Société branchée : quelle place pour les seniors (Colloque 29 et 30 mai 2008 à Montréal)

Un colloque se tiendra les 29 et 30 mai prochains à Montréal, dans le cadre de la recherche sur « le rôle des aînés dans le transfert intergénérationnel des technologies de l’information et de la communication au sein de la cellule familiale », dirigée par Magda Fusaro, professeur au Département de management et technologies de l’université du Québec de Montréal.


Depuis plusieurs années déjà, nous savons que le portrait des aînés d’aujourd’hui est bien différent de celui de leurs prédécesseurs : l’environnement et le contexte sociopolitique actuel font en sorte que nos aînés vivent la retraite dans des contraintes et des réalités bien particulières. Les médias, pour leur part, n’hésitent pas à traiter des défis que leur adaptation à un monde en constante mutation pose aux personnes âgées. En effet, les aînés sont de plus en plus nombreux et actifs au sein de la société et, surtout, ils sont davantage « connectés » aux technologies qui nous entourent.

À cet effet, le portrait d’utilisation par les personnes âgées des technologies de l’information et de la communication (TIC) devient donc un angle de recherche particulièrement intéressant. Incidemment, le nombre de personnes faisant partie du troisième âge augmente rapidement, ce qui est aussi le cas pour leur intérêt quant aux TIC. Ainsi, les constats sont nombreux : à la retraite, les liens professionnels sont le plus souvent coupés, ce qui contribue à l’isolement des personnes âgées. Par ailleurs, les grands-parents demeurent le plus souvent exclus de la cellule familiale en raison de leur éloignement géographique (les cas d’habitations intergénérationnelles sont en effet encore assez rares), ce qui réduit les possibilités de transfert intergénérationnel. Et pourtant, par une utilisation créative des TIC, ces mêmes grands-parents parviennent à compenser cet isolement forcé.

Mais qui sont ces aînés et quels rapports entretiennent-ils avec les nouvelles technologies ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les aînés « branchés » font une utilisation diversifiée et parfois intense des outils technologiques qu’ils ont choisis. La culture informatique qu’ils en retirent leur permet, non seulement de mieux communiquer avec leurs enfants et petits-enfants, mais aussi de réduire du même coup le fossé générationnel qui empêche trop souvent le transfert intergénérationnel. Gardons-nous pourtant de généraliser la réalité de ces aînés branchés à l’ensemble de la population des aînés (troisième et quatrième âge), car au sein de cette population, existent de grandes disparités, voire un fossé qui se creuse, entre les personnes utilisant les TIC et celles qui ont peu ou pas d’accès à ces technologies.

Ainsi, l’objectif de ce colloque est de réfléchir, avec la collaboration de conférenciers invités du milieu de la recherche, du milieu communautaire et gouvernemental et avec les participants de notre étude, aux apports positifs que procure l’utilisation de technologies, notamment pour briser l’isolement, pour maintenir l’activité intellectuelle, pour garder un lien avec l’actualité et les débats de société. Considérant l’utilisation que font les personnes âgées des nouvelles technologies, plus particulièrement le rôle qu’elles peuvent jouer dans le transfert intergénérationnel au sein de la cellule familiale par le biais de la médiation technologique, nous souhaitons amorcer un débat de société sur la nécessité de former nos aînés à l’usage des technologies de l’information et de la communication.

Lors de ce colloque trois axes de réflexion seront abordés.

AXE 1) Internet : nouvel espace social pour les aînés

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les aînés sont familiers avec les TIC. Ils utilisent le courriel au moins autant que leurs enfants et leurs petits-enfants. Ils lisent les grands titres, échangent des photos, et font également des transactions bancaires et du chat, et ce, dans des proportions parfois surprenantes. Internet est devenu au fil de son évolution une véritable plate-forme sociale pour les aînés, les grands-parents en particulier.

La place qu’occupent les technologies dans la période de transition et d’adaptation vécue par les aînés entre leurs années au travail et la retraite, nous apparaît une des voies d’analyse intéressantes. Plusieurs d’entre eux ont été initiés aux TIC dans le cadre de leurs fonctions professionnelles, et une fois retraités, ils utilisent cette connaissance pour se réapproprier leur outil de travail et en faire un outil de socialisation. La technologie leur sert aussi à combattre le sentiment d’isolement.

Cet axe se propose également d’examiner les différents mythes et légendes circulant autour des aînés et de leurs « incapacités » technologiques. Séparés de leurs enfants et de leurs petits-enfants, les technologies aident pourtant ces aînés à résorber les distances physiques, familiales et intergénérationnelles. Mais qu’en est-il de ces technologies ? Et quelles sont les pratiques développées par ces aînés ? Internet est-il le remède à l’exclusion sociale comme certains tendent à l’affirmer ou bien ne s’agit-il que d’un ersatz de nos sociétés informatisées ?

AXE 2) D’hier à aujourd’hui, le rôle des grands-parents au sein de la société

La place que l’on fait aux personnes âgées est un thème de plus en plus exploité dans les médias et sur la place publique. Si l’on parle beaucoup de l’exclusion des personnes âgées du débat public, on oublie trop souvent le sentiment d’exclusion qui se vit aussi dans la cellule familiale, notamment à cause de l’éloignement des enfants et des petits-enfants. Cependant les relations familiales évoluent, et la diminution du nombre d’enfants et de petits-enfants par famille tend à être compensée par une augmentation de la qualité de la relation grands-parents-petits-enfants. Qu’en est-il réellement de cette relation aujourd’hui ? Quels sont alors les rôles des différents membres au sein de la cellule familiale ? Les relations familiales et sociales favorisent-elles la transmission du patrimoine culturel et des savoirs personnels ?

Par ailleurs, les grands-parents se disent aujourd’hui plus disponibles pour leurs petits-enfants, affirmant même avoir plus de temps à leur consacrer que les parents qui travaillent. Si la libération des contraintes d’un horaire de travail est souvent cité comme le grand bienfait de la retraite, les retraités sont loin d’être condamnés à l’inactivité. Au contraire, les grands-parents d’aujourd’hui sont plus actifs, plus mobiles. Cette disponibilité a-t-elle une incidence sur la qualité et la fréquence des relations intergénérationnelles ? Loin de cette figure de patriarches retirés du monde qu’ils ont déjà incarnée, les grands-parents sont aussi plus branchés aujourd’hui sur l’actualité, les nouvelles tendances et les nouvelles technologies qu’ils ne l’ont jamais été et évoluent dans un espace culturel de plus en plus similaire à celui de leurs enfants et leurs petits-enfants. Le partage d’intérêts communs a-t-il une incidence sur les relations intergénérationnelle ? Dans quelle direction se font les échanges, notamment lorsqu’un apprentissage est nécessaire pour l’utilisation de nouvelles technologies ? Les familles plus branchées, sont-elles synonymes de familles mieux « connectées » ?

AXE 3) Les aînés : perspectives d’avenir pour une société vieillissante

Les aînés d’aujourd’hui sont loin de ressembler à ceux d’il y a 30 ou 40 ans. Leur profil sociologique et culturel évolue rapidement. Pourtant, on note de la part des institutions et des gouvernements une certaine difficulté à s’adapter à ces changements. Dans le contexte actuel d’une société vieillissante, comment peut-on aider nos aînés à relever les nombreux défis auxquels ils font face ? Quelles sont les mesures déjà mises en place pour intégrer adéquatement nos aînés ? Peut-on en développer d’autres ?

Par ailleurs, on découvre aujourd’hui que les aînés branchés à Internet restent en contact avec leurs enfants et leurs petits-enfants, mais aussi avec la famille éloignée géographiquement, les frères, les tantes, les neveux, etc. En outre, les technologies de l’information leur permettent de multiplier les contacts avec l’extérieur par l’intermédiaire de listes de diffusion, de chaînes d’envois de courriel, et ainsi de rester en prise directe sur l’actualité. Non seulement, ces aînés ne sont pas des analphabètes de l’informatique, mais leur utilisation des TIC leur permet de combattre l’isolement et les problèmes de santé qui peuvent en résulter. Dans ce sens, il importe de valoriser et de faire connaître les moyens mis en place pour faciliter aux personnes âgées l’accès et l’apprentissage d’Internet, ainsi que les nombreuses organisations qui ont pour mission de leur venir en aide.

Cet axe de réflexion abordera les questions liées aux structures en place et aux organismes communautaires et gouvernementaux. Il permettra notamment d’aborder la problématique du financement et des moyens d’action à mettre en œuvre afin de faciliter l’accessibilité, puis l’utilisation des technologies. En d’autres termes, à quand un programme gouvernemental pour « Brancher nos aînés » ?

Processus de sélection

Les résumés de 1500 signes (espaces compris) doivent inclure un titre et un axe d’intérêt. Les résumés doivent être envoyés au plus tard le 7 mars 2008 à l’adresse suivante : intertic@uqam.ca Les propositions feront l’objet d’une double évaluation. Les textes soumis pour publication seront évalués à partir de la réception des résumés. Les textes doivent être soumis pour le 14 avril 2008 à l’adresse suivante : intertic@uqam.ca . Les textes retenus seront publiés dans les actes du colloque INTERTIC. Les consignes pour la publication des textes se trouvent à la fin de ce document.

Informations

Geneviève Michaud, Responsable des communications
Colloque INTERTIC
Adresse courriel : intertic@uqam.ca
Tel. : 514 987-3000, poste 7626
Site Web : www.intertic.uqam.ca

Publié le 06/03/2008 à 08:55 | Lu 10375 fois