Un service civique pour les seniors ? Chronique de Serge Guérin

Le Haut-commissaire à la Jeunesse, Martin Hirsch, vient de présenter le Livre Vert sur la jeunesse, établi avec une commission de concertation On ne reviendra pas ici sur ce rapport solide et très riche. Notons cependant, que pour une fois, la jeunesse n’est pas associée au sport. L’enjeu de la jeunesse est transversal, comme pour la question senior…


Mais revenons à ce Livre Vert aux multiples propositions. L’un des axes majeurs tient à la proposition de l’instauration d’un service civique qui soit plus ambitieux que le service civil qui a été lancé en 2006.

Luc Ferry avait récemment publié une étude allant dans le même sens. Belle idée qui montre à la fois que l’on a mal pensé les effets de la suppression du service militaire obligatoire et qu’il est nécessaire de produire des espaces favorisant le lien social et la quête de sens.

Mais notons que Martin Hirsch évoque aussi un service civique pour les seniors… Si le service civique doit permettre aux jeunes de contribuer au collectif et peut aider certains d’entre eux à entrer dans la vie active et apprendre la vie en collectivité, c’est moins clair pour les seniors.

A priori, ces derniers connaissent la vie en collectivité, étaient jeunes à une époque où le service militaire était obligatoire (certains ont même dû participer à la guerre d’Algérie) et ont pour leur grande majorité, terminé leur vie professionnelle.

Surtout, notons que les seniors sont pour une large part inscrits dans la vie sociale et collective. Rappelons que le monde associatif doit beaucoup à l’engagement des seniors qui proposent leur temps, leur expérience, leur sens relationnel, leur capacité de distanciation…

Rappelons aussi qu’un tiers (30%) des maires, en particulier des petites et très petites communes, sont des retraités. Les seniors pratiquent déjà un engagement civique et civil. Toutefois, tous les seniors ne sont pas engagés de la même façon et, disons le tout net, ils ont aussi le droit de ne pas s’engager ou de ne pas être membres d’une association.

Là encore, méfions-nous des injonctions sociales, de la normativité imposée par un discours qui finit par nier le droit de chacun à construire sa vie, à gérer ses priorités, à établir sa propre ligne de conduite.

Derrière le discours sur un service civique, c’est bien la question du rapport de chacun à l’utilité sociale qui est posée.

Serge Guérin
Professeur à l’ESG
Vient de publier La société des seniors Editions Michalon
Un service civique pour les seniors ? Chronique de Serge Guérin

Publié le 20/07/2009 à 09:44 | Lu 2527 fois