Passage à l'heure d'hiver : pas sans conséquences sur le corps humain

Le passage à l’heure d’hiver aura lieu dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 octobre 2021. Derrière ce changement d’apparence anodine, le corps passe aussi à l’heure d’hiver. Fatigue, manque de concentration, sensation de déprime : la baisse de luminosité et les changements d’heure ne sont pas sans conséquences sur le fonctionnement biologique de l’être humain.





Rappelons que le changement d'heure a été instauré en France à la suite du choc pétrolier de 1973-1974. Rappelons aussi que depuis 1998, les dates de changement d'heure ont été harmonisées au sein de l'Union européenne. Ainsi, dans tous les pays membres, le passage à l'heure d'hiver s'effectue le dernier dimanche d'octobre et le passage à l'heure d'été, le dernier dimanche de mars.

La chronobiologie recouvre l’étude des rythmes circadiens, rythmes naturels auxquels s’enchaînent des évènements biologiques quotidiens et réguliers générés non pas par les phénomènes extérieurs mais par une horloge biologique interne localisée dans l’hypothalamus : l’horloge circadienne.
 
En 24h environ, plusieurs rythmes circadiens se superposent, qu’il s’agisse du niveau d’éveil, des niveaux hormonaux, de la température du corps, du niveau de vigilance, etc. Si les phénomènes extérieurs (jour, nuit, température, …) ne sont pas à l’origine du déclenchement de ces rythmes circadiens, ils lui permettent cependant de se synchroniser, en particulier le niveau de lumière naturelle. Un dérèglement de ces rythmes est associé à un nombre conséquent de pathologies.
 
Jian-Sheng Lin et Claude Gronfier, chercheurs à l’Inserm, nous éclairent sur le sujet. M. Lin rappelle qu’en général le passage à l’heure d’hiver est moins compliqué que le passage à l’heure d’été où l’on “perd” une heure de sommeil. A noter d’ailleurs que les effets du passage à l’heure d’été seraient accentués par le manque général de sommeil de la population française, estimé entre 30 et 90 minutes par jour selon les études.
 
En ce qui concerne le temps de réadaptation du corps aux rythmes que nous nous imposons, M. Lin précise que celui-ci varie d’un individu à l’autre. Si, dans le cas des souris, la réadaptation de l’horloge biologique prend en moyenne trois semaines, celle des êtres humains peut aller de quelques jours, comme pour un décalage horaire lié aux voyages, à plusieurs semaines. Les plus jeunes ont d’ailleurs tendance à mieux se synchroniser que les personnes âgées.
 
Enfin, pour favoriser cette réadaptation des rythmes circadiens, M. Lin conseille de réorganiser nos journées en fonction des cycles jours-nuit, afin de bien exposer notre corps à la lumière et faciliter sa synchronisation. Par ailleurs, les repas sont un autre élément essentiel. Que la faim soit présente ou qu’elle nous manque, il faut à manger à heures fixes pour aider notre horloge interne à se rééquilibrer.
 
En mars 2019, le Parlement européen statuait en faveur d’un arrêt du changement d’heure saisonnier… Cette réforme devait prendre effet en 2021. Mais la fin du changement d'heure n’a pas encore sonné ! En effet, elle a été ajournée par la crise sanitaire du Covid-19 suite à un avis défavorable du Conseil européen. Et le texte n'a pas été réexaminé à ce jour…

Article publié le 29/10/2021 à 09:08 | Lu 4559 fois