Arthrose : les traitements à base d'acide hyaluronique sont désormais déremboursés

La ministre de la Santé Agnès Buzyn, vient d’acter la décision de dérembourser tous les traitements à base d’acide hyaluronique injectable dans l’arthrose du genou à partir du 1er décembre 2017. Cette décision brutale prise par le gouvernement va à l’encontre des récentes études qui attestent de l’efficacité de ces traitements. Tribune libre de l’AFLAR et du CFMR.


L’Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale (AFLAR) représentée par son président et le Collège Français des Médecins Rhumatologues s’élèvent contre cette décision du ministère de la Santé et ont décidé de continuer le combat pour qu’elle soit réévaluée. En effet, ces deux entités s’inquiètent des répercussions d’une telle décision. D’autant que des études récentes attestent de l’efficacité de ces traitements…
 
Le déremboursement des solutions à base d’acide hyaluronique avait été annoncé à compter du 1er juin 2017 au Journal Officiel du 28 mars 2017. Le service rendu avait été jugé insuffisant par la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (CNEDiMTS).
 
Pourtant, de nouveaux arguments scientifiques, portés par plusieurs publications récentes soulignent les effets bénéfiques et la bonne tolérance de ce traitement par rapport aux autres utilisés dans l’arthrose du genou. Ces données justifient le maintien d’un remboursement pour un traitement dont l’effet certes modéré, est bien réel et qui reste celui qui offre le meilleur rapport bénéfice-risque parmi les différentes options pharmacologiques dans cette maladie : supérieur à celui des antalgiques et à celui des anti-inflammatoires.
 
Rappelons que l’arthrose est une maladie sévère, source de douleurs, de handicap, d’une perte d’autonomie et augmente la mortalité cardiovasculaire du fait de la sédentarité qu’elle entraine, en particulier chez les personnes âgées.
 
Ce déremboursement va avoir deux conséquences :
1/ priver les patients les plus défavorisés d’un accès à des soins de qualité : 85% des patients avec un revenu inférieur à 1.000 euros rencontrent des problèmes d'accès aux soins dans l'arthrose.
2/ reporter les prescriptions vers des traitements plus iatrogènes, plus coûteux pour l’assurance maladie et pas plus efficaces et accélérer le recours des patients à la chirurgie prothétique, qui n’est pas toujours la panacée, qui est très coûteuse, et non dénuée de dangers. Opérer plus tôt, plus jeune, risque d’être lourd de conséquence dans un avenir proche.
 
Ceux qui vont pâtir le plus de ce déremboursement sont les patients pauvres, aux plus faibles ressources, se trouvant parmi les plus de 9 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans notre pays. C’est une double peine : être à la fois malade et dans la difficulté d’accéder à des soins par manque de moyens financiers.
 
Une pétition a récolté à ce jour près de 383.000 signatures pour dire « NON » au déremboursement des injections intra-articulaires d’acide hyaluronique dans le traitement de l’arthrose du genou. Nous déplorons de ne pas avoir été entendus alors qu’aucune pétition n’a à ce jour rassemblé autant de patients. Nous réaffirmons solennellement que ce déremboursement des acides hyaluroniques à usage intra-articulaire dans l’arthrose du genou est médicalement et scientifiquement injustifié, médico-économiquement contre-productif, et socialement inéquitable et demandons à la ministre la remise à plat et le ré-examen serein de ce dossier.

Publié le 01/12/2017 à 08:08 | Lu 2385 fois