Une espèce qui s’arrête de bouger est une espèce en voie de disparition !, par la FFC

Alors qu’avaient lieu, le week-end dernier dans toute la France, les Parcours du Cœur organisés par la Fédération Français de Cardiologie (FFC), deux médecins, le Pr Hervé Douard et le Pr Jean-François Toussaint reviennent par le biais d’une interview croisée sur les risques de la sédentarité sur la santé cardiovasculaire. Encore une fois, un seul mot d’ordre : il faut bouger…





À quand remonte la prise de conscience en France que la santé passe par le sport ou l’activité physique ?
Pr Hervé Douard, Fédération Française de Cardiologie : Les premières données scientifiques ont plus de trente ans, mais « le véritable déclencheur a été les Etats Généraux du Sport en 2005 qui ont apporté une réflexion globale sur le lien entre sport et santé. Depuis, l’Inserm a signé une étude remarquable en 2008 qui donne une vision complète des bénéfices du sport sur les maladies cardiovasculaires mais aussi sur les cancers, l’équilibre psychique et le développement de l’enfant. »

Où en sont les recommandations du rapport préparatoire pour le Plan National de Prévention par l’Activité Physique ou Sportive qui ont été remises au Ministère de la Santé en octobre 2008 ?
• Pr Jean-François Toussaint, Institut de Recherche bioMédicale et d’Epidémiologie du Sport (IRMES) : « Elles sont actuellement en cours de discussion au Ministère mais il y a déjà des actions qui voient le jour sur le terrain comme la formation d’éducateurs médico-sportifs. Une des recommandations prioritaires de ce rapport est de rendre le sport accessible aux personnes atteintes de handicap, de maladies chroniques ou de maladies rares à des fins thérapeutiques, préventives et d’éducation à la santé. Aujourd’hui, les capacités d’accueil de ces structures sont largement insuffisantes par rapport à la demande alors que les bénéfices d’une activité physique sur ces populations sont immenses. »
• Pr Hervé Douard, Fédération Française de Cardiologie : « L’activité physique contribue à la prévention des comorbidités (comorbidités liées à l’obésité telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires et cancers) et limite le risque de récidive. D’une manière générale, l’activité physique apporte des bénéfices physiques, physiologiques, psychologiques et sociaux. Plusieurs paramètres sont améliorés chez les patients tels que : appétit, fatigue, sommeil, anxiété, dépression, image du corps, sociabilité, réinsertion professionnelle, participation sociale. »

Quelles seraient les autres mesures prioritaires de ce rapport ?
• Pr Jean-François Toussaint, IRMES : « Il faut créer les conditions favorisant une mobilité active dans notre environnement urbain. Les politiques publiques organisant l’aménagement du territoire, l’urbanisme, l’environnement, les transports doivent intégrer une dimension de santé publique. Elles doivent envisager l’activité physique quotidienne des Français comme conséquence possible de leurs choix. »
• Pr Hervé Douard, Fédération Française de Cardiologie : « L’aménagement de l’espace collectif doit être conçu de manière à ce que la population puisse se dépenser par des activités intégrées « naturellement » dans les pratiques quotidiennes. Il faut par exemple favoriser le déplacement à pieds ou à vélo avec la mise en place des Pédibus et des Vélobus. »

Activité physique ou sportive, quelle est la différence ? Qu’est-ce que cela signifie concrètement dans le quotidien des Français ?
• Pr Jean-François Toussaint, IRMES : « Le sport et l’activité physique sont souvent dissociés alors qu’ils répondent au même impératif de déplacement de l’Homme. Il faut avoir une perception élargie de l’origine du mouvement. Il peut provenir d’une activité sportive (tennis, natation) comme de l’activité de tous les jours. C’est ce gain de mobilité que nous devons retrouver au quotidien. Car une espèce qui s’arrête est une espèce menacée de disparition. Concrètement cela signifie d’éviter d’avoir recours aux modes de mobilité assistée (ascenseur, escalator…) et de reprendre son vélo le plus souvent possible. »
• Pr Hervé Douard, Fédération Française de Cardiologie : « Aujourd’hui les recommandations officielles sont de 30 minutes d’activité physique pour les adultes et de 60 minutes pour les enfants. Elles ont été définies sur la base d’études menées au Québec, en Allemagne, en France et aux États-Unis. Ces données représentent le seuil en dessous duquel on bascule vers les problèmes de santé. Se maintenir au-delà de ce seuil permet au contraire de conserver une bien meilleure qualité de vie. »

Comment peut-on redonner aux Français l’envie de bouger ?
• Pr Jean-François Toussaint, IRMES : « Pour convaincre les gens, en particulier les plus jeunes, l’argument de la santé n’est pas forcément celui qui doit être mis en avant. Il faut plutôt insister sur le plaisir de pratiquer, la convivialité, la rencontre, toute la dimension sociale. Le message de santé sur une réduction du risque à 40 ou 60 ans ne passe pas auprès des enfants, qui sont dans une phase de croissance où la maladie et la mort n’ont que très rarement leur place. »

Quels sont les pays les plus avancés dans la prévention par l’activité physique ou sportive ?
• Pr Jean-François Toussaint, IRMES : « La Finlande, les Pays-Bas ou au Québec, où un programme « Kino-Québec » a été lancé il y a trente ans pour favoriser l’activité physique à l’école, en entreprise et à tout âge. Il est géré conjointement par le ministère de l’Éducation, des Loisirs et des Sports et celui de la Santé. Un de ces programmes « Escalier vers la santé » est un modèle du genre. L’objectif de 30 minutes par jour d’activité physique peut être en grande partie atteint grâce à l’utilisation de l’escalier. Compte tenu de la faible utilisation des escaliers aujourd’hui, le moindre changement d’habitude pourrait entraîner des gains importants en termes de santé publique. »
Une espèce qui s’arrête de bouger est une espèce en voie de disparition !, par la FFC

Article publié le 31/03/2009 à 11:07 | Lu 6979 fois