Ah les bonnes résolutions… que l’on ne tient pas !

C’est chaque année la même chose. Fin décembre, début janvier, on prend de bonnes résolutions. La cigarette, c’est fini. Les repas trop gras, c’est fini. L’alcool, je réduis. Le sport, je m’y remets… La liste est longue. Et elle peut, puisque la plupart du temps, ces vœux pieux, ne sont que rarement suivis de faits… Mais peut-être, en tout cas en ce qui concerne l’activité physique, ne sommes-nous pas totalement responsables… Explications.


L'expertise collective menée par l'Inserm en 2008 a souligné les multiples bénéfices préventifs d'une activité physique régulière pour la santé.

Pourtant, notre mode de vie dans la société industrielle restreint cette activité. Au-delà des origines sociales qui peuvent intervenir dans notre inactivité physique plus ou moins importante, celle-ci a également des bases biologiques.

« L'incapacité à ressentir du plaisir lors de l'activité physique, souvent citée comme une cause de non adhésion partielle ou totale à un programme d'exercice physique, indique que la biologie du système nerveux est bel et bien en jeu », explique Francis Chaouloff, le responsable de cette étude.

Mais de quelle manière précisément ? Les mécanismes neurobiologiques sous-jacents de cette inactivité physique restaient encore à identifier. Grâce aux travaux réalisés par Francis Chaouloff et ses collaborateurs, ces mécanismes commencent à être décryptés…

Ils impliquent de manière déterminante le système cannabinoïde endogène (ou système endocannabinoïde), et plus particulièrement un de ses récepteurs cérébraux. Les données mettant en avant des interactions entre le système endocannabinoïde, la cible du delta9-tétrahydrocannabinol (le principe actif du cannabis), et l'exercice physique, ne datent pas d'aujourd'hui.

En effet, cela fait dix ans que l'on sait qu'une session d'exercice physique active le système endocannabinoïde chez le sportif entraîné, mais le rôle exact de ce système lors de l'exercice physique est resté longtemps inconnu. Il y a trois ans, la même équipe de recherche bordelaise a observé que des souris mutantes n'ayant plus de récepteur aux cannabinoïdes du type CB1, le principal récepteur du système endocannabinoïde dans le cerveau, couraient moins longtemps et sur de plus courtes distances que leurs congénères sains quand on leur donnait la possibilité d'utiliser une roue d'exercice.

L'étude publiée ce mois-ci dans Biological Psychiatry tente de comprendre « comment », « où » et « pourquoi » l'absence de ce récepteur CB1 diminue partiellement (de 20 à 30%) les performances d'exercice volontaire chez des souris ayant accès à une roue d'exercice 3 heures par jour.

L'originalité de cette étude réside dans le fait que l'on peut ajouter l'exercice physique (objet de l’étude) à la panoplie des récompenses naturelles régulées par le système endocannabinoïde. « Si cette hypothèse motivationnelle est validée, ce récepteur jouerait donc plus un rôle dans l'adhérence à l'exercice que dans les performances physiques stricto sensu », expliquent les chercheurs.

Cette étude révèle le rôle important joué par le système endocannabinoïde dans les performances d'exercice physique, et ce par l'impact qu'a ce système sur les processus motivationnels. Ces travaux ouvrent aussi de nouvelles voies de recherche quant aux médiateurs du plaisir, voire de l'addiction, associés à la pratique régulière de l'exercice physique. « Au-delà des endorphines, il nous faut donc maintenant considérer les endocannabinoïdes comme un autre médiateur potentiel des effets positifs de l'exercice physique sur notre humeur », estiment les chercheurs en conclusion.

Ces résultats sont publiés dans la revue Biological Psychiatry.

Publié le 08/01/2013 à 10:03 | Lu 919 fois