Les enjeux d’un salon, chronique par Serge Guérin

Les gisements d’emplois liés aux services à la personne âgée sont importants. De multiples rapports en ont fait leur miel et le ministre Jean-Louis Borloo est à l’origine d’un plan qui avait pour objectif de créer 500.000 emplois de service au particulier en trois ans. Une véritable dynamique s’est mise en œuvre.





Reste que les choses sont plus complexes qu’il n’y paraît. Les emplois au service des plus âgés concernent d’un côté les services à la personne, et de l’autre, le domaine des institutions.

Les deux approches pouvant être complémentaires. Dans les deux cas il s’agit d’emploi de proximité et d’emplois très diversifiés : les soins et le médico-social, mais aussi l’accompagnement, la coordination, la formation…

Sans que les emplois de proximité soient une panacée, l’enjeu est porteur d’une approche nouvelle qui peut interroger le rapport entre utilité sociale et rentabilité économique d’une activité. Mais au centre de cette problématique, c’est bien la question de la formation, de la valorisation et des perspectives de carrière dont il est question.

La nouvelle donne démographique est porteuse d’une dynamique économique fortement créatrice d’emploi. A la condition de prendre en compte les besoins des personnes et les conditions de travail et de valorisation des professionnels concernés. Il s’agit aussi d'associer tous les acteurs économiques et sociaux à l'élaboration des réponses. .../...
Les enjeux d’un salon, chronique par Serge Guérin

Alors que le chômage reste élevé en France, certains secteurs subissent un déficit de demande, un turn-over énorme et vont devoir faire face au passage à la retraite de très nombreux employés dans les dix ans qui viennent. C’est le cas de nombreux métiers dans le secteur du service aux personnes âgées. En outre, dans ce domaine la multiplication des nouveaux acteurs nuit pour l’instant à la visibilité et conduit à des surenchères inutiles.

C’est pourquoi, il est essentiel que les pouvoirs publics et les collectivités territoriales investissent le secteur tant sur le plan de la formation que sur celui de l’image et la construction de parcours professionnel. Toutes les campagnes de valorisation de ces métiers de proximité sont nécessaires mais non suffisantes pour changer les réalités. Mais elles doivent être menées en étant axées sur le sens de ces métiers : même s’ils sont difficiles et plus impliquants que tout autre, ils portent aussi une symbolique de distinction sans commune mesure avec la plupart des autres activités. J’entends souvent la formule « on peut entrer dans le secteur par hasard, mais on y reste toujours pour une raison précise ». Je n’entends pas le même discours chez le garagiste ou chez le vendeur de chaussures…

Mais l’emploi dans le monde des services à la personne, en particulier âgée, ne relève pas seulement de la communication, il faut du volontarisme. L’enjeu est central. Il importe par exemple de penser la formation des directeurs de maison de retraite dans un sens leur permettant de disposer de plus de connaissances et réflexions sur la gestion des ressources humaines. Il est essentiel de construire une pluralité plus forte des parcours professionnels, d’établir plus de passerelles entre les secteurs et les métiers, de favoriser la prise d’autonomie lorsque c’est possible… Bref, il importe de sortir d’un discours victimaire et « décliniste » pour rappeler que certes ces métiers sont encore trop souvent mal payés et peu progressifs, mais que pour autant ils sont essentiels au lien social.

Ils permettent aussi de contribuer à la dynamique générale et d’offrir des débouchés à des personnes en recherche d’emplois y compris lorsqu’elles sont peu qualifiées ou en rupture de scolarité. Mais cela demande du temps pour les former et les accompagner.

Toutes ces raisons ont motivé notre décision, à la suite du colloque « Maison de retraite et Ressources humaines » d’organiser avec Geroscopie Magazine le premier Salon des Métiers au service du grand âge. Il s’agit de mettre en avant les filières de formation, les parcours professionnels possibles et surtout de contribuer –modestement– à rapprocher l’offre d’emplois de la demande.

Les premiers pas sont toujours difficiles. Les acteurs ne sont pas toujours aussi réactifs et lucides qu’il le faudrait mais je crois que cette initiative va dans le bon sens et qu’elle sera utile tant à la profession qu’aux personnes âgées et à leur famille.

Serge Guérin
Professeur à l’ESG
Vient de publier Vive les vieux !, Editions Michalon

Pour aller plus loin, lire aussi :
Salon des Métiers du Grand Age les 10, 11 et 12 avril 2008 à Paris Porte de Versailles

Article publié le 25/03/2008 à 09:57 | Lu 5709 fois