Sommeil et obésité : des liens flagrants

Le lien observé entre l’obésité et le sommeil dans l’enquête INSV/MGEN « Sommeil et nutrition » menée dans le cadre de NutriNet‐Santé est très net quelle que soit la caractéristique de sommeil étudiée, qu’il s’agisse de la réduction du temps de sommeil, de l’insomnie, de l’hypersomnolence, de la présence de problèmes de sommeil au cours des 8 derniers jours et du syndrome d’apnées du sommeil.


« Une relation forte entre tous les indicateurs du sommeil et l’obésité a été observée chez les Nutrinautes de l’étude INSV/MGEN » souligne le Pr. Serge Hercberg. Ces résultats confirment de façon manifeste l’existence de liens entre un trouble du sommeil et des perturbations du métabolisme énergétique, déjà suggérés dans nombre d’études qui montraient une corrélation entre un indice de masse corporel (IMC) élevé et une courte durée de sommeil.
 
Risque d’obésité augmenté chez les personnes qui dorment peu, de 34% pour les femmes à 50% pour les hommes. L’analyse du temps total de sommeil montre que, quel que soit le sexe, il y a plus d’obèses dans le groupe des petits dormeurs (6h) que parmi les longs dormeurs : 9,5% vs 7,3% chez les femmes et 10,4% vs 7,2% chez les hommes.
 
Risque d’insomnie des femmes obèses de 43% plus élevé par rapport aux femmes non obèses. Dans cette enquête, comme dans la population générale, une proportion élevée de personnes disent souffrir d’insomnie : 22% chez les femmes et 13,9% chez les hommes. La prévalence de l’insomnie augmente au fil des ans jusqu’à 64 ans, pour diminuer par la suite. De la même façon, un pourcentage très élevé de personnes se plaignent d’avoir eu des problèmes légers ou importants de sommeil au cours des 8 derniers jours : 47,6% des hommes et 60,4% des femmes. Ce pourcentage est 18% plus élevé chez les femmes obèses que chez les non obèses.
 
Concernant le lien obésité‐insomnie en effet, 10,4% des femmes insomniaques sont obèses alors que seules 7,5% des femmes non insomniaques souffrent d’obésité. A l’inverse, on observe que 27% des femmes obèses sont considérées insomniaques alors qu’elles ne sont que 19% chez les femmes non insomniaques. Chez les hommes, les différences vont dans le même sens, mais ne sont pas statistiquement significatives.
 
Risque d’hypersomnolence sévère augmenté chez les personnes obèses : le pourcentage de sujets souffrant de somnolence dans cette enquête est comparable à celui habituellement trouvé en population générale : 23,2% se plaignent d’hypersomnolence modérée et 3,8% de sévère chez les hommes, et 24,7% et 4,4%, respectivement, chez les femmes. On retrouve un lien entre hypersomnolence sévère et obésité puisque 3,7% des femmes et 3% des hommes normo-ponderaux et respectivement 6,3% et 6,9% des femmes et hommes obèses sont diagnostiqués avec une hypersomnolence sévère. Au total, le risque de souffrir d’hypersomnolence est donc 70% plus élevé chez les femmes obèses et plus de 2 fois supérieur chez les hommes obèses que chez les personnes non obèses.
 
En tout, 81% des personnes traitées pour des apnées du sommeil sont obèses ou en surpoids (51% sont obèses). On retrouve dans cette enquête le lien déjà bien connu entre l’apnée du sommeil et l’obésité. En effet, le risque de souffrir d’apnées du sommeil est seize fois plus élevé chez les femmes obèses et onze fois plus chez les hommes obèses, que chez les sujets non obèses.

Publié le 31/03/2015 à 01:00 | Lu 2783 fois