Dépendance : le point de vue des Français et de la prise en charge idéale

Un récent sondage sur le thème des « Français face à la dépendance aujourd’hui et à l’horizon 2030 » a été réalisé par l’institut Harris Interactive pour le compte d‘Humanis, troisième groupe paritaire de protection sociale. Cette enquête -menée auprès d’un échantillon de 2.000 personnes âgées de 50 à 65 ans- a invité les sondés à se projeter à l’horizon 2030 et à imaginer alors, leurs besoins en cas de perte d’autonomie, leurs attentes vis-à-vis des pouvoirs publics et privés et plus généralement à dessiner les contours de la société idéale pour les personnes dépendantes.


Les Français, optimistes, estiment pouvoir gagner quatre ans d’autonomie en vingt ans

La majeure partie des personnes sondées considère que l’entrée dans la dépendance sera de plus en plus tardive : 79 ans aujourd’hui, 83 ans à l’horizon 2030, soit quatre ans gagnés en vingt ans, au moyen d’une forte politique de prévention et de santé publique. De plus, les trois-quarts (73%) des personnes interrogées déclarent avoir déjà été confrontés à la dépendance, dont 66% au travers de leurs proches et 15% personnellement.

S’il n’y a pas d’approche sexuée de la dépendance, il existe néanmoins une légère différenciation en fonction de l’accès au savoir et du niveau de revenu : ainsi les CSP+ (84%) se déclarent plus confrontés à la dépendance que les CSP- (74%).

Ces chiffres nous amènent à conclure que les 50-65 ans sont conscients du risque de dépendance pour eux ou pour leurs proches, mais restent néanmoins positifs quant à la prise en charge de leur propre dépendance dans les années à venir.

Indépendance à tout prix : près de sept Français sur dix priorisent leur indépendance

Les deux-tiers (67%) des Français estiment prioritaire de conserver leur indépendance. Sans surprise, le souhait le plus fort est de se maintenir en bonne santé, le plus longtemps possible et ne pas peser sur la famille. Ce constat sans appel est d’autant plus fort qu’il est à rapprocher du vécu des personnes sondées : les seniors de la génération de mai 68 -surnommés les nouveaux rebelles*- sont viscéralement attachés à l’idée de liberté et donc d’autonomie, même dans la dépendance.

Cependant la majorité des répondants ne sait pas quels moyens adopter pour prévenir la dépendance. S’ils multiplient les actions au quotidien leur permettant de la reculer le plus longtemps possible (70% réalisent des examens médicaux réguliers, 69% font des exercices de mémoire ; 66% ont une alimentation équilibrée) ils n’envisagent pas forcément de démarche de nature financière : seuls 10% des personnes sondées déclarent avoir déjà souscrit à une assurance dépendance (selon la FFSA, 5,5 millions de Français sont couverts par un contrat d’assurance dépendance, souscrit à 60 ans en moyenne) mais 54% ne le prévoient pas.

Enfin, cette génération se considère généralement plus chanceuse que ses parents face à la vieillesse en termes de modes de communication (79%), aménagement du lieu de vie (60%), prévention santé (56%) et vie sociale (52%). Elle estime cependant que l’aide de la famille et de l’entourage sera moins présent (44%).

Dépendance : le point de vue des Français et de la prise en charge idéale
Quand la dépendance arrive, les Français veulent un choix plus large que l’alternative domicile/maison de retraite

Les Français sont ouverts à divers types de structures d’hébergement dans la mesure où le lien social est préservé. Ainsi :

- 16% des personnes sondées sont favorables à la cohabitation trans-générationnelle.
- 28% des Français sont favorables aux Ehpad, identifiés comme seule structure apte à prendre en charge la grande dépendance.
- 37% des Français plébiscitent le maintien à domicile sous réserve de liens sociaux de qualité.
- Enfin, donnée nouvelle, 50% des personnes sondées plébiscitent les résidences de service et résidence senior. Ce modèle plus communautaire que collectif, se décline déjà en différentes formes d’établissements (foyers-logements, …) offrant une prestation d’hébergement allant de l’indépendance quasi complète à un accompagnement très étroit.

On peut tirer de ces données l’enseignement que, lorsque ces mêmes 50-65 ans envisagent leur propre dépendance, ils souhaitent une prise en charge progressive, dans le respect et la dignité humaine. Leurs attentes sont avant tout humaines et personnalisées. Ils ne souhaitent pas voir se dessiner une société où les personnes âgées seraient surmédicalisées et suréquipées, ni où les personnes âgées seraient à la seule charge des familles.

Portrait d’une prise en charge idéale de la dépendance en 2030

Dressons le portrait de la prise en charge idéale d’une personne âgée, entrant en dépendance vers 2030…
Nous sommes en 2030, Brigitte a 82 ans. Elle vit seule et est très attachée à son autonomie. Face aux prémices d’une perte d’autonomie, elle redoute l’isolement mais ne veut pas être un poids pour ses enfants. Elle a autant besoin de soins que de lien social.

En 2030, chez elle, de nouvelles technologies l’aident à consolider son autonomie (selon 75% des personnes interrogées). Elle est aussi fortement accompagnée par les collectivités locales qui ont développé des services en partenariat avec les associations (pour 72% des sondés).

Mais à 87 ans Brigitte ne pourra plus vivre seule. Elle a choisi d’entrer en résidence de retraite, établissements qui se sont développés (selon 69% des personnes interrogées) et spécialisés (17%). S’agissant de la prise en charge financière, une part est gérée par les pouvoirs publics (58% des sondés pensent que l’Etat pourra prendre des dispositions dans le cadre de la Sécurité sociale), ou par la complémentaire santé (65%).

Brigitte a complété cette base par un contrat d’assurance privée collectif auquel elle a souscrit durant sa carrière professionnelle (une personne sur deux pense qu’elle pourra bénéficier des avantages d’une assurance collective).

Publié le 23/06/2011 à 08:00 | Lu 2426 fois





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