Seniors à l’honneur : une Semaine Bleue du 20 au 26 octobre 2008 sous le signe de l’Internet

Se contacter pour mieux rentrer en relation, s’impliquer dans un réseau relationnel et s’inscrire dans la chaîne des générations, tel est le l’objectif du thème « Jeunes et vieux, connectez-vous ! » à l’heure d’Internet et de la culture des réseaux. La Semaine Bleue 2008, qui se déroule du 20 au 26 octobre dans toute la France, sera donc l’occasion de rapprocher des générations si différentes et pourtant si proches au regard des questions d’intégration, d’exclusion sociales et de cette envie de vivre intensément l’instant présent.


Dans la continuité du thème 2006/2007 : « Jeunes et vieux… Ensemble ! », le Comité national a souhaité accentuer le lien intergénérationnel en proposant pour les deux années à venir le thème « Jeunes et vieux, connectez-vous ! » « Pour vivre ensemble nos âges, nos cultures, restons connectés ! ».

Ce thème, en complète phase avec notre société actuelle, a offert un champ d’expression et de communication très large aux acteurs du secteur puisque le Comité national a examiné 212 dossiers candidats au concours 2008 contre 164 en 2007.

Dans le contexte de cette semaine, cinq actions menées auprès de personnes âgées ont été primées le 2 octobre dernier dans le cadre d’un appel à concours lancé mi-avril. La Semaine Bleue c'est « 365 jours pour agir et 7 jours pour le dire » Soyons nombreux à participer à cet élan de solidarité intergénérationnel !

« Jeunes et vieux, connectez- vous ! » « Pour vivre ensemble nos âges et nos cultures, restons connectés ! »
Se contacter pour mieux entrer en relation, et rompre ainsi la spirale de l’isolement et de la solitude qui frappent trop souvent les plus âgés d’entre nous et les jeunes aussi parfois. Connectez-vous : à votre famille, vos amis et voisins, à la création, à Internet, au monde, entre vous, etc.

Pourquoi parler de connections en matière de solidarités intergénérationnelles ? A l’heure d’Internet et de la culture des réseaux, la formule peut sembler racoleuse ou surprenante. Elle illustre en tout cas la double injonction qui subordonne l’inclusion sociale à savoir la nécessité de s’impliquer dans un réseau relationnel et celle de s’inscrire dans la chaîne des générations.

Quand Jean-Baptiste de Foucault dit que l’homme a davantage besoin de liens que de biens, il ne fait que retranscrire cette suprématie de l’être sur l’avoir dans les liens fraternels qui devraient nous unir au sein du pacte républicain. De ce point de vue, on peut déplorer que la Fraternité soit souvent le parent pauvre de notre devise républicaine dès lors qu’il s’agit de personnes en situation objective d’exclusion.

La perte du lien social : poison et synonyme trop fréquent du passage à la retraite
Certes le lien social perdure plus longtemps au sein des relations intergénérationnelles intra familiales mais ne peut se résumer à elles seules. Au-delà de la question de l’utilité sociale des personnes sorties de la sphère de la production économique et du monde du travail, il convient de s’interroger sur leur statut et les modalités d’exercice de leur citoyenneté en dehors de la logique de la consommation qui semble être aujourd’hui la réponse promue, notamment par le marketing senior. .../...
Seniors à l’honneur : une Semaine Bleue du 20 au 26 octobre 2008 sous le signe de l’Internet

Les nouveaux modes de communication : poser différemment la question du lien
Les techniques de communication deviennent l’outil principal pour communiquer avec l’autre, rester un lien avec le monde extérieur, la société ; et ce, même pour la personne retraitée qui n’est plus réfractaire à l’apprentissage et l’utilisation de ces nouveaux modes de communication.

Il en va de même avec de nombreuses actions de lutte contre la solitude des personnes isolées, notamment envers les personnes âgées dans leur quotidien où nous pouvons observer que de garder un lien avec le monde extérieur est nécessaire à la « survie » de ces aînés.

C’est donc bien l’image du réseau, du lien, qui vit autour de la personne connectée au-delà de la simple fonction économique qui est mise en valeur et recherchée actuellement à travers toutes les générations, aussi bien chez les jeunes que chez les vieux. Le succès de sites de rencontres atteste que les internautes ne sont pas en quête que de bonnes affaires. Que penser de cette communication électronique qui se développe et implique tous les jours davantage de seniors ?

Se connecter pour mieux entrer en relation et rompre ainsi l’isolement et la solitude qui frappent trop souvent les plus âgés et les jeunes aussi parfois. La Semaine Bleue 2008 sera l’occasion de rappeler que jeunes et vieux ont beaucoup plus de choses qui les rapprochent que de choses qui les séparent et notamment cette envie de vivre intensément l’instant présent.

Régine Detambel, Marraine de la Semaine Bleue 2008

« Marcher aux côtés de la Semaine Bleue est pour moi la meilleure manière de donner à mes questions portant sur les réalités sociales, psychologiques, artistiques des vieillesses, un résonateur, mais aussi d’apporter, à une institution dévorée par la logique de l’efficacité dans l’urgence, le retrait et la patience des livres.

La personne âgée est un surprenant miroir. Elle semble (se) poser sans cesse la question de savoir ce qu’au fond on fait de la vie. À quoi passe-t-on sa vie, et pourquoi ? Le grand âge est une vraie question philosophique et métaphysique, plus prenante encore que la question de la mort. Vieillesse : comment vit-on avec ? Sait-on même que l’on est vieux ? A peine a-t-on fini de régler ses comptes avec ses parents qu’ils sont des vieillards dont il faut parfois s’occuper…

J’ai eu la chance de rencontrer des personnes âgées au cours de mon exercice de kinésithérapeute et je goûte à cette expérience avec beaucoup d’émotion et un grand sentiment d’utilité et d’engagement réciproques. J’insiste sur cette réciprocité car j’ai reçu autant que j’ai donné, et sans doute bien plus. Mais ces choses-là, les choses du don, ne sont pas quantifiables, on sait seulement qu’on a reçu quelque chose, qui change un peu la vie, le regard sur sa propre vie.

Ces personnes âgées, d’une certaine manière assignées à résidence, ont un très riche récit sur le monde, un récit que nous devons recueillir, ou plutôt accueillir, non pas comme une tradition et un trésor de souvenirs, de vieux bibelots précieux, mais bien plutôt comme le récit de quelques uns qui nous parlent aussi de notre propre vie, de la vie de tous les humains, ici et maintenant, hier et demain. Non pas le culte des Anciens, mais une merveilleuse occasion d’échanges, occasion pour chacun de nous, quel que soit notre âge, de remettre en question nos représentations du monde et de l’autre.

Bousculer ces représentations figées, faire apparaître le corps du vieillard, sa parole, son visage, c’est notre mission, pour que tous sachent que nos personnes âgées ne sont ni des ermites ni des moines, mais qu’elles sont dans le présent de la vie, dans le réel du monde, dans l’universel, dans l’intemporel.

J’ai accepté d’être marraine de la Semaine Bleue pour exprimer la nécessité d’un vrai regard étonné, curieux, nouveau, sur la matière dont se sont constituées peu à peu nos représentations du vieillissement. Les consciences ne s’éveillent souvent que lorsque les mots changent, afin que plus personne ne vieillisse en Barbarie…»

Régine Detambel
auteur de "Le Syndrome de Diogène, éloge des vieillesses" (Editions Actes Sud)

Pour aller plus loin, lire aussi :
Le Syndrome de Diogène, Eloge des vieillesses : Régine Detambel présentera son livre le 17 juin à Paris
[Noce de chêne de Régine Detambel : « une méditation sur l’amour sénescent » (livre)

La Semaine Bleue, par Valérie Letard, secrétaire d’Etat à la Solidarité

Le Secrétariat d’Etat à la Solidarité soutient cette formidable initiative de la Semaine Bleue, ce moment privilégié de la vie associative qui invite le grand public à prendre conscience du rôle social que jouent les personnes âgées dans notre société. J'ai été très heureuse d’inaugurer le jeudi 11 octobre dernier l’édition 2007 dédiée à la solidarité intergénérationnelle.

Car la Semaine bleue, c’est bien sûr une façon de mettre en valeur les efforts qui sont faits sur tout notre territoire pour entourer et accompagner au mieux les personnes âgées, mais c’est aussi l’occasion de montrer toute la richesse du grand âge.

Il faut en effet redonner à nos aînés la place qui leur revient dans notre société. Ils ont un rôle essentiel de transmission, transmission de valeurs, d’une culture, d’un art de vivre. Ils sont les traits d’union entre les générations et confortent le lien social à l’intérieur même des familles dans une société parfois en perte de repères.

Mais il est aussi nécessaire de relever le défi lié au risque de dépendance, c'est l'objectif du Président de la République et de son gouvernement à travers la mise en place de plusieurs politiques, celles destinées à favoriser le libre choix de la personne âgée en créant des places en établissement et en développant des dispositifs de maintien à domicile, celles destinées plus spécifiquement aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et celles permettant un financement équilibré de ces actions grâce à la définition d'un 5ème risque.

C'est en initiant toutes ces actions dans un calendrier défini et élaboré en partenariat avec tous les acteurs du monde politique, associatifs et représentants des usagers que nous serons en mesure de répondre au défi de la longévité.


Valérie Létard, secrétaire d'Etat à la Solidarité

Semaine bleue : bref historique

Extrait d'un article du numéro d'octobre 2005 d'Union Sociale, mensuel de l'Uniopss

Lancée en 1951, la « Journée des Vieillards », comme on l’avait d’abord baptisée, a été créée par arrêté du ministère de la santé publique et de la population. Un comité national d’entente, composé de grandes associations, d’institutions de bienfaisance et de groupements représentant les personnes âgées, avait reçu pour mission d’organiser une quête nationale, relayée par des comités départementaux. Quant à l’Uniopss, elle était chargée d’en assurer la coordination. L’objectif était de récolter des fonds pour secourir les anciens les plus « nécessiteux », 6 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Grâce à cette collecte, les responsables de la « Journée des Vieillards », purent acheter des bons d’alimentation, de charbon ou d’électricité. Des dons en nature furent également distribués. En parallèle à cette quête, diverses initiatives axées sur la convivialité se développèrent peu à peu : goûters, repas dansants, sorties, envois de fleurs et de cartes postales ou encore visites au domicile des plus dépendants et dans les établissements furent organisés. De même, une part croissante de l’argent fut consacrée au financement d’activités de service, aides ménagères et autres. Par la suite, l’amélioration sensible des retraites permis d’affecter les fruits de la quête à des actions collectives, associatives pour la plupart, et de moins en moins à des secours individuels. En 1988, la collecte sur la voie publique prit fin et fut remplacée par une subvention des Affaires sociales.

La sémantique connut, elle aussi, une évolution : de la « Journée des Vieillards », on passa à la « Semaine Nationale des Vieillards » puis à la « Semaine Nationale des Retraités et des Personnes Agées et de leurs Associations » pour s’arrêter, en 1977, à la « Semaine Bleue ». Un nouveau titre accompagné de ce slogan : « 365 jours pour agir, 7 jours pour le dire ». Ce rendez-vous annuel est aujourd’hui devenu celui de tous ceux qui oeuvrent avec et pour les personnes âgées. Un temps fort pour sensibiliser l’opinion sur les contributions des retraités à la vie économique et sociale ainsi qu’aux préoccupations des anciens. Mais également pour valoriser auprès de l’opinion publique les réalisations et projets menés toute l’année par les différents acteurs en charge de gérontologie. Et enfin pour favoriser la solidarité intergénérationnelle.

A chaque fois, un thème national est développé. Comme en 1988 : « Solitude, perte d’autonomie : agissons avec les associations ». En 1995 : « Les retraités disent non à l’exclusion «. Ou en 1998 : « Les retraités, des mémoires pour l’avenir ». L’édition 2004-2005 suscita, elle, de nombreuses critiques. « Et si on parlait des vieux » ? Telle est la question posée pour la seconde fois cette année, pour une semaine qui se déroulera du 17 au 25 octobre. « Le titre était volontairement provocant, commente Pierre-Henri Daure, membre du comité national et président depuis 1997 du comité départemental de la Côte d’Or, un des départements les plus actifs de la Semaine bleue. L’objectif était justement d’en parler et il a été atteint. (…) Ce mot [ndlr :» vieux»], employé en contraste avec « jeune », n’est pas utilisé dans un sens péjoratif mais avec toute la noblesse liée à l’âge ».

Consultez le calendrier des actions de la Semaine Bleue
www.semaine-bleue.org

Publié le 20/10/2008 à 15:22 | Lu 8572 fois