules pouvant causer un état pré cancéreux. Elle correspond, malheureusement, à l'ultime évolution de la plupart des maladies chroniques du foie.
 
En France, la consommation excessive d'alcool, cause la plus fréquente de cirrhose, est responsable de 93% des cas de cirrhose avec complication (hors cancer), 73% des cas de cirrhoses avec cancer (carcinome hépatocellulaire) et 88% des cas de cirrhose nécessitant une hospitalisation.
 
Malgré une diminution régulière de la consommation d'alcool, le recours aux soins hospitaliers pour cirrhose alcoolique, reste considérable. Cette dernière représente une des indications les plus fréquentes de transplantation hépatique. La décompensation, c'est-à-dire le passage à une cirrhose symptomatique, se traduit par ailleurs par une lourde mortalité, et ce même si le patient s'arrête de boire.
 
L'étude présentée concernait un groupe de patients présentant une cirrhose asymptomatique liée uniquement à une consommation excessive d'alcool pendant une durée totale de plus de dix ans. Chez ces individus totalement sevrés ou déclarant une consommation extrêmement modérée d'alcool, l'incidence du carcinome hépatocellulaire se situait en moyenne à 3% par an et la mortalité à deux ans atteignait 7,7%.
 
Alors que l'alcool est en cause chaque année dans plus de 49.000 décès par an en France, la cirrhose alcoolique est à elle seule, responsable de plus de 8.000 décès par an. Cela représente  deux fois le nombre de décès imputables aux hépatites chroniques virales.
 
Comme le déplore le Pr. Victor de Lédinghen, secrétaire général de la Société Française d'Hépatologie : « malgré la diminution constante de la consommation moyenne d'alcool observée au cours des dernières décennies, l'alcool en France reste un réel enjeu pour notre société. Pour les professionnels de santé comme pour les pouvoirs publics, la prévention de la cirrhose alcoolique reste une priorité ».
 
Selon le Baromètre Santé de 2014, avancée en âge rime souvent avec hausse de la consommation quotidienne d’alcool, notamment chez les messieurs : cela concerne 31% des 55-64 ans, 43% des 65-74 ans et jusqu’à 53,5% des 75-85 ans ! Dans des proportions moindres, les femmes sont 11% entre 55 et 64 ans, 16% entre 65 et 74 ans et 22% après 75 ans. Toutefois, cette tendance est à la baisse de génération en génération. Elle concernait en effet 43% des 55-75 ans en 2000, 32% en 2005 et 24% en 2010 (soit presque deux fois moins en dix ans).
 
Rappelons que la prévention d'une consommation excessive d'alcool reste la seule arme pour prévenir ces cancers. Alcool et cancer du foie : mieux vaut donc prévenir tôt que guérir ! Dans tous les cas, à  consommer avec modération…

Article publié le 01/10/2015 à 02:51 | Lu 5288 fois