À l’occasion d’un défilé militaire à Pékin, célébrant le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Xi Jinping et Vladimir Poutine ont été enregistrés par un micro resté ouvert. Diffusée par la télévision publique chinoise, la scène a rapidement fait le tour du monde.

Dans ce court échange, Xi Jinping affirme qu’« aujourd’hui, à 70 ans, on est encore un enfant », en référence à l’allongement de l’espérance de vie. Vladimir Poutine imagine que les progrès de la biotechnologie permettront de greffer des organes sans fin, ouvrant la voie à une forme « d’immortalité ». Xi conclut que « d’ici à la fin du siècle, on a une chance de vivre jusqu’à 150 ans » .

Loin d’être démenti, l’échange a ensuite été confirmé par Vladimir Poutine lors d’une prise de parole publique.

Si la conversation a de quoi amuser ou inquièter, les scientifiques rappellent que l’immortalité relève encore de la fiction. La médecine progresse, notamment en matière de greffes et de thérapies régénératives, mais plusieurs obstacles majeurs persistent : la difficulté de fabriquer des organes viables par bio-impression, les risques élevés de rejet immunitaire, et l’absence de solution aux causes profondes du vieillissement cellulaire.

La possibilité de vivre 150 ans grâce aux seules transplantations apparaît donc, pour l’instant, hautement improbable, même si diverses sources attestent que V.Poutine investirait depuis plusieurs années des milliards de dollars dans la recherche scientifique, avec pour principal objectif de reculer l'échéance pour sa propre vie. On est jamais mieux servi que par soi-même dit l'adage...

Au-delà de l’anecdote, cette discussion illustre une symbolique forte : le rapport au temps et au pouvoir des deux dirigeants. Xi Jinping, 72 ans, a supprimé la limite des mandats présidentiels en Chine. Vladimir Poutine, du même âge, a modifié la Constitution russe afin de pouvoir rester au pouvoir jusqu’en 2036.

Dans ce contexte, parler d’immortalité peut aussi se lire comme une métaphore de leur volonté de durer politiquement — bien au-delà des limites naturelles.

L’incident relance par ailleurs un sujet sensible : celui de la transplantation d’organes en Chine. Depuis plusieurs années en effet, des ONG et des institutions internationales dénoncent des prélèvements forcés, notamment sur des prisonniers ou des minorités persécutées.

Ce contexte confère donc à cette conversation une dimension dérangeante, renforcée par la réaction de parlementaires américains qui réclament des sanctions accrues contre le trafic d’organes forcés.

Cette rare séquence « micro ouvert » aura révèlé un visage inattendu de Xi Jinping et Vladimir Poutine : celui de dirigeants s’autorisant à rêver à voix haute d’une vie quasi éternelle. Entre utopie et inquiétude, il souligne combien l’idée d’immortalité, même fantasmée, continue de fasciner et d’interroger jusqu'au plus haut niveau.