"Chirac" à la Contrescarpe : un homme de droite sur la rive gauche

Une femme sommeille sur un banc d’un jardin public, un livre à moitié ouvert à ses côtés. Des oiseaux chantent, des enfants passent en se chamaillant. Arrive un homme que l’on reconnait tout de suite tant la ressemblance est frappante. C’est Jacques Chirac, notre président Chirac récemment disparu.





Il réveille la dormeuse et la conversation s’engage entre les deux personnages. L’une, qui a projet d’écrire un livre sur l’ex-président, veut tout savoir et profite de l’occasion pour poser ses questions, multiples et parfois indiscrètes. Elle ne l’épargne pas, passant alternativement de la politique à des épisodes de sa vie privée.
 
L’autre, piqué au jeu, y répond volontiers, souvent avec franchise, parfois avec quelques hésitations suivies par des pirouettes mais toujours avec une grande spontanéité.
 
Le dialogue se poursuit, non sans quelques tentatives de l’un ou de l’autre d’aller un peu plus loin, car notre Président, en grand séducteur né, n’est pas insensible au charme de sa sémillante interlocutrice…
 
C’est dans cet univers bucolique et onirique que Dominique Gosset et Géraud Bénech situent l’action de leur pièce originale intitulée « Chirac ».
 
Marc Chouppart, qu’on a vu tant au théâtre dans Marivaux qu’au cinéma chez Francis Girod est Chirac, un Jacques Chirac encore jeune et dynamique, plein de ressources et d’énergie, celui de l’époque de ses fonctions à l’Elysée.
 
Il en a le physique, grand, mince et dynamique, ressemblance renforcée encore par une paire de lunettes en écaille comme les affectionnait particulièrement notre président. Il en a aussi la parfaite diction et le juste phrasé, à tel point que, fermant les yeux, on croit par moment être revenu quelques décennies en arrière.
 
Son interlocutrice, Valérie -prénom qui ne plait guère à notre Chirac- est jouée par Fabienne Galloux, qu’on avait appréciée il y a quelques années dans « Bienvenue au paradis » de Bernard Werber. Elle donne à son personnage toute la fraîcheur et la malice de la fausse ingénue qui, séduite elle aussi, n’en oublie pas pour autant son but ultime.
 
Pour sa mise en scène, Géraud Bénech a choisi un décor minimaliste : un banc et une chaise, venant du Jardin du Luxembourg tout proche. Sur le fond de plateau Romain Veillon projette des vidéos mouvantes qui nous plongent dans le rêve éveillé vécu, le temps d’une heure, par nos personnages, et par nous-mêmes.
 
L’ensemble est très plaisant, jusqu’à la scène finale, particulièrement réussie.
 
Une bonne occasion de retrouver le chemin de ce charmant petit théâtre après cette longue période de fermeture.
 
Alex Kiev 

Théâtre de La Contrescarpe
5 rue Blainville
75005 Paris
 
Du 1er juillet au 22 Août 2021
Mercredi, jeudi et vendredi 21h, samedi 20h30 et dimanche 16h30


Article publié le 08/07/2021 à 10:17 | Lu 3276 fois