Cancer : la vie deux ans après le diagnostic

L’enquête VICAN2 aborde les différentes facettes de la vie des personnes atteintes d’un cancer depuis la prise en charge de leur maladie et leur relation avec le système de soins, jusqu’à l’état de santé deux ans après le diagnostic, l’impact de la maladie sur les ressources et l’emploi, les difficultés rencontrées dans la vie quotidienne et sociale. En voici les grandes lignes.


Les résultats illustrent l’ampleur de l’impact du cancer sur l’existence des personnes atteintes et mettent en évidence le poids des inégalités de santé, tout au long de la trajectoire de la personne.
 
Des inégalités qui renvoient parfois aux pertes de chances dont souffrent les plus jeunes ou les plus âgés dans l’accès aux soins mais, elles sont surtout liées à des difficultés socio-économiques, qui pèsent parfois autant, voire plus, que la localisation du cancer, les traitements reçus ou les séquelles perçues.
 
Le cancer apparaît alors comme un facteur d’aggravation des inégalités sociales qui lui préexistaient.
 
L’annonce du diagnostic : si les conditions de cette annonce ont progressé depuis 2004, elles sont jugées encore trop brutales par 18% des enquêtés. Les personnes les moins diplômées et disposant des plus faibles revenus portent encore plus souvent ce jugement. Les variations les plus nettes sont cependant observées en lien avec l’âge et le sexe des personnes interrogées : ce sont les femmes et les plus jeunes qui jugent le plus souvent brutale l’annonce de leur diagnostic (c’est le cas de 28 % des femmes âgées de 18 à 40 ans).

Toujours selon cette étude, la proportion de personnes satisfaites de leur implication dans le choix des traitements est en progression. Par ailleurs, les proportions d’enquêtés estimant que l’information donnée par les soignants était trop importante ou trop compliquée, ou qu’eux-mêmes arrivaient mal à formuler leurs questions, ont toutes notablement baissé dans cette nouvelle enquête par rapport à 2004.
 
Les résultats illustrent également la dégradation générale de la qualité de vie induite par un cancer : cette dégradation dépend toutefois beaucoup de sa localisation (plus fréquente pour le cancer du poumon, elle est plus rare pour le cancer de la prostate), des traitements reçus et des séquelles perçues. Au-delà de ces facteurs médicaux, la qualité de vie mesurée dépend aussi des éventuelles situations de précarité sociale (faibles revenus, chômage).
 
Le cancer a un impact sur la situation professionnelle : au moment du diagnostic, huit personnes sur dix avaient un emploi, contre six sur dix, deux ans plus tard. La perte d’emploi touche davantage les moins diplômés, les plus jeunes et les plus âgés, ceux qui exercent un métier d’exécution (ouvriers, employés), qui ont un contrat de travail précaire ou sont employés dans des PME.
 
En outre, la gravité du cancer accentue les inégalités : plus le pronostic initial est mauvais, plus l’écart observé entre métiers d’exécution et métiers d’encadrement s’accroît. Ainsi pour un cancer « de bon pronostic », le taux de maintien en emploi deux ans après le diagnostic est de 89% pour les métiers d’encadrement et de 74% pour les métiers d’exécution, contre respectivement 48% et 28% pour les cancers de mauvais pronostic.
 
Un sondé sur dix déclare que, dans son entourage, il lui est déjà arrivé d’être l’objet d’attitudes de rejet ou de discrimination liées directement à sa maladie. Les femmes et les enquêtés les plus jeunes sont les plus enclins à rapporter de telles expériences. La fréquence des expériences de discrimination atteint 25% parmi les personnes qui déclarent que leur ménage connaît des difficultés financières (contre 4% parmi celles qui se disent « à l’aise »). Les inégalités sociales se répercutent ainsi sur les expériences de discrimination de la part de l’entourage.
 
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Publié le 24/06/2014 à 09:47 | Lu 776 fois