Le vieillissement, une pathologie "comme les autres" ? Peut-être...

Un groupe d’experts en géroscience vient de dévoiler, dans la revue Nature Communications, ses recommandations qui invitent la communauté scientifique à repenser le vieillissement en tant que maladie et à le traiter comme tel. Dans la pratique, cette étude ouvre de nouvelles perspectives pour réduire les pathologies liées à l'âge et allonger l’espérance de vie en bonne santé.


Rappelons que la géroscience repose sur l'idée qu'en modulant les mécanismes biologiques du vieillissement, il doit être possible d'influencer la perte fonctionnelle de multiples organes, ce qui pourrait prévenir, sur le long terme, diverses pathologies liées à l’âge -maladies cardiovasculaires, diabète, démences ou encore cancers.
 
Plus concrètement, cette discipline émergente (depuis une quinzaine d’années environ) est en passe de révolutionner la compréhension du processus de vieillissement.
 
Cette étude « Challenges in Developing Geroscience Trials » dirigée par le Pr Rolland, plaide en faveur de la nécessité de considérer l’intérêt pour certains médicaments pouvant modifier les mécanismes fondamentaux du vieillissement et ainsi réduire l’incidence des pathologies.
 
Dans la pratique, cela ouvre des perspectives prometteuses pour le développement de traitements préventifs des pathologies associées au vieillissement et de leurs conséquences.
 
Il faut savoir que des essais cliniques internationaux explorent actuellement le bénéfice des molécules dites « géroprotectrices » telles que la metformine, les inhibiteurs de SGLT-2 et la rapamycine, qui agissent sur les mécanismes du vieillissement.
 
Contrairement à l'approche traditionnelle centrée sur une seule maladie lorsqu’elle survient, les experts considèrent une approche holistique qui cible en amont, les mécanismes du vieillissement. A titre d’exemple, la metformine, initialement utilisée pour traiter le diabète de type 2, est testée pour ses effets bénéfiques sur le vieillissement et la prévention des maladies liées à l'âge.
 
Cet essai clinique vise à démontrer que la metformine peut, chez des sujet non diabétiques, ralentir le processus de vieillissement et prévenir l’émergence des maladies liées à l'âge, telles que les maladies cardiaques, le cancer et la démence. Cette étude pionnière défie le paradigme traditionnel qui cible habituellement une seule maladie, en se concentrant plutôt sur les mécanismes sous-jacents du vieillissement.
 
De même, les inhibiteurs de SGLT-2, utilisés pour le diabète, montrent des résultats prometteurs dans les essais cliniques pour leurs effets bénéfiques sur le cœur et le cerveau.
 
Les essais cliniques en géroscience se concentrent sur l'évaluation des effets des molécules géroprotectrices sur différentes fonctions et maladies liées à l'âge. Les résultats de ces essais pourraient non seulement prévenir, mais aussi traiter des maladies liées à l'âge, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives.
 
Pour autant et on s’en doute, ces experts soulignent dans Nature Communications que des défis subsistent. Les critères diagnostiques des maladies évoluent avec le temps et les maladies liées au vieillissement ont souvent des origines complexes, impliquant divers facteurs.
 
Il est de fait nécessaire de développer la recherche de biomarqueurs de vieillissement pour pouvoir identifier les personnes qui pourraient bénéficier de ces approches préventives et à quel moment.
D’autre part, les effets à long terme des molécules géroprotectrices restent à étudier. En utilisant des biomarqueurs, les chercheurs espèrent évaluer les effets à long terme de ces molécules géroprotectrices, c'est-à-dire comment ces molécules pourraient influencer les mécanismes du vieillissement et in fine la santé des individus au fil du temps.
 
Des biomarqueurs permettraient par exemple de mieux identifier les populations ayant un vieillissement accéléré et donc à risque élevé de maladies chronique et de concevoir des stratégies de prévention personnalisées pour chaque individu.
 
La géroscience représente une perspective passionnante en matière de santé publique, offrant la possibilité de prolonger la durée de vie en bonne santé en retardant l’incidence des maladies chroniques.
 
« Les avancées de nos connaissances sur les mécanismes biologiques du vieillissement démontrent que le vieillissement n’est pas une fatalité mais est bien modulable. La pratique de l’activité physique le démontre déjà mais des molécules dites « géroprotectrices » pourraient dans un avenir proche modifier nos stratégies de prévention des maladies associées au vieillissement » Pr Yves Rolland, gériatre au CHU de Toulouse.

Publié le 28/08/2023 à 02:00 | Lu 3676 fois