La nycturie augmenterait les risques de chute et de mortalité chez les seniors

Les résultats de plusieurs études présentés en début de semaine à l'occasion du congrès de l'Association européenne d'urologie (EAU) se déroulant à Barcelone (Espagne), ont renforcé le lien entre la nycturie et un plus grand risque de chutes et de mortalité. Notamment chez les plus de 60/65 ans. Explications.





La nycturie augmenterait les risques de chute et de mortalité chez les seniors
Avant d’aller plus loin, précisons simplement que la nycturie se caractérise par une émission d’urine plus abondante la nuit que le jour, ce qui oblige les personnes à se relever pour aller aux toilettes.

Une étude réalisée au Japon a conclu que globalement, les adultes souffrant de nycturie (définie comme étant au moins deux mictions nocturnes) couraient un risque considérablement accru de mortalité comparé aux adultes non atteints de nycturie, même lorsque des ajustements avaient été effectués pour tenir compte d'autres facteurs contributifs (par exemple, l'âge, le sexe et la condition physiologique).

En outre, une étude** menée sur 5.872 hommes de 65 ans et plus a démontré que les adultes qui sont réveillés deux à trois fois par nuit par des envies d’uriner couraient un risque 21% plus élevé de tomber au moins deux fois. Quant aux adultes réveillés quatre à cinq fois par nuit pour le même type de besoin, ces derniers couraient un risque 63% plus élevé. De fait, la nycturie faisait partie des troubles urinaires du bas appareil (TUBA) les plus fortement associés aux chutes.

« Ces études ont mis en évidence de nouveaux éléments importants sur la nycturie. Principalement, qu'il s'agissait d'un problème médical sérieux qui ne peut pas être relégué au rang des soucis de la vie courante. Il est temps pour les professionnels de santé et pour le grand public d'accorder à la nycturie l'attention qu'elle mérite », a déclaré à cette occasion le Dr Raymond Rosen du New England Research Institutes, États-Unis.

Plusieurs études ont par ailleurs montré la prévalence élevée de la nycturie qui semble concerner jusqu'à 20% des adultes entre 40 et 59 ans. Et ce niveau passe à environ 35% chez les personnes de plus de 60 ans.

Concrètement, la nycturie perturbe régulièrement le sommeil et est associée à de multiples aspects négatifs y compris une forte réduction de la qualité de vie et une augmentation de la morbidité. L'interruption du sommeil imputable à la nycturie affecte non seulement le patient et son partenaire, mais peut aussi nuire à la société à travers une baisse de la productivité et de la performance au travail.

« La faible prise de conscience et les carences actuelles en ce qui concerne la compréhension de la nycturie signifient que ce problème majeur est souvent, ni diagnostiqué ni traité de façon appropriée », explique le professeur Philip Van Kerrebroeck, centre hospitalier universitaire de Maastricht, Pays-Bas.

« Dans de nombreux cas, on estime à tort avoir à faire à un problème de la vessie ou de la prostate alors qu'en fait la nycturie est probablement un problème rénal. Nous devons adopter une double approche. Les médecins doivent reconnaître les signes et les symptômes de cette problématique et la traiter de façon appropriée, mais les patients doivent également avoir conscience de ces signes pour qu'ils puissent se rendre chez un médecin aux premières inquiétudes. Il est important que les malades sachent que leur condition est traitable et qu'ils n'ont pas besoin de souffrir en silence ».

D'autres recherches seront nécessaires pour déterminer si un traitement approprié de la nycturie permettra de réduire le lien entre la condition et les autres pathologies chroniques.

En guise d'effort pour conscientiser les gens sur la nycturie en tant que condition à part entière, elle vient d'être incluse dans les directives officielles de l'EAU.

* Nakagawa et al. J Urol 2009;181(Suppl):8
** Parsons et al. BJU Int 2009;104:63-68

Article publié le 21/04/2010 à 16:43 | Lu 4253 fois