Le dialogue pour améliorer le bien-être du couple à partir de 50 ans : interview de Catherine Solano

A la cinquantaine, l’évolution de la vie quotidienne et les désagréments physiques peuvent engendrer des frustrations... C’est une période propice pour faire le point sur son couple... Le Dr Catherine Solano, sexologue et andrologue à l’Hôpital Cochin (Paris), fait le point sur les signes qui doivent alerter et donne quelques conseils pour retrouver une harmonie corporelle et une complicité sexuelle !


Three Couples © Peter Morgan via FlickR
Aujourd’hui, nous avons tendance à être de plus en plus exigeants dans la vie sexuelle. Qu’est-ce qui est normal ou pas au niveau de la sexualité masculine à la cinquantaine ?

Il est complètement normal d’avoir des réactions physiques moins rapides. Concrètement, l’érection peut être plus longue à survenir et moins complète : l’érection à 100 % n’arrive parfois que juste avant l’éjaculation. L’obtention d’une bonne érection nécessite des stimulations plus intenses, l’homme a besoin de plus de caresses. Cela peut paraître simple, mais il y a des couples où cela n’est pas évident. Il est aussi normal de mettre plus de temps pour avoir une deuxième érection, et ce temps augmente avec l’âge.
 
Ce qui n’est pas normal en revanche, c’est de ne pas avoir d’érection du tout ou d’avoir des pannes récurrentes. Si ces problèmes deviennent réguliers, il est important de consulter, car un homme qui est en bonne santé a normalement des érections. Un homme de 25 ans qui a des pannes répétées va mettre cela sur le compte du stress au travail, par exemple. Un homme de 50 ans, au contraire, peut commencer à s’angoisser. Il faut alors impérativement s’interroger sur les causes. Il n’y a aucune raison de paniquer : les changements normaux dus à l’âge ne sont pas alarmants, ils nécessitent simplement des adaptations pour que la sexualité continue à fonctionner au fil des années.
 
Et pour les femmes, qu’est-ce qui change à la cinquantaine ?

Il y n’y a pas si longtemps, la cinquantaine marquait pour de nombreuses femmes la fin de leur vie sexuelle : une femme sur deux n’avait plus de vie sexuelle après cinquante ans dans l’année écoulée ; aujourd’hui, heureusement, nous sommes descendus à une sur 10 ! Evidemment, le changement majeur et inexorable pour les femmes est celui de la ménopause. Et la ménopause nécessite elle aussi, des adaptations pour que la vie sexuelle persiste de manière agréable dans le couple.
 
Comment communiquer dans le couple lorsque la mécanique du corps vient perturber l’harmonie intime ?

L’essentiel est d’être informé de ces changements physiologiques et d’échanger avec son partenaire pour que chacun puisse agir à son niveau. Le non-dit risque de créer une incompréhension dans le couple et d’engendrer un cercle vicieux : l’homme en s’imaginant que sa femme ne veut plus de lui parce qu’il a de moins bonnes érections, et la femme en interprétant qu’il ne veut plus d’elle à cause de petites prises de poids ou des changements de son corps liés à l’âge par exemple. Au contraire, elle doit éviter de s’angoisser et de se culpabiliser et stimuler davantage son partenaire. Chacun devrait simplement exprimer ce qu’il ressent !
 
Il n’est pas toujours facile d’engager le dialogue, on le voit bien dans l’enquête Taking control... quels sont vos conseils pour remédier à ces difficultés ?

La cinquantaine est un âge où les couples doivent se réinventer car les enfants sont partis et ils ont plus de temps pour eux. Il est important de prendre soin de son couple, surtout après la retraite, en faisant des activités physiques ensemble : aller à la piscine, apprendre la salsa, danser ensemble, faire de la randonnée... Tout ce qui est physique rapproche. Si on a des difficultés sexuelles, le fait de partager ce type d’activité en diminue la portée négative.
 
Finalement, même si l’homme a des « érections de 50 ans » et la femme moins de lubrification, ce qui ne change pas c’est le plaisir, le désir, les émotions, la capacité à apprécier l’amour. On peut s’adapter, on le doit même, d’autant que des solutions existent ! Il ne faut pas sacraliser la sexualité mais plutôt dédramatiser : quand la vue change, on met des lunettes. Pour l’érection ou la ménopause, c’est pareil ! C’est important d’accepter les limites et son corps tel qu’il est pour être heureux et s’adapter. Les limites incitent aussi à se surpasser !

Publié le 07/10/2014 à 02:48 | Lu 1179 fois