The Bridge 2017 : Francis Joyon, un skipper sexagénaire passeur d'histoire

Le skipper français Francis Joyon, 60 ans, est parti hier de Saint Nazaire avec ses équipiers à bord de son bateau IDEC pour la course transatlantique The Bridge 2017 qui doit relier New York sur la route qu’empruntait il y a un siècle, les soldats américains venus se battre lors de la première guerre mondiale.


On ne refait décidément pas Francis Joyon. Ainsi, quelques mois seulement après son historique victoire dans le Trophée Jules Verne, le skipper sexagénaire du maxi trimaran IDEC SPORT trépignait d’impatience la semaine dernière à l'idée de repartir en course sur l'Atlantique.
 
Ce sprint d'est en ouest, contre les vents dominants, et, chose nouvelle pour sa machine à pulvériser les records, met en compétition ce qui se fait de mieux au monde en matière de maxi multicoques océaniques.
 
« J'ai pu observer de près nos adversaires à l'occasion de notre très agréable séjour nantais » précisait Francis avant de partir. « Le maxi trimaran Macif m'a beaucoup séduit, avec ses lignes fines qui évoquent la légèreté ». La légèreté, à n'en point douter l'une des clés pour prétendre à la victoire sur un parcours rien moins que rectiligne, où les phases de transition dans des vents faibles puniront les bateaux lourds, et favoriseront les coques fines et aériennes.
 
« Nous partons donc en configuration allégée » poursuit Francis, « au grand dam d'Alex puisque nous avons sacrifié sur l'autel de la chasse au poids tous nos ustensiles de cuisine. Point de paella entre Saint-Nazaire et New-York, mais nos 3.000 calories quotidiennes à absorber sous forme de plats lyophilisés ».
 
En l'absence de Bernard Stamm, Maître ès avitaillement du bord, c'est Gwéno qui s'est chargé de concocter pour 8 jours de nourriture légère et efficace. « Nous nous attendons à tricoter dans des vents d'ouest » s'avance Francis. « Point de grandes cavalcades façon Grand Sud en perspective, mais de la stratégie, du flair et de la prise de risque… ». Bref, une course d’expérience qui sied parfaitement à ce « pas si vieux » loup de mer.

Francis le Solitaire, a su, pour se lancer dans l’aventure, mélanger les éclectismes et fusionner les générations. L'équipage choisi pour The Bridge, dans la continuité du Trophée Jules Verne, s'inscrit dans la même logique et le même désir du skipper trinitain de tendre la main aux nouvelles générations et aux talents émergents. 
 
Face à des voiliers plus récents, souvent plus sophistiqués avec notamment des mâts basculants et pour certains, des plans porteurs, IDEC SPORT part sans complexe, confiant en sa capacité à performer lors de certaines phases météos spécifiques.

« Le bateau est typé pour le portant dans la brise » expliquait Francis avant de partir, « des conditions que nous n'aurons qu'avec parcimonie entre Europe et continent américain en cette saison. Mais il n'est pas le moins bon aux allures proches du vent, et y compris dans les petits airs. Il va y avoir beaucoup de situations stratégiques intéressantes, avec des passages de fronts. On va s'éclater ! »
 
The Bridge 2017, transat de 3.150 milles entre Saint-Nazaire et New-York City, célèbre de spectaculaire manière l'arrivée en France des premiers « doughboys », ces soldats de l'Oncle Sam venus prêter main forte à la Triple Entente face aux empires Allemands et Austro-Hongrois en 1917.

L’équipage IDEC
Francis Joyon, 60 ans
Alex Pella (ESP), 44 ans
Gwénolé Gahinet, 33 ans
Sébastien Picault, 41 ans
Quentin Ponroy, 30 ans
 
Une course inédite entre le Queen Mary 2 et 4 trimarans géants :
- Thomas Coville (SODEBO)
- François Gabart (MACIF)
- Francis Joyon (IDEC)
- Yves le Blévec (ACTUAL)

Publié le 26/06/2017 à 01:00 | Lu 712 fois