2 CV Expo Show : les 60 ans d’une voiture essentielle à la Cité des Sciences et de l’Industrie

A l’occasion de son soixantième anniversaire, la Cité des sciences et de l’industrie et Citroën offrent à la « deuche » une rétrospective spectaculaire à partir du 15 avril et ce, jusqu’au 30 novembre 2008. Une exposition à la scénographie très contemporaine : voitures suspendues dans le ciel du musée, défilé mécanique des modèles les plus emblématiques, podium à la gloire des modèles historiques, collection de modèles miniatures, films d’archives, documentaires, spots publicitaires d’époque et témoignages d’ingénieurs et de designers... Avec, en invitée spéciale, le C-Cactus de Citroën, un concept-car tout à fait étonnant.





En 2007, 67 % des Français ont élu la 2 CV Citroën « voiture du siècle ». Transmise de génération en génération, elle est indissociable de l’histoire sociale. Aperçue partout, de la campagne française à Katmandou, passée du statut d’objet à celui de symbole, elle attire toujours autant de convoitise.

Un peu d’histoire…Au milieu des années trente, Front populaire oblige, la voiture populaire est dans l’air du temps. Dans le secret des bureaux d’études, on travaille à l’idée d’un véhicule léger et économique, une voiture de conception et de réalisation différentes qui soit moins chère que les voitures de l’époque. Chez Citroën, c’est Pierre Boulanger qui réfléchit au projet de TPV (« toute petite voiture »).

La marque rêve d’un véhicule aussi économique que possible à fabriquer, à utiliser et à entretenir, qui puisse être vendu à un prix défiant toute concurrence. Le minimum automobile en somme : quatre places, 50 km à l’heure, cinq litres au 100, fabrication et entretien peu coûteux.

Fiat vient de lancer sa 500 Topolino. Il faut se dépêcher. L’homologation au très officiel service des Mines a lieu le 23 août 1939 sous le nom de 2 CV A. Mais quelques jours plus tard, la déclaration de guerre du 3 septembre 1939 met un terme brutal au programme. La 2 CV A est dérobée à tous les regards et notamment ceux de l’occupant allemand qui peaufinait sa propre voiture populaire (la Coccinelle). Tellement bien cachée qu’on la redécouvrit par hasard, en 1968, à la faveur de travaux dans le centre d’essais de Citroën à la Ferté Vidame.

Pourtant, cette 2 CV A n’était pas un prototype mais bien un modèle de série. Sur les cent exemplaires entrés en circulation, quatre sont parvenus jusqu’à nous. Ils sont conservés dans le cadre de la collection Citroën, l’un d’entre eux est présenté dans l’exposition.

Plus qu’une voiture, un mythe ...

La route est mauvaise ? Qu’importe ! La 2 CV n’a pas besoin de route, elle peut circuler sur des chemins creux, avec elle on peut aller là où personne d’autre ne peut aller. Quatre vraies places, avec, pour chacune, une porte : en 2 CV on a le droit d’être grand ou d’être gros. Tous les bagages tiennent dans la malle arrière et à défaut, sous les sièges, prévus pour cela. En trois secondes, on peut démonter le couvercle de malle et en six secondes enlever le siège arrière et disposer ainsi d’un espace considérable.

Les sièges amovibles à l’avant et à l’arrière sont précieux pour ceux qui font du camping : où que l’on aille, on dispose de confortables canapés portatifs… Environ 5 litres au 100 km : c’est le km le moins cher du monde. En échange elle ne réclame rien, elle peut coucher dehors toute l’année. Enfin, et ce n’est pas négligeable, cette toute petite voiture ne se déprécie pas sur le marché de l’occasion. (D’après la brochure publicitaire de Citroën «La liberté en 2 CV»)

Il faut attendre dix ans et le Salon de l’auto de Paris de 1948 pour que Citroën dévoile officiellement sa 2 CV au public. Plusieurs raisons à cela : la guerre et la pénurie de matière première, mais aussi la vétusté des machines et la planification gouvernementale qui attribue à chaque constructeur une catégorie spécifique de véhicules à fabriquer. 1948 correspond donc au véritable coup d’envoi de la 2 CV : malgré les moqueries des journalistes qui doutent de ses performances et se rient de sa finition spartiate, de sa couleur uniformément grise, le grand public d’après guerre s’enthousiasme tellement pour cette petite voiture que les délais de livraison atteignent parfois cinq ans.

En 1951 sort la 2 CV fourgonnette (type AU) tandis qu’en 1956 apparaît la 2 CV AZL, version luxe de la 2 CV, du fait de sa large lunette arrière rectangulaire et de sa capote en tissu. En 1966 sort la 2 CV AZAM, une version encore améliorée de la déjà luxueuse AZL. On est au top de la gamme. En 1970, celle-ci s’étend encore avec la 2 CV4 et la 2 CV6, des modèles qui dépassent les 100 km/h. Dans la foulée, des rallyes raids, comme le fameux Paris/Kaboul, sont organisés. En 1981, c’est la création de la Charleston, la plus connue des « starlettes », celle que chacun conserve en mémoire. Mais les contraintes réglementaires, les normes anti-pollution, les crashs tests et autres normes de sécurité ont sonné le glas de la 2 CV. En février 1989 la chaîne de production française de la 2 CV s’arrête et, le 27 juillet 1990, à 16 heures, la dernière 2 CV neuve de l’histoire sort de l’usine de Mangualde, au Portugal.

Au total, ce sont 5 114 959 2 CV qui ont été fabriquées dans le monde.

2 CV Expo Show : les 60 ans d’une voiture essentielle à la Cité des Sciences et de l’Industrie

Aujourd’hui, la 2 CV a soixante ans

Celle qui a traversé les décennies et les générations traverse aujourd’hui le ciel de la Cité des sciences, suspendue à une dizaine de mètres du sol, avant de se poser en douceur dans l’exposition qui lui est dédiée.

Mirage ou clin d’oeil ? Car la 2 CV pouvait tout faire -traverser des champs de pleine terre sans bousculer un panier d’œufs disposé sur son siège arrière, dormir dehors en plein hiver, traverser un ruisseau à gué- tout, donc, sauf précisément voler. Le ton est donné : la 2 CV a vécu, depuis 1990 elle n’est plus fabriquée, mais elle reste d’une surprenante actualité, gravée dans les mémoires de chacun comme l’emblème de la voiture « essentielle ».

A l’entrée de l’exposition, un panneau composé de centaines de photos d’archives ou de films illustre la carrière de cette voiture à la fois mythique et sympathique, figurant dans le club très fermé des légendes automobiles. Au premier plan de l’exposition, trois 2 CV trônent sur des podiums : 2 CV A de 1939, le modèle de 1950 et la 2 CV AZAM modèle 1966. Sur leur pare-brise défilent, comme sur un écran, la fiche technique et les particularités du modèle. Des banquettes entourent deux de ces podiums, permettant au visiteur d’apprécier l’étonnant spectacle de l’exposition. Elles sont sonores : on peut y écouter ce que la voiture a à raconter.

2 CV A, modèle 1939
Homologuée en 1939, elle est le tout premier modèle de 2 CV construit par Citroën. Originale par sa forme, cette 2 CV l’est aussi par les matériaux employés pour sa construction. Ses caractéristiques ? Un phare unique, placé à gauche, une carrosserie légère en tôle d’aluminium ; les quatre ailes en tôle d’acier ; du rhodoïd à la place du verre pour les glaces ; pas de clef de contact mais un démarrage à la manivelle ; un essuie-glace unique central à course elliptique ; pas de jauge électrique. La véritable innovation, c’est sa suspension, très sophistiquée, comportant 8 barres de torsion dont 2 n’entrent en action qu’en cas de surcharge. Vu la légèreté de l’ensemble, un petit moteur 2 cylindres à refroidissement par eau suffit à propulser la masse du véhicule.

2 CV A, modèle 1950
C’est une voiture polyvalente, à vocation rurale et à maintenance minimale. Produite jusqu’en 1962, elle est quasiment identique à celle présentée au salon de Paris en 1948. Mais elle offre des « plus » par rapport au modèle d’avant-guerre : un deuxième phare à l’avant, un démarreur électrique actionné par une tirette à câble. Le refroidissement du moteur par air permet de supprimer un certain nombre de pièces et simplifie l’entretien. En revanche, la carrosserie en aluminium, légère mais coûteuse, est abandonnée au profit de l’acier embouti.
Ce modèle possède encore une fois des suspensions étonnantes. L’amortissement est confié à de simples frotteurs mécaniques et à des masses mobiles, placées à l’intérieur des roues avant, qui les plaquent au sol et assurent la fameuse « tenue de route ».

2 CV AZAM, modèle 1966
« AZAM » (prononcer (azèdahème)) comme AZ améliorée : c’est la 2 CV de luxe. Sa physionomie, son confort et sa tenue de route sont transformés. Sa finition supérieure est inspirée de l’Ami 6. La face avant est mise au goût du jour. La calandre est retravaillée, elle possède trois barres horizontales en aluminium. Le jonc des pare-chocs, traditionnellement métallique, est maintenant surplombé d’une couche de plastique noir. L’intérieur aussi est relooké : banquettes moelleuses en tissu dit « diamanté », banquette avant coulissante, grand volant en bakélite gris clair très chic, commande de clignotants sur la colonne de direction, miroir de courtoisie dans le pare-soleil côté passager... Mais la vraie révolution est encore ailleurs : les portes avant ne s’ouvrent plus de l’avant vers l’arrière mais de l’arrière vers l’avant, dans le « bon sens » en somme.

Le défilé
Le clou de l’exposition, c’est sans conteste ce défilé de 2 CV, un spectacle d’une quinzaine de minutes, malicieux et décoiffant. Trois par trois, des voitures entrent en scène, s’arrêtent quelques instants, s’offrent aux regards, puis repartent nonchalamment tandis que se déploie à l’arrière plan un spectacle audiovisuel de 16 mètres d’amplitude, mêlant films d’archives et création numérique, rythmes techno et musiques pop. Un reflet de la diversité de la gamme 2 CV et une preuve de sa propension sidérante à capter l‘humeur de l’époque.

Les classiques d’abord, produites dans les années 40 et 50 elles représentent l’apogée de la production : les fans reconnaîtront la 2 CV 1953, conduite à droite (car c’est un modèle anglais, reconnaissable à son petit emblème sur le capot), puis la 2 CV camionnette de 1955 et enfin, la 2 CV 1958 collector. A l’arrière, des images du Salon de l’auto de 1948 mais aussi des archives personnelles de Jean Malard, un monsieur qui restera dans la légende pour avoir fondé le premier 2 CV Club de l’histoire, celui de l’Orléanais. Ce qu’on y voit ? Des baignades et des pique-niques à l’ombre de la 2 CV, une voiture qui manifestement transporte gaité, insouciance et liberté. Ensuite arrivent les championnes des années 60 et 70, du sport à l’aventure, de l’exploit individuel au raid collectif. La 2 CV 4x4 Sahara 1961, la 2 CV Raid Afrique de 1973 et enfin la 2 CV Cross de 1976 défilent devant des images de rallyes dans les dunes. Celles-ci glissent progressivement du noir et blanc à la couleur, le rythme s’accélère, la musique est rock’n roll.

Enfin apparaissent les starlettes des années 70 et 80 et, pour ces séries spéciales ou limitées, l’ambiance est nettement plus romantique, voire légèrement « soap ». La 2 CV Spot 1976, la 2 CV Charleston rouge de 1988 et enfin, la 2 CV Dolly rouge et blanche, de 1988 également, défilent au clair de lune ou devant des couchers de soleil. Certains se souviendront des images qui les accompagnent, tout droit sorties des spots publicitaires de l’époque.

Démonstration d’ingéniosité
L’exposition propose aux visiteurs d’essayer par eux-mêmes la 2 CV. Non pas de partir faire un tour mais de s’installer dans le véhicule, de toucher, de regarder et d’écouter. Une voix off décrit l’habitacle et livre différentes anecdotes. Saviez-vous que si la pédale d’accélérateur est constituée d’une large palette en tôle, c’est pour qu’un paysan en sabot puisse la conduire ?

Dans cet îlot technique consacré à la 2 CV on comprend enfin le secret de son confort et sa tenue de route exceptionnels. Ils sont obtenus grâce à une suspension totalement inédite. Non seulement celle-ci permet aux roues un grand débattement nécessaire pour les mauvais chemins, mais, en plus, les roues avant et arrière d’un même côté sont reliées entre elles afin d’obtenir un effet d’interaction. Enfin, chaque bras de suspension possède un étonnant batteur. Ce dispositif très ingénieux est constitué d’un tube vertical fermé contenant une masse libre, posée sur un ressort, et qui se soulève chaque fois que la roue rencontre un obstacle, si petit soit-il. Le batteur permet ainsi à la roue de la 2 CV de rester en permanence en contact avec la chaussée. De même, bien que sa cylindrée et sa puissance soient particulièrement faibles, le moteur de la 2 CV rassemble une technologie moderne pour l’époque avec son carter en fonte d’aluminium, ses soupapes en tête, ses culasses refroidies par air et par huile, son embiellage emmanché à très basse température dans de l’azote liquide ou encore son absence totale de joint de culasse.

Dans des vitrines sont présentées quelques pièces détachées : un volant; un levier de vitesse, un rétroviseur, un compteur, deux types de feu arrière, ainsi qu’un moteur de 2 CV.

De la 2 CV à la C-Cactus

2 CV Expo Show : les 60 ans d’une voiture essentielle à la Cité des Sciences et de l’Industrie
Attention invitée surprise : la C-Cactus ! Elle est inconnue du grand public, et pour cause, c’est un concept-car, destiné à présenter au public le savoir-faire novateur de Citroën en vue d’applications futures sur des véhicules de série.

Du concept-car au prototype, puis au véhicule définitif, les modifications, réajustements et réglages peuvent prendre jusqu’à trois ans. Quand elle ne parade pas sur les salons internationaux, la C-Cactus est présente à la Cité des sciences. Le reste du temps, c’est un modèle à 1/5e que découvrent les visiteurs.

Différents éléments de texture, de matière et différents objets ayant inspiré les designers du bureau de style de Citroën sont présentés dans cette dernière partie. Le responsable, Gilles Vidal, explique dans le film « Naissance d’un concept-car » (décrit page précédente) que le concept-car se situe à la frontière subtile entre artisanat et expertise industrielle, convoquant la créativité la plus folle, les savoir-faire les plus pointus et les applications industrielles les plus innovantes. Un film en images de synthèse plonge le visiteur au cœur de son habitacle.

La même culture de l’essentiel
Sous des dehors très différents (lignes design et très modernes de la C-Cactus, sommaires pour la 2 CV), ces deux véhicules ont de nombreux points communs. Ils jouent notamment du même « effet cascade » : moins de pièces, moins de poids, moins de consommation, et – préoccupation qui n’était pas si sensible lors de l’élaboration du cahier des charges de la 2 CV – moins de pollution. Pour autant, économie et écologie ne riment pas avec renoncement : la C-Cactus privilégie des équipements essentiels au confort des passagers.

Pour faire moins, les ingénieurs ont simplifié à l’extrême certains mécanismes ou certaines pièces, regroupé plusieurs fonctions au sein d’une seule et même pièce, supprimé toutes les pièces non essentielles au fonctionnement du véhicule ou au confort et à la sécurité des occupants. Ainsi, le tableau de bord disparaît et ses fonctions réparties sur la console centrale, le moyeu fixe du volant et deux écrans tactiles. Autre exemple : la même pièce est utilisée pour le pare-choc avant et le bas du hayon à l’arrière. Au total, la C-Cactus est composée de 200 pièces seulement, soit deux fois moins qu’une voiture traditionnelle de taille identique. Les coûts de fabrication en sont d’autant moins élevés ; son prix de vente s’en trouverait donc maîtrisé.

Le même caractère malin, astucieux, novateur
A l’intérieur, le minimalisme prime et les matériaux choisis sont économiques et écologiques (le cuir des fauteuils est issu de chutes, de nombreuses pièces sont en liège, en feutre, voire en laine). Pourtant, la CCactus est tout sauf austère : les équipements proposés sont de haut niveau technologique et très innovants. Ainsi la clef de contact de la C-cactus est un lecteur MP3 portable à écran tactile qui prend place sur le moyeu fixe du volant. Il est reconnu par le véhicule qui peut alors être démarré. La C-Cactus est dotée d’un toit vitré panoramique offrant une très forte luminosité à l’intérieur de l’habitacle et l’habitabilité est excellente, le coffre généreux et modulable. ça ne vous rappelle rien ?

Une nouvelle époque et ses nouveaux défis
Enfin, la C-Cactus relève le défi technologique actuel, le respect de l’environnement, en apportant des solutions nouvelles. Composée d’un nombre réduit de pièces, elle limite la quantité de matières premières consommées et présente un taux élevé de recyclabilité. De plus, elle associe un moteur thermique diesel HDI doté d’un filtre à particules à un moteur électrique, une hybridation qui permet un niveau de consommation et d’émissions de CO2 de 2,9 l/100 et 78 g/km en cycle mixte, et offre un mode tout électrique en usage urbain.

Informations pratiques

2 CV Expo Show : une exposition de la Cité des sciences et de l’industrie en partenariat avec la marque Citroën

Du 15 avril au 30 novembre 2008, tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h (19h le dimanche)

Cité des sciences et de l’industrie,
30 avenue Corentin Cariou,
75019 Paris, M. Porte de la Villette
Informations et réservations sur cite-sciences.fr

Tarifs : 8 Euros et 6 Euros (tarif réduit)

Une exposition accessible au public déficient visuel, au public présentant un handicap mental et au public sourd.

Article publié le 15/04/2008 à 15:12 | Lu 15024 fois