La vie privée des mots d’Alain Roussel : un air de bise dans la brise

S’il fallait trouver un lien de parenté à Alain Roussel, il faudrait chercher du coté d’Alain Rey ou de Raymond Devos pour la mise en scène des mots, des surréalistes tendance Oulipo, des littérateurs fous tels Raymond Roussel ou Jean-Pierre Brisset ou des théoriciens du langage comme Roland Barthes ou Georges Bataille.





Mais aussi, de quelques alchimistes dont le nom de l’énigmatique Fulcanelli revient souvent dans ce texte, et pour cause : Alain Roussel change en effet la trivialité des mots usuels en or poétique.

« Plus j’avance, écrit-il, plus cette herméneutique du sens secret des mots m’ouvre la conscience. Je ne peux plus regarder le langage de la même façon. S’il demeure un instrument pour exprimer la pensée, il parle derrière la pensée, parfois la renforce ou la contredit. Il peut aussi, tout en disant ce qu’il dit, dire tout à fait autre chose. Dans les mots les plus anodins, d’autres combinaisons sont possibles, d’autres mots sont à l’affut (…) il peut en jaillir de l’humour, de la tendresse, de la spiritualité, du ridicule, de l’érotisme, de la pertinence, presque toujours de la poésie ».

Si Alain Roussel utilise à l’envi le jeu de mots, c’est qu’à l’intérieur du mot il y a du jeu qui en fait pivoter le sens. Dans la cathédrale, l’athée râle, explique t-il et « Dans le mot enveloppe, il y a déjà le vélo du facteur ».

La démonstration de la « cabale phonétique » est enthousiasmante et l’on suit la manière dont l’auteur a de presser le mot pour en extraire le suc poétique.

En outre, s’épanouit par endroit, et chapitre après chapitre, une vertigineuse histoire de désir et d’amour où le narrateur nous fait participer à ses fredaines en compagnie d’Anna, Lise et Freud…

La vie privée des mots
Alain Roussel
Editions la différence
95 pages
10 euros
La vie privée des mots

Article publié le 03/11/2008 à 09:35 | Lu 4972 fois