Sexa de Michel Delpech : nouvel opus d’un sexy sexagénaire…

Michel Delpech, 63 ans, inoubliable interprète de Chez Laurette, Quand j’étais chanteur, Les divorcés, etc. vient de sortir un tout nouvel chez Universal Music album baptisé Sexa. « Sexa »' ? Mais qu’est ce que « Sexa » ? Sexy, sex-appeal, saxo ou sixties, l’abréviation « sexa » génère toutes sortes de jeux de mots et d’allitérations. Ce qui n’est pas la seule raison pour laquelle Michel Delpech l’a choisie comme intitulé de son nouvel album…





« Ça m’est venu à la dernière minute, je cherchais un titre et je suis tombé sur un article de journal à propos des quinquas... » confie-t-il sur son site Internet. « La soixantaine, pour moi, c’est l’été indien. Depuis trois ans que j’y suis entré, je me sens particulièrement bien ».

La preuve, ce nouvel album, sans doute l’un des plus personnels et émouvants de l’artiste, un disque en forme de bilan serein et apaisé, qui parle d’amour et de fraternité, de paix et de pardon.

Depuis trois ans qu’il est sexagénaire, Michel Delpech n’a guère chômé. Et c’est peu de dire que le public a suivi, fidèle au rendez vous, hier comme aujourd’hui. « Il n’était pas question d’en rester là, avoue Michel : revisiter mes vieux tubes était une très bonne chose, mais il me fallait passer à la suite ».

Le résultat, c’est ce recueil de treize chansons nouvelles, dont dix coécrites par Michel et son complice Francis Basset : « Nous avons travaillé pendant deux ans, pris des notes, noirci des pages, échangé des tas d’idées. Je voulais que les chansons aient un esprit pop et qu’elles touchent le plus grand nombre possible ».

Autobiographique ? Il y a toujours eu dans les chansons de Michel Delpech, de « Chez Laurette » au « Roi de rien », en passant par « Quand j’étais chanteur » ou « Fuir au soleil », une part de lui même. Pourtant, certains titres de ce nouvel album semblent directement parler à la première personne du singulier intime. Comme « Mon ange », message de gratitude amicale adressé à l’ange gardien qui, Michel en est sûr, le protège depuis tant d’années : « Quand j’étais petit, trois ans environ, je suis tombé sous un train à la gare Saint Lazare et un inconnu m’a sorti de là, quelques secondes avant que le convoi ne démarre. J’ai eu plusieurs fois la sensation, dans ma vie, qu’il y avait eu une intervention, une main sur mon épaule qui m’avait retenu. Donc je crois aux anges gardiens. Le mien a eu beaucoup de travail, beaucoup trop, j’espère maintenant qu’il va pouvoir se reposer un peu et s’occuper d’autre chose… »

Dans « Lettre à tous ceux-là », acte de contrition pop symphonique, écrit à « l’encre infiniment sympathique » sur une musique du regretté Frank Langolff, le chanteur adresse un petit signe à tous ceux qu’il a pu un jour blesser. Pour « Je ne t’aurais pas vue », magnifique ballade dans la lignée de « Tu me fais planer », Michel a hésité sur la façon d’accorder le verbe voir, au féminin ou au masculin : « La chanson s’adresse aussi bien à Dieu qu’à une femme, puisque la femme que j’aime est un cadeau de Dieu. Ca parle aussi de toute une époque où j’étais dans le brouillard… »

Rédemption et partage, deux thèmes qui traversent l’album, comme dans « L’âge d’or », composé par Pierre Papadiamandis et inspiré par la lecture d’un livre de Cormack McCarthy, rêve d’un monde où « les hommes seraient chacun pour l’autre » ; ou « Des compagnons », ode à la fraternité signée Jérôme Attal et Alain Lanty, qui affirme, sur fond de cordes poignantes, que « la vraie misère c’est d’être seul ».

Crooner du tendre (« La nuit douce d’Alice », « Cette petite femme pour moi ») Michel est aussi, on le sait, un fin chroniqueur chantant de la société française. Ainsi, « Je passe à la télé », signée Ben Ricour et Pierre Grillet, évoque au féminin la fascination d’une certaine télé réalité, « Comme on s’traite » fustige ironiquement les incivilités quotidiennes, et « J’ai revu la cigarette » se veut un clin d’œil nostalgique à un passé enfumé (« imagine-t-on « Casablanca » avec un patch à Bogart ?).

« Le pour et le contre », écrit par Dominique A, concède qu’il n’est pas toujours facile de dire non, et « Johnny à Vegas » raconte, à la façon d’une nouvelle de Raymond Carver, l’itinéraire émerveillé d’un fan français parti applaudir son idole au pays d’Elvis.

« Puisque t’es là l’automne, tu me conviens… » chante Michel dans l’une des plus touchantes ballades de l’album, « Les belles et l’automne », allusion à un passé donjuanesque aujourd’hui révolu. A en juger par cet album, le « sexa » Delpech, toutes saisons confondues, n’a pas fini de nous séduire.

Michel Delpech
Sexa,
Sortie le 15 juin 2009

Article publié le 19/06/2009 à 09:40 | Lu 4073 fois