Vaccins : à quoi servent-ils vraiment ?

L'institut Ipsos a réalisé pour le compte du Leem une enquête auprès des Français sur la vaccination et sur les questions que se posent nos compatriotes en la matière. Alors qu’une large majorité (83%) des sondés se dit favorable à la vaccination pour eux et leurs proches, à quoi servent les vaccins, quels sont les risques, quels sont les avantages et pourquoi doit-on se faire vacciner. Sachant que même les seniors sont concernés par certains vaccins, notamment la grippe mais pas uniquement.


A quoi sert vraiment la vaccination ?
La vaccination en France protège contre 29 maladies infectieuses. Elle permet également de protéger indirectement l’entourage et les personnes qui ne peuvent se vacciner car elles sont trop fragiles (immunodéprimées), c’est donc un acte individuel, mais aussi altruiste.
 
La vaccination est un élément essentiel de l’équilibre de nos sociétés en limitant le risque d’épidémie, de pandémie et la désorganisation de notre société qui en découle (désorganisation sanitaire, économique, sociale…)
 
En France, il y a quelques années, des maladies telles que la diphtérie, la poliomyélite, la méningite à haemophilus B ou la coqueluche provoquaient décès, invalidités et séquelles. Quant à la rougeole, elle continue de tuer.
 
Que m’injecte-t-on quand on me fait un vaccin ?
Les vaccins sont composés d’une ou plusieurs substances actives d’origine biologique appelées « antigènes vaccinaux » qui sont issus de bactéries ou de virus. Schématiquement, les vaccins sont classés en deux groupes, selon le type d’antigènes : les vaccins vivants atténués contenant des bactéries ou virus entiers et vivants mais affaiblis ; les vaccins inactivés contenant des bactéries ou virus tués.
 
Ces derniers, en plus de l’antigène, sont composés d’adjuvants permettant de renforcer la réponse immunitaire, de réduire la quantité d’antigène par dose et le nombre de doses nécessaires pour assurer une bonne protection. D’autres éléments également peuvent être présents à l’état de traces, soit comme substances intervenant dans le processus de fabrication, soit comme éléments nécessaires à la bonne conservation du vaccin (antibiotiques…).
 
Les vaccins sont-ils sûrs ?
Toutes les étapes de recherche et développement en amont de la commercialisation ont pour priorité d’analyser le moindre signal d’intolérance ou d’effet secondaire, avec de grandes études cliniques sur des milliers de personnes. L’ensemble de ces données, publiées et consultables par tout un chacun, sont analysées par les Autorités sanitaires avec la même exigence de sécurité pour le patient.
 
La recherche ne s’arrête pas à la fin de la phase de développement clinique, mais se poursuit bien au-delà de la commercialisation avec des études menées en vie réelle, par les industriels et les autorités de santé, et des plans de gestion du risque. Grâce à ce suivi très précis, il est possible de repérer rapidement d’éventuels effets indésirables liés aux vaccins et de prendre les mesures nécessaires.
 
Existe-t-il beaucoup d’effets secondaires graves dus aux vaccins ?
Comme tout médicament, les vaccins peuvent provoquer des effets indésirables. Dans la très grande majorité des cas, ces derniers sont mineurs et passagers (fièvre, douleur, rougeur au point d’injection). Ces éventuels effets indésirables sont très surveillés, tant lors des essais cliniques que dans les études en vie réelle.

Quant aux effets indésirables graves, ils restent très rares et font l’objet d’un suivi et de recherches approfondis lorsqu’ils surviennent.

Des registres sont tenus par la quasi-totalité des pays pour colliger l’ensemble des évènements survenant après l’administration des vaccins. Ces registres publient les chiffres bruts sans chercher à interpréter les circonstances. Ainsi, certaines associations luttant contre la vaccination exploitent ces données en invoquant à tort un nombre important de décès ou de complications qui, après enquête, se révèlent sans lien avec le vaccin.
 
Il est important de garder à l’esprit que le risque de développer une maladie en ne se vaccinant pas est beaucoup plus important que celui de voir apparaître un effet indésirable lié à la vaccination, comme le montre malheureusement l’épidémie de rougeole en cours en France ou la résurgence de la coqueluche dans certaines populations ou pays.
 
Les vaccins sont-ils réellement efficaces ?
Un candidat vaccin, pour être accepté par les Autorités de santé, doit avoir démontré au cours des essais cliniques une efficacité et une tolérance suffisantes. En vie réelle, les vaccins pédiatriques ou la vaccination grippale ont démontré leur efficacité pour éliminer des maladies ou contenir des épidémies.

Pour d’autres vaccins, l’impact en vraie vie se mesure progressivement au fil du temps : c’est le cas notamment des vaccinations prévenant des cancers (HPV, hépatite B) pour lesquelles une baisse de la prévalence des cancers est attendue 20 à 30 ans après l’introduction de campagnes de vaccination.
 
Faut-il encore se faire vacciner après l’enfance ?
L’immunité conférée par les vaccins ne dure pas forcément toute la vie, notamment parce que le système immunitaire devient moins performant avec le temps. Il est donc nécessaire d’effectuer des rappels régulièrement tout au long de la vie pour maintenir un niveau de protection élevé.

Le calendrier vaccinal prévoit aussi de nouvelles vaccinations à l’adolescence et à l’âge adulte (seniors notamment). Malheureusement, les couvertures vaccinales sont très basses pour ces vaccinations et les Français sont ainsi insuffisamment protégés contre plusieurs infections.
 
Ne pourrait-on pas éviter les piqûres ?
La plupart des vaccins sont administrés par voie intramusculaire car c’est un des sites les plus riches en cellules de l’immunité. Il existe quelques formes orales, comme les vaccins contre le rotavirus, ou encore le spray nasal pour immuniser contre la grippe. Des recherches sont en cours pour délivrer le vaccin au niveau de la peau grâce à des technologies de patch. Facile à poser, le patch aurait cet atout de délivrer le vaccin au niveau du derme, riche en cellules présentatrices d’antigènes.
 
Quelles sont les principales différences entre les « anciens » vaccins, et les « nouveaux » ?
La majorité des vaccins produits aujourd’hui s’appuient sur les procédés d’inactivation ou d’atténuation des micro-organismes. Cependant, les avancées biotechnologiques récentes et les nouvelles connaissances en immunologie ont ouvert de nouvelles pistes de stratégies vaccinales : vaccin à ADN, vecteurs recombinants.
 
Afin de réduire les injections, les recherches sont également constantes pour réunir plusieurs antigènes au sein d’un même vaccin. A chaque fois, la tolérance, la sécurité et l’efficacité sont réévaluées avec des essais précliniques et cliniques. Et une autorisation de mise sur le marché est demandée, avec une évaluation complète par les Autorités de santé.
 
Une fois le vaccin commercialisé, un plan de gestion des risques est mis en place, permettant le suivi précis d’éventuels effets indésirables rares, non détectés durant les essais cliniques ainsi que la mesure de l’efficacité du vaccin en vie réelle.
 
Les adjuvants sont-ils indispensables ?
Pour la majorité des vaccins inactivés (ne comportant pas de microbe vivant), la présence d’adjuvants -en particulier à base de sels d’aluminium- est indispensable à une réponse immunitaire suffisante pour entrainer une protection.

L’ajout d’adjuvant peut également permettre d’augmenter la durée de protection du vaccin, de réduire la quantité d’antigènes par dose vaccinale et de réduire le nombre d’injections. En l’absence d’adjuvant, le vaccin n’offrirait pas une efficacité suffisante, et nécessiterait de nombreux rappels ainsi qu’une dose d’antigène bien plus importante.
 
Peut-on remplacer l’aluminium par d’autres composants ?
L’aluminium se trouve naturellement dans de nombreux aliments, comme le cacao, le thé, les épinards, les crustacés, l’eau de boisson, l’air que nous respirons…. La quantité d’aluminium ingérée dans notre vie quotidienne est incomparablement plus importante que celle reçue par la vaccination tout au long de la vie. Les sels d’aluminium figurent parmi les adjuvants les plus utilisés dans le monde avec un recul de plus de 90 ans et des centaines de millions de doses injectées
 
Le choix de l’aluminium est guidé notamment par sa capacité à déclencher un certain type de réponse immunitaire. D’autres adjuvants ont été développés et sont utilisés, mais avec les données compilées d’utilisation, l’aluminium reste l’adjuvant pour lequel le rapport efficacité/tolérance est le meilleur. La recherche portant sur de nouveaux adjuvants a pour finalité la découverte de nouveaux vaccins, pour lesquels les sels d’aluminium ne permettent pas d’offrir une réponse immune optimale.
 
Quelles sont les pistes de recherches des entreprises dans le vaccin ?
Les efforts de recherche s’orientent aujourd’hui vers de nouvelles cibles (Clostridium Difficile, Virus Respiratoire Syncitial, Staphylocoque Doré, Ebola, Zika…), de nouvelles combinaisons, le développement de nouveaux adjuvants adaptés aux nouveaux vaccins (pour diminuer la dose d’antigène, prolonger la durée de la protection immunitaire, protéger des populations spécifiques, élargir la réponse immunitaire) et de nouvelles voies d’administration.
 
Existe-t-il encore aujourd’hui des pénuries de vaccins ?
Après deux années tendues, la situation s’est stabilisée en 2018. L’objectif des entreprises est évidemment d’assurer un approvisionnement continu et adapté au besoin du système de santé.

Les tensions d’approvisionnement peuvent avoir des origines diverses : problème de production, hausse importante de la demande mondiale, exportations parallèles, etc. Un vaccin est un produit au cycle de vie très long (36 mois pour produire un principe actif et 10 mois de transformation en produit injectable), et l’anticipation de la demande est complexe.
 
Afin de limiter les impacts de ces tensions, des plans de gestion de pénuries sont mis en place par les industriels et mis à disposition des autorités de santé depuis 2017. Toutes les entreprises ont des programmes visant à limiter les risques de rupture. En général, si un vaccin est indisponible momentanément en officine, il reste accessible dans certains centres de vaccination.
 
Quelles conséquences si les Français se vaccinent moins ?
Lorsque la couverture vaccinale diminue ou est insuffisante, les populations sont insuffisamment protégées contre les maladies infectieuses. On assiste alors au retour de flambées épidémiques de maladies qui étaient jusque là sous contrôle.

- Epidémie de rougeole : 1.500 cas en France en 2018 contre 300 seulement entre 2013 et 2015 (la rougeole est une maladie pour laquelle une couverture vaccinale d’au moins 95% pour les deux doses
est nécessaire)
- 100% des cas de coqueluche identifiés en France le sont chez des personnes non ou insuffisamment vaccinées
- 1.700 cas de cancers supplémentaires pourraient être évités chaque année si le taux de couverture vaccinale HPV était au niveau de nos voisins européens (20% contre 70%).
 
Cela me sert-il vraiment de me faire vacciner si tous les autres le sont déjà ?
Quand on se vaccine, on se protège à titre individuel contre des maladies non transmissibles, comme le tétanos mais on protège aussi indirectement les personnes qui n’ont pas la chance de pouvoir se protéger par la vaccination (maladies chroniques, cancer, immunodépression….). La vaccination est donc un acte altruiste qui participe à l’équilibre de nos sociétés. S’y soustraire, c’est prendre un risque individuel mais aussi exposer inutilement des personnes vulnérables.
 
La vaccination permet aussi de protéger son entourage, d’où l’importance de bien respecter les recommandations vaccinales : chez les enfants, en particulier chez les nourrissons, la coqueluche est très majoritairement transmise par un membre de la famille (parents, frères et sœurs, grands-parents)

Publié le 05/07/2018 à 05:44 | Lu 3668 fois