L'alcool reste l'ennemi numéro 1 du foie en France et en Europe

Dans le cadre de la 13ème édition du Congrès “Paris Hepatology Conférence”, les hépatologues du monde entier lancent un appel à la mobilisation générale. Le cancer du foie, souvent dernière étape de maladies chroniques hépatiques est en passe de devenir le premier cancer au monde. Et pourtant, il est possible de le prévenir ! Rappelons que l’alcool demeure l’ennemi numéro 1 du foie.





La cirrhose et ses complications ne menacent pas seulement les buveurs intempérants. Contrairement à une idée reçue, sa consommation régulière, même modérée, peut elle aussi provoquer, après des années, des dégâts irréversibles.
 
Ainsi ce sont quelque 7.000 personnes qui meurent chaque année en France d’une cirrhose alcoolique. C’est deux fois plus que les accidents de la route -eux-mêmes causés en grande partie par l’alcool ! Comme tous les toxiques que nous ingérons, l’alcool qui nous arrive de l’intestin doit être détoxifié par les cellules du foie. Mais sa dégradation produit un métabolite hautement toxique, l’acétaldhyde, susceptible d’altérer le fonctionnement des cellules, notamment hépatiques !
 
La mission du foie est également de transformer l’alcool en sucre, un travail important quand on sait qu’un verre de vin rouge contient l’équivalent de 4 morceaux de sucre, ou qu’un verre de vin liquoreux en contient 8 (soit plus qu’une canette de soda).
 
Comme les autres sucres, celui-ci est ensuite transformé en graisse, laquelle s’accumule dans le foie et risque d’autant plus de donner naissance à une stéatose que l’alcool ralentit la combustion des graisses…
 
Avec le temps, il peut alors se produire une réaction inflammatoire, une hépatite alcoolique, qui elle-même donnera naissance à une cirrhose. Cela peut survenir silencieusement, y compris chez un buveur modéré mais régulier, mais qui surcharge peu à peu son foie avec l’alcool.
 
Ces dernières années ont par ailleurs vu la montée d’une autre pratique d’alcoolisation, tout aussi dangereuse pour le foie : le “bige drinking”, ou “beuverie effrenée”. Cette pratique, consistant à ingurgiter de très grandes quantités d’alcool dans un temps limité durant le week-end, expose à un risque élevé d’hépatite alcoolique aigüe, susceptible dans certains cas de provoquer une destruction massive des cellules du foie, potentiellement mortelle.
 
La multiplication de telles attaques hépatiques, chez une personne souvent jeune, qui par ailleurs ne boit pas durant la semaine, peut elle aussi donner naissance à une cirrhose. C’est ainsi que l’on diagnostique dans le monde occidental des cirrhoses alcooliques chez des sujets de plus en plus jeunes, alors qu’elles n’apparaissaient auparavant que chez des personnes plus âgées.
 
Alors que le “Défi de janvier” (ou “Dry January”), proposant à chacun de faire le point sur sa relation avec l’alcool, fait débat en France, les hépatologues du monde entier réunis à Paris tiennent à rappeler cette évidence : en 2020, l’alcool demeure l’un des principaux ennemis du foie !

Article publié le 20/01/2020 à 01:00 | Lu 1539 fois