Pasteurdon 2019 : Paola Arimondo, pour une lecture différente de l'information génétique

Dans le cadre du Pasteudon 2019 et afin de mieux comprendre à quoi servent vos dons, nous vous proposons plusieurs portraits de chercheurs et les travaux sur lesquels ils planchent… Parmi eux, Paola B. Arimondo, qui propose une lecture différente de l’information génétique. Explications.





L’ADN contient toutes les informations nécessaires au développement d’un organisme, et il est retrouvé à l’identique dans toutes les cellules. Dans ce cas, pourquoi les cellules du foie sont-elles différentes de celles des muscles ?
 
C’est ce à quoi s’intéresse Paola Arimondo, et plus particulièrement les modifications chimiques qui modulent l’expression des gènes. Le but de ses recherches est de développer des outils chimiques pour moduler l’expression des gènes.
 
Depuis sa thèse elle développe des outils pour comprendre ces modifications, en travaillant sur des topoisomérases, véritables ciseaux moléculaires de l’ADN, puis sur des enzymes épigénétiques, qui agissent sur la méthylation des gènes, et donc leur activité.
 
Ces outils chimiques sont utilisés dans deux cas de figure : pour sonder les processus biologiques (éclaircir les mécanismes biologiques anormaux dans les pathologies) et pour moduler les processus biologiques (moduler artificiellement l’expression des gènes pour de nouvelles stratégies thérapeutiques).
 
Elle a cherché à développer des molécules capables de modifier la méthylation de l’ADN et changer l’expression des gènes, d’abord pour trouver de nouvelles voies thérapeutiques dans le cancer, puis depuis son arrivée à l’Institut Pasteur, dans les maladies infectieuses. L’avantage des modifications épigénétiques est qu’elles sont réversibles.
 
Cette reprogrammation réversible des cellules est un champ d’exploration en pleine expansion, et est en phase de test dans de nombreux essais cliniques.
 
Après des études à Pise, en Italie, et des années de recherche dans différents pays, Paola Arimondo décide de s’installer en France, attirée par le système de recherche qui permet de mener des recherches fondamentales sur le long terme. Son enthousiasme pour les projets ambitieux lui vaudra d’obtenir la médaille de bronze du CNRS en 2006 et le Marie Curie Excellence Award de la Commission européenne en 2003.
 
Grâce à sa double formation de chimiste et de biologiste du cancer, Paola Arimondo travaille aujourd’hui à l’interface de ces deux disciplines.
 
Au cours de sa carrière, elle a pu appréhender les différents points de vue, à la fois des industriels du médicament lorsqu’elle a dirigé une unité mixte entre le CNRS et un laboratoire privé (Laboratoires Pierre Fabre), mais aussi ceux des cliniciens, grâce à son année passée à Cambridge, en Angleterre où elle a rejoint une équipe d’hématologues pour comprendre leurs besoins.
 
Les interactions avec les autres acteurs de la santé lui apportent de la diversité et lui ouvrent de nouveaux chemins de pensée.
 
Depuis janvier 2018, Paola Arimondo est responsable de l’unité Chimie biologique épigénétique à l’Institut Pasteur, où elle apprécie les interactions multiples entre les équipes de recherche. Une curiosité insatiable qu’elle met à profit dans deux projets de recherche sur les résistances antimicrobiennes, l’un qui concerne le paludisme, l’autre les cancers gastriques liés à la bactérie Helicobacter pilori.
 
« Comprendre et déjouer la résistance aux anti-infectieux, à l’origine de près de 33.000 décès par an en Europe, devient une priorité dans nos recherches. Le Pasteurdon permet de rappeler le besoin de recherche fondamentale pour lutter contre ces résistances » précise la chercheuse.

Article publié le 15/10/2019 à 01:00 | Lu 986 fois