Insuffisance cardiaque : tous concernés (partie 1)

Le Laboratoire Novartis vient de lancer en collaboration avec des associations de patients, une campagne grand public d’envergure à destination des patients insuffisants cardiaques, et aussi de leurs proches. Son objectif : rendre les patients et les proches acteurs de leur prise en charge en les sensibilisant aux signes d’alerte de l’insuffisance cardiaque (l’EPOF : l’essoufflement, la prise de poids, l’oedème et la fatigue) et en les incitant à en parler au médecin.


L’insuffisance cardiaque (IC) se définit comme l’incapacité du coeur à maintenir un débit cardiaque adéquat pour faire face aux besoins métaboliques de l’organisme.
 
Avec l’insuffisance cardiaque, progressivement, les patients voient leur autonomie diminuer et peuvent se retrouver dans une situation de handicap. Les tâches les plus courantes de la vie quotidienne peuvent être plus difficiles.
 
« Si on devait faire une comparaison entre maladies, la maladie qui impacte le plus la qualité de vie d’un patient (perçu par le patient lui-même), ce n’est pas le cancer, c’est l’insuffisance rénale avec la dialyse. Et bien l’insuffisance cardiaque réduit autant la qualité de vie que de faire une dialyse » indique le Pr P. Jourdain, cardiologue.
 
L’IC touche plus d’un million de personnes en France, soit 2,3% de la population adulte. Elle est la cause, selon les derniers chiffres disponibles (2013), de nombreux décès chaque année : trois fois plus que les AVC et presque cinq fois plus que l’infarctus du myocarde. Cette pathologie se caractérise également par la gravité de son pronostic, plus sombre que celui de certains cancers les plus fréquents.
 
Il s’agit d’une affection chronique, complexe, évolutive et grave. Ses symptômes tels que la fatigue, l’essoufflement, les oedèmes et la prise de poids, sont susceptibles d’affecter fortement la qualité de vie des patients.
 
« Il a fallu apprendre à tout prévoir et tout anticiper …. M’assurer, que je n’avais pas trop de distance à marcher et que je ne restais pas trop longtemps debout, par exemple ... il faut “se manager”, apprendre à prendre son temps, à faire les choses à son rythme et prévoir plus de temps pour faire des tâches car la fatigue est aussi musculaire » explique Steven Macari, président de l’association Vie & Coeur et patient insuffisant cardiaque.
 
Pour les patients IC, la probabilité de décès 5 ans après l’apparition des symptômes est de près de 50%. Un taux de mortalité de 25% (un an après le diagnostic) et 50% (5 ans après le diagnostic). Versus 22,3% pour le cancer du sein et de 31,7% pour le cancer de la prostate. Il s’agit également de la première cause d’hospitalisation chez les patients de plus de 65 ans. « Chaque nouvelle hospitalisation implique une réduction de la survie moyenne et représente un risque de dépendance chez le sujet âgé » remarque  encore le Pr P. Jourdain.
 
L’insuffisance cardiaque évolue silencieusement dans un premier temps, car l’organisme s’efforce de « compenser » la faiblesse du coeur. Elle peut ainsi être « cachée » pendant un certain temps. Mais il s’agit bel et bien d’une maladie chronique évolutive, de sorte qu’après une phase de stabilité, des aggravations se produisent par poussées. Ces épisodes d’aggravation de la maladie correspondent à des décompensations aiguës, qui peuvent nécessiter une hospitalisation.
 
« Ce sont des patients qui ont un coeur moins puissant. Le coeur va envoyer moins de pression aux différents organes. Au fur et à mesure, les organes vont souffrir. Quand l’IC se développe, il y a une perte de la fonction musculaire. Les patients sont vivants, mais leurs capacités deviennent extrêmement limitées » ajoute le Pr P. Jourdain.
 
« L’évolution est globalement fatale à terme, le but c’est d’avoir de longues phases où le patient a le moins de symptômes possibles et la meilleure qualité de vie possible » précise pour sa part le Dr T. Labarthe, médecin généraliste.
 
On estime que près d’un patient insuffisant cardiaque sur deux attend 14 jours avant de consulter en cas de symptômes. Et pourtant chaque jour compte... Les patients, et c’est bien dommage, ne reconnaissent pas toujours les signes d’alerte, caractéristiques de l’aggravation de la pathologie. Une meilleure connaissance des symptômes permettrait pourtant d’éviter des hospitalisations et des réhospitalisations !
 
« L’essentiel est qu’il faut rester vigilant. Parfois, le patient se retrouve hospitalisé parce qu’il a oublié de surveiller son poids, a un peu moins marché, etc. » remarque encore le Dr T. Labarthe. « En pratique, dans l’IC, le coeur pompe moins et il y a beaucoup de dépôts, d’eau et de sel, en particulier dans les membres inférieurs. C’est pourquoi les gens ont des difficultés à se mouvoir, ils prennent jusqu’à 3-4 kg par jour d’eau et également du poids : plus d’1 kg par 24 heures » indique le Pr P. Jourdain.
 
« L’évolution des symptômes est insidieuse, la maladie est progressive alors on adapte son quotidien, on s’habitue... L’adaptation se fait sans vraiment y penser. On fait ce qu’on est capable de faire, en fonction de ses capacités du moment, sans se poser la question du «comment c’était avant », témoigne quant à lui Philippe Muller, président de l’association SIC (Association pour le Soutien à l’Insuffisance Cardiaque).
 
Malgré cette situation alarmante, l’insuffisance cardiaque reste une maladie méconnue. Moins d’une personne sur 10 est capable d’identifier les symptômes les plus courants de cette maladie (essoufflement, prise de poids, oedème et fatigue). De plus, ces symptômes sont confondus dans plus d’un des cas avec les signes du vieillissement par les patients et leur entourage.
 
Dans ce contexte, « le GICC a lancé il y a près de 2 ans un acronyme très simple pour se souvenir des signes d’alerte de l’IC : EPOF pour essoufflement, prise de poids, oedème et fatigue » ajoute encore le Pr P. Jourdain.

Publié le 28/03/2019 à 11:39 | Lu 3723 fois