Stannah ou quand le design vient en aide aux personnes âgées

A priori un monte-escaliers n’a pas grand-chose à voir avec l’univers du design... Pourtant, l’entreprise anglaise Stannah, l’un des leaders mondiaux sur le marché du monte-escaliers, travaille depuis 2005 avec Seymour Powell, l’un des plus grands cabinets de design en Europe pour la conception de ses sièges. Résultat : des produits plus ergonomiques, plus beaux, plus simples d’utilisation... Rencontre à Bruxelles avec Richard Seymour, le designer à l’origine des modèles Solus et Sofia.





Le monte-escaliers n’est pas un produit facile à vendre. En effet, installer un tel équipement chez soi revient à avouer à la face du monde et de ses proches : « j’ai un handicap et maintenant cela se voit ».

Bien conscient de cette problématique, l’entreprise anglaise Stannah a décidé de prendre les choses à bras le corps et de rendre ses produits plus beaux, plus design, plus ergonomique, plus déco, plus tendance, etc.

Pour ce faire, elle s’est rapprochée du cabinet de design Seymour Powell, l’un des plus réputés en Europe qui a travaillé pour les plus grands : de Minolta à BMW en passant par Rowenta, Jaguar, Nokia Yamaha et même plus récemment Virgin Galactic. Retour sur l’histoire de cette rencontre a priori improbable.

Tout commence il y a huit ans par une émission de télé... A l’époque, Peter Gilbert, directeur marketing de Stannah découvre le designer Richard Seymour lors d’un programme TV intitulé « Designs on » diffusé sur Channel 4. « Avec son associé, souligne Peter Gilbert, ils étaient occupés à redessiner des toilettes. J’ai immédiatement fait le parallèle avec le monte-escaliers : il vous en faut un chez vous, mais cela doit rester discret ».
Richard Seymour

Stannah ou quand le design vient en aide aux personnes âgées

Stannah
Le lendemain, Peter Gilbert entre en contact avec le cabinet Seymour Powell. Richard Seymour accepte rapidement de se déplacer. Le surlendemain, il arrive à l’usine de Stannah –toute la production est réalisée en Grande-Bretagne- et découvre les produits de la marque dans son show-room...

Sa première réaction -non dénuée d'humour- en voyant l’un des monte-escaliers : « va-t-il me mordre ? » Et de préciser dans la foulée, « on doit mieux faire ».

Dès le début de ce partenariat, la méthodologie appliquée par le cabinet Seymour Powell a été de chercher à déterminer les besoins et les envies de la cible (très majoritairement senior) ainsi qu’à comprendre leurs éventuelles réticences à l’égard des sièges monte-escaliers. « En ce qui concerne le monte-escaliers, il a fallu le rendre attractif et le faire « disparaître ». Comment minimiser l’effet négatif ? En mettant en avant le côté positif » souligne Richard Seymour. Et de préciser « Si je dois imaginer la maison de demain, je dois être optimiste. Je dois faire que les choses aillent mieux, sinon, je suis foutu en tant que designer. Il faut penser les produits pour le plus grand nombre. Il y en a trop qui ne sont pas adaptés à une société vieillissante. C’est un crime ».

Né en 1953, Richard Seymour fait partie de la génération des baby-boomers. En tant que designer, il sait qu’avec l’âge, l’utilisation de certains ustensiles, de certains produits, de certains véhicules, etc. devient plus difficile. Il sait également qu’il ne faut pas créer un produit pour les jeunes, un produit pour les gens âgés, un produit pour les malentendants... Il prône le design universel, celui qui permet au plus grand nombre d’utiliser les infrastructures ou les objets d’une manière optimale pour tous...

L’un des exemples qui illustre peut-être le mieux ce concept, ce sont les trottoirs aménagés : en effet, grâce à leur pente douce, ils permettent au plus grand nombre de les utiliser en toute sécurité. Les femmes avec un landau, les personnes âgées avec une canne, l’homme d’affaires avec sa valise à roulettes, le jeune avec sa patinette, le skieur occasionnel qui revient de ses vacances avec une jambe dans le plâtre. Bref, tout le monde, quelque soit son âge, avec ou sans handicap, profite de ces trottoirs accessibles à tous mais non stigmatisant. D’une manière générale, c’est ce qu’essaie de faire Richard Seymour lorsqu’il crée un objet. Il pense à son utilisation par le plus grand nombre.

« Avant d’esquisser l’avenir, remarque M. Seymour, il faut s’intéresser aux gens : que souhaitent-ils et comment voient-ils les choses ? Il faut comprendre que leurs besoins émotionnels prennent souvent le pas sur leurs besoins physiques. Le design n’est pas affaire de technique mais de personnes. Le design sert à améliorer le présent des gens. Et s’il n’apporte pas de « mieux », ce n’est pas du design. Pour développer un produit, il ne faut plus faire qu’un avec l’utilisateur final : si on ne recherche pas et si on ne développe pas cette empathie, le produit ne vaudra rien ».

Et d’ajouter : « Nous nous sommes rendu compte du rôle déterminant d’un monte-escaliers dans une vie : une fois installé, c’est la vie qui change. Ce n’est pas comme porter des lunettes : nous pouvons tous, bien sûr, imaginer le moment où il faudra mettre des lunettes pour améliorer notre vue, puisque nous avons déjà tous porté des lunettes de soleil, en trouvant ça plutôt sympa. Un monte-escaliers est davantage comme un appareil auditif, puisque finalement, on admet avoir un problème... »

Résultat : sont nés de ce partenariat entre Stannah et Seymour Powell, les modèles de monte-escaliers Solus et Sofia qui outre leur simplicité d’utilisation, leur ergonomie, leur sécurité ou leur confort, s’intègrent parfaitement à l’habitat des personnes âgées grâce à un véritable travail sur leur design. Le modèle Solus a d’ailleurs remporté en 2005 le Trophée d´Or du Design lors du salon Batimat.

Compter de 5 à 10.000 euros en fonction des modèles. Garantie deux ans et cinq ans pour le moteur du monte-escaliers.

Bon à savoir

Vous pouvez bénéficier d’un crédit d’impôt égal à 25% des dépenses liées aux équipements spécialement conçus pour les personnes âgées ou handicapées et qui sont installés au sein de leur résidence principale. Le montant à retenir correspond au prix d’achat TTC de l’installation et ces dépenses sont retenues dans la limite d’un plafond global s’appliquant à tous les travaux réalisés dans le même logement entre le 1er janvier 2005 et le 31 décembre 2009 : plafond fixé à 5000 € pour une personne célibataire et 10 000 € pour un couple (marié ou pacsé), puis majoré en cas de personne à charge. Si vous êtes non imposable, le Trésor Public vous adressera un chèque du montant correspondant.

Article publié le 24/11/2008 à 16:54 | Lu 9875 fois