Cancer colorectal : lancement d’une grande enquête sur le vécu et les attentes des malades

Comment les malades sont-ils pris en charge ? Comment vivent-ils leur traitement ? Réussissent-ils à intégrer les essais cliniques ? Arrivent-ils à reprendre une vie sociale et professionnelle normale après l’hospitalisation ? Pour répondre au mieux aux besoins des malades et de leur famille, l’Association France Côlon va lancer au mois de mai une enquête nationale sur le vécu et les attentes des malades. Détails.


« Nous avons à coeur d’apporter des solutions concrètes aux difficultés que rencontrent les malades et leur famille dans leur vie quotidienne et pour les aider, nous devons connaître parfaitement leurs besoins » a indiqué à cette occasion Jean-Louis Bertou, fondateur de l’Association France Côlon.
 
« Après mon intervention chirurgicale au rectum, j’ai suivi une hormonothérapie qui n’a pas été sans effets secondaires, ce que j’ignorais complètement. Cela a duré pendant près d’un an. A ma sortie de l’hôpital, j’ai également rencontré des difficultés dans mon parcours de soins à cause du manque de coordination entre les professionnels de santé » témoigne Dominique Perriot, ancien malade atteint d’un cancer colorectal.
 
Consciente de ces difficultés, l’association* a décidé de lancer, avec l’aide de la Fondation Roche, une grande enquête nationale de mai à octobre 2014 auprès des patients atteints de cancer colorectal. Elle sera diffusée dans tous les services de gastroentérologie pour toucher les malades hospitalisés et sera accessible en ligne sur le site de l’association, Facebook, twitter et scoop.it, pour sensibiliser les patients revenus chez eux.
 
« Cette enquête porte à la fois sur le dépistage, le diagnostic, le vécu des traitements mais aussi sur l’impact du cancer colorectal sur tous les aspects de la vie quotidienne du malade à savoir le bien-être physique, le bien-être psychique, le travail, la vie amoureuse, etc. » explique Stéphane Korsia-Meffre, Iatrologos-Dire la médecine.
 
« Les résultats de l’enquête vont nous permettre de mieux connaître les difficultés auxquelles sont confrontés les malades dans leur vie quotidienne et d’élaborer de nouveaux projets sur les 2-3 ans à venir au sein de notre association pour répondre à leurs attentes » poursuit de son côté Jean-Louis Bertou. « Par cette enquête, nous souhaitons également sensibiliser les autorités de tutelle aux besoins des malades et les faire réagir. »

Avec 42.152 nouveaux cas estimés en 2012 en France dont 55% chez l’homme, le cancer colorectal est -tous sexes confondus- le troisième cancer le plus fréquent après le cancer de la prostate (56.841 nouveaux cas) et le cancer du sein (48.763). Par ailleurs, précisons qu’en 2012, 17.722 personnes sont décédées des suites d’un cancer colorectal, s’inscrivant de fait, au deuxième rang des cancers les plus mortels, tous sexes confondus, derrière le cancer du poumon.
 
 « Le cancer colorectal touche principalement les plus de 50 ans, les personnes souffrant de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) telles que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique ou encore les personnes appartenant à des familles où le cancer colorectal a touché une ou plusieurs générations » explique encore le Professeur Christophe Tournigand, Chef de service d’oncologie médicale–Hôpital Henri Mondor, AP-HP, Paris.
 
Les facteurs de risque du cancer colorectal vus par les Français : avoir plus de 50 ans pour 83% ; avoir un antécédent de cancer colorectal dans sa famille proche pour 76% des personnes interrogées ; avoir une maladie inflammatoire chronique de l’intestin pour 76% des Français ; consommer excessivement de l’alcool pour 71% des sondés et enfin, avoir une alimentation riche en viande rouge pour 66% des Français.
 
Présence de sang dans les selles, douleurs abdominales anormales et répétées, troubles digestifs importants (diarrhées, constipation), perte de poids anormale, ces symptômes ne sont pas à prendre à la légère. « Il est important de consulter rapidement un médecin dès l’apparition de l’un de ces symptômes et de se faire diagnostiquer » poursuit le Professeur Christophe Tournigand.
 
Avant d’attendre la survenue des premiers signes d’alerte, un test de dépistage du cancer colorectal –Hémoccult II- est disponible gratuitement pour toutes les personnes âgées de plus de 50 ans. « Actuellement, seulement 31% des plus de 50 ans font ce dépistage. Ce n’est pas suffisant. Le cancer colorectal dépisté à un stade précoce où la tumeur est ciblée permet une guérison de l’ordre de 95%. Il est donc crucial que les patients se fassent dépister en demandant à leur médecin généraliste de leur prescrire le test » insiste le Professeur Christophe Tournigand.
 
Obtenir des traitements plus efficaces, avoir une meilleure qualité de vie, les patients attendent des innovations thérapeutiques de vivre plus longtemps dans les meilleures conditions possibles voire même de guérir de leur cancer. « C’est la vocation de la recherche clinique. Actuellement, il y a des nouveautés, de nouvelles molécules sont développées et la France a besoin de se positionner en recherche clinique » remarque encore le professeur.
 
D’après les résultats de l’étude Ifop/Association France Côlon, plus d’un Français sur deux pense que les malades n’ont pas accès aux nouveaux médicaments quels que soient leurs revenus ou leur mutuelle ; 60% des Français déclarent également que les malades ne sont pas soignés de la même manière sur tout le territoire. « Pour y remédier, il faut la mise en place d’un maillage au niveau national de manière à ce que tous les patients puissent bénéficier des dernières molécules innovantes et puissent être inclus dans les essais cliniques en cours » conclut le Professeur Christophe Tournigand.
 
*En France, l’Association France Côlon est l’unique association de patients atteints d’un cancer colorectal. Elle a été créée en 2012 par des personnes atteintes de ce cancer afin d’apporter de l’information, de l’écoute, de l’entraide, des rencontres, des partages et des échanges pour les malades, leur entourage et la communauté scientifique. L’association se situe à la fois en amont de l’hospitalisation, lors du dépistage et du diagnostic, et en aval, lors du retour à la vie sociale.
 
Pour plus d’information, consulter www.association-france-colon.fr
 

Publié le 29/04/2014 à 10:13 | Lu 1197 fois