Nagez forme santé : la natation pour prévenir des maladies chroniques (partie 2)

La natation est une activité physique régulièrement conseillée aux patients sédentaires atteints de maladies chroniques. L’effet bénéfique de la natation sur l’appareil cardiovasculaire est supposé, mais il faut avouer que peu d’études l’ont analysé de façon rigoureuse. Voilà pourquoi Nualnim a évalué l’impact de ce sport sur la pression artérielle (PA) et la fonction vasculaire.


La natation : une arme très efficace pour lutter contre l’hypertension artérielle

Des sujets de plus de 50 ans, pré-hypertendus (pression systolique (PAS), 120-140 mm Hg) ou ayant une hypertension artérielle (HTA) de grade 1 (PAS : 140 – 160 mm Hg) ont été randomisés en deux groupes : « natation » ou « relaxation ».

Ils devaient participer à douze séances supervisées par un éducateur. Le programme natatoire comportait trois à quatre séances/semaine d’exercice d’intensité faible (60% de la fréquence cardiaque maximale atteinte (FMA) lors d’un test d’effort préliminaire, avec une correction de la FMA pour l’activité aquatique) puis d’intensité modérée (70-75% de cette fréquence maximale) dès que les capacités physiques étaient jugées suffisantes. La durée des séances était de 15 à 20 minutes initialement, pour atteindre 40 à 45 minutes par la suite. Les habitudes de vie, notamment nutritionnelles, ne devaient pas être modifiées au cours de l’étude.

Parmi les évaluations cliniques et paracliniques effectuées, une mesure automatisée de la PA et de la vélocité d’onde de pouls étaient réalisées 24 à 48h après la dernière séance de natation pour analyser la fonction vasculaire. Une analyse ambulatoire de la PA par holter et de la PA centrale étaient également réalisées au début et à la fin de l’étude.

Le résultat le plus marquant est une réduction significative de la PAS dans le « groupe natation » de 131 +/- 33 mmHg à 122 +/- 4 mmHg pour la valeur mesurée 24 à 48h après la dernière séance de natation. De même la PAS ambulatoire diurne (mais pas nocturne) et la PA centrale ont significativement diminué chez les nageurs, mais pas dans le « groupe relaxation ». En outre, les paramètres évaluant la fonction vasculaire ont évolué favorablement avec la natation mais pas avec la relaxation.

Cette étude montre l’impact positif sur la PA et la fonction vasculaire de la natation pratiquée à un rythme et à une intensité raisonnables chez des sujets pré- ou modérément hypertendus de plus de 50 ans. On notera que la baisse tensionnelle est de même ordre que celle obtenue avec un médicament antihypertenseur

La principale limite de ce travail est qu’il n’est pas effectué en aveugle (les sujets et les investigateurs connaissent le groupe auquel appartiennent les sujets). Il convient désormais de comparer l’impact de la natation à d’autres activités physiques d’endurance.

Reproduit avec l’aimable autorisation du site JIM.fr

Lien vers la partie 1

La natation, plus efficace que la marche pour améliorer le métabolisme ?*

Pratiquement tous les types d’exercices d’endurance sont recommandés aux personnes sédentaires et l’on considère généralement qu’ils ont tous des effets bénéfiques voisins sur la santé cardiovasculaire. Peu d’études ont étudié spécifiquement l’intérêt métabolique de la natation mais certains travaux ont suggéré que l’impact positif de ce sport pourrait être particulièrement marqué.

Une nouvelle étude va dans ce sens en comparant l’effet de la natation et de la marche sur le poids corporel, les taux plasmatiques de mauvais (LDL) et bon (HDL) cholestérol et la sécrétion d’insuline lors d’un test de charge orale en sucre (glucose).

Dans cette étude, des femmes sédentaires âgées de 50 à 70 ans (116 volontaires au total) ont été réparties par tirage au sort en deux groupes : programme de natation ou programme de marche. Pendant les six premiers mois, elles devaient participer à trois sessions hebdomadaires d’activité physique d’intensité modérée (la fréquence cardiaque cible était déterminée, pour chaque volontaire, grâce à un test d’effort initial).

A la fin de la période de six mois supervisée, le poids, les tours de taille et de hanches, les taux d’insuline lors du test de charge en sucre ont davantage baissé chez les nageuses que chez les marcheuses par rapport au début de l’étude. Après six mois de suivi supplémentaire (période d’activité physique non supervisée), les capacités physiques du « groupe natation » étaient supérieures à celles du « groupe marche » et les nageuses avaient perdu 1,1 kg par rapport aux marcheuses. De même, douze mois après l’entrée dans l’étude, le taux de mauvais cholestérol était plus faible dans le groupe natation que dans le groupe marche et le métabolisme des sucres évalué par le test de charge en glucose paraissait supérieur.

Cette étude montre que tous les types d’exercices physiques d’endurance ne se valent pas forcément. Bien sur, la marche rapide reste une activité simple, donc à encourager. Mais idéalement, il est probablement souhaitable d’y associer de façon régulière d’autres activités physiques, et notamment la natation.

*Adaptation d’une présentation orale du Dr Boris Hansel

Interview d’Anne Gatecel*

Le fait de pratiquer une activité physique dans l’eau est-il réellement un avantage ? Est-ce meilleur pour la santé ?

Depuis longtemps, l’eau est utilisée à des fins thérapeutiques ou de détente. Le milieu aquatique, par lui-même, est un espace de stimulations et de découvertes sensorielles et motrices. De par ses caractéristiques, il nous fait découvrir de nouvelles sensations, nous permettant de ressentir notre corps d’une nouvelle manière.

Il remet en question notre verticalité, puisque les appuis plantaires ne sont plus utilisés de la même façon. Il nous fait découvrir de nouveaux modes de déplacements, changeant nos repères spatiaux-temporaux. De plus, l’eau est un milieu qui permet l’échange et la rencontre avec l’autre, notamment en psychomotricité puisque le corps du thérapeute et du patient sont clairement engagés dans la relation à l’autre.

Comment vous « servez-vous de l’eau » comme thérapie ?

Dans cette thérapie, lorsque nous utilisons l’eau comme médiation, nous laissons place à la créativité du patient pour qu’il puisse redécouvrir son corps dans un milieu différent.

De plus, nous lui permettons, avec l’apport des stimulations sensorielles et des changements de repères spatiaux-temporaux du corps dans l’eau, de développer des capacités de coordination des mouvements, des capacités d’attention, de permettre une amélioration de l’estime de soi par la maitrise du corps dans ce milieu, mais aussi parce qu’il est un espace d’échange avec l’autre, de socialisation au sein du groupe.

*Directrice Institut de formation en psychomotricité, Pitié-Salpêtrière-Paris, Université Pierre et Marie Curie.

Publié le 27/04/2012 à 13:55 | Lu 2354 fois