Un cœur entièrement artificiel : c’est déjà demain

La jeune société biomédicale Carmat SAS et le professeur Alain Carpentier viennent d’annoncer dans un communiqué, le développement d’un cœur entièrement artificiel totalement implantable qui pourrait, « demain », venir en aide a des milliers de personnes souffrant de graves problèmes cardiaques. Détails.





Cet exploit technologique est issu de la collaboration du chirurgien Alain Carpentier et de EADS, dans la mise en œuvre de biomatériaux et de technologies de pointes appliqués au domaine du cœur artificiel.

Ainsi, cette société envisage de proposer à la communauté médicale –d’ici deux ans et demi environ- un cœur artificiel utilisant des tissus animaux total implantable permettant de redonner espoir et qualité de vie aux milliers de malades souffrant d'un infarctus massif, d'une insuffisance cardiaque terminale ou pour lesquels la thérapeutique médicamenteuse classique, l’assistance ventriculaire ou la transplantation d’organe ont échoué ou ne sont pas possibles.

Selon ses concepteurs, ce cœur artificiel serait « le plus en pointe au plan mondial ». Toutefois, comme le souligne le professeur Carpentier dans une dépêche de l’AFP, « il ne s'agit pas d'une première, mais du passage d'une étape « importante ». « On passe aujourd'hui de la recherche pure à l'application clinique, après quinze ans de travail on passe la main à l'industrie pour produire un coeur artificiel utilisable chez l'homme ».

Les essais préliminaires de ce cœur artificiel effectués chez l’animal (mouton, veau) et en laboratoire ont suscité l’intérêt de la communauté médicale française et internationale, ainsi que des autorités de santé. Aujourd’hui, le prototype de ce cœur artificiel est breveté et est au stade des essais précliniques.

Comme le souligne le communiqué de la société Carmat SAS, ce cœur artificiel « respecte les critères de biocompatibilité avec le corps humain. Ses fonctionnalités sont similaires à celles d'un cœur naturel, tant au plan anatomique qu’au plan physiologique, avec notamment une régulation automatique des débits et fréquences cardiaques en fonction des besoins physiologiques du patient, tel que l’effort physique ». Des piles extérieures fournissent l'énergie nécessaire à la prothèse.

Le prototype sera évalué, après accord de l’AFSSAPS, initialement chez des malades ne pouvant bénéficier d’autre thérapeutique et au pronostic vital engagé puis, selon les résultats des essais cliniques initiaux, sera évalué chez des patients de meilleur pronostic.

Comme le souligne l’article de l’AFP, depuis les années 80, plusieurs projets de coeur artificiel ont vu le jour, pour la plupart posés en attente d'une greffe. Mais aucun ne semble encore avoir réussi à résoudre à long terme les problèmes les plus complexes, infections et surtout formation de caillots. Selon des données récentes, il y en aurait eu à ce jour quelque 900 au monde, avec une durée de survie moyenne de 4 ans. Le premier patient au monde à avoir été greffé avec un coeur artificiel permanent, en juin 2000, est décédé en décembre 2007.

A propos du Professeur Alain Carpentier

Professeur émérite à l’Université Pierre-et-Marie-Curie (Université Paris VI), professeur à l'École de Médecine Mount Sinai à New York, il est fondateur et directeur du laboratoire d'étude des greffes et prothèses cardiaques de l'Université Paris VI. Lauréat du Grand Prix de la Fondation pour la Recherche Médicale (1998) et membre de l'Académie des sciences, il reçoit en 2007 le prestigieux Prix Albert Lasker de recherche médicale qui couronne ses deux principales contributions, que sont l’invention des bioprothèses valvulaires (valves Carpentier-Edwards) et la mise au point de techniques de chirurgie plastique et reconstructrice des valves cardiaques, dont bénéficient chaque année plusieurs centaines de milliers de malades dans le monde.

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Article publié le 28/10/2008 à 12:09 | Lu 5049 fois