Toulouse : entretien avec le Pr Bruno Vellas à l'occasion de l'ouverture du tout premier IHU

Le tout premier Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) dédié au vieillissement vient d’être créé à Toulouse. Pour l’occasion, la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie (SFGG) a posé trois questions au professeur Bruno Vellas.






C'est une chance que le vieillissement figure sur la carte de France des IHU, mais qu'est-ce qu'un IHU émergent ?

Il faut bien avoir en tête que l’appel d’offre IHU est un appel d’offres de médecine translationnelle ; c’est-à-dire, qui va de la recherche fondamentale à la clinique. Il s’adresse donc à la Géroscience qui est une discipline émergente.
 
En effet, toute discipline commence par le social puis par la clinique puis la recherche clinique et enfin la recherche translationnelle. Cela a été le cas des Neurosciences, de l’oncologie et c’est le cas maintenant de la Gériatrie avec la Géroscience d’où cet IHU d’une discipline émergente qui doit devenir d’ici 5 à 10 ans, un des plus grands IHU de France.

Quelques exemples de travaux de recherche qui vont être développés ?

Nous allons développer la recherche translationnelle c’est-à-dire que nous allons développer nos cohortes de modèles animaux avec des colonies de poissons « african killifish » qui ont une durée de vie de 6 mois, qui permettent d’étudier l’impact des géroprotecteurs ainsi que les modifications des capacités intrinsèques.
 
Nous avons également une colonie de 1.500 souris, grâce au programme INSPIRE dans lequel nous étudions différents modes de vieillissement et l’évolution avec différentes capacités intrinsèques.
 
Enfin, nous avons la cohorte humaine en miroir, INSPIRE T, de 1.040 personnes âgées de 20 à plus de 100 ans, que nous allons suivre pendant plus de dix ans pour participer au développement des biomarqueurs du vieillissement, de la Geroscience et des corrélations de ces biomarqueurs avec la perte des capacités intrinsèques et notamment celle explorée avec le programme ICOPE qui est réalisé tous les 6 mois dans la cohorte INSPIRE T.
 
Nous avons également la cohorte ICOPE CARE avec désormais plus de 34.000 seniors suivis par ICOPE MONITOR DIGITAL sur les territoires qui apporte tout un ensemble de données extrêmement importantes.
 
Un autre axe est la recherche thérapeutique avec un certain nombre d’essais thérapeutiques qui vont être réalisés dans le domaine notamment de la thérapie cellulaire, de dérivés de l’apeline notamment sur le muscle, des immunomodulateurs et cela dans le cadre d’une médecine toujours translationnelle.

Quelle est votre stratégie de développement ?

Comme cela a toujours été, de se retrousser les manches et de travailler dur pour porter la discipline au plus haut ; tous ceux qui sont venus en Gériatrie savent au combien il nous faut travailler pour arriver et être reconnus comme les autres disciplines. Nous y arrivons peu à peu.
 
L’IHU va permettre de favoriser tout cela en avançant toujours pas à pas en concrétisant nos actions, en finissant les travaux et en les publiant au plus haut niveau en lien avec l ‘ensemble des forces de la gérontologie au niveau national.
 
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Article publié le 26/05/2023 à 05:42 | Lu 3278 fois