Senior dans l’emploi : priorité à la prévention, chronique de Serge Guérin

La période est délicate, pour ne pas dire plus, pour les salariés seniors. Ceux qui ont malheureusement perdu leur emploi vivent des moments d’angoisse et savent combien le marché est atone. Les autres ne doivent pas attendre et doivent prendre leur destin en main à travers une approche volontariste et préventive. Cette politique individuelle de prévention peut se résumer en cinq points vitaux…


Rester en alerte intellectuelle :
Les études sont loin, le travail est prenant, on a tôt fait de se contenter d’une écoute distraite de la radio sur la route et d’attraper les nouvelles à la télévision en rentrant le soir. Inexorablement, on se laisse gagner par une certaine fatigue intellectuelle, une perte de sensibilité à l’évolution de la société. Cette situation, qui conduit à ne pas saisir les évolutions, à ne pas comprendre et anticiper les tendances et les changements, peut entraîner des erreurs à titre professionnel, mais aussi une incapacité à dialoguer avec les plus jeunes.

Se former :
Dans l’entreprise, l’âge ne signifie pas grand chose en soi. Ce qui compte, c’est la formation des femmes et des hommes. Entre un individu de 30 ans et un autre de 50, la différence d’âge ne peut pas se calculer seulement en fonction de l’état civil ; ce qui compte, c’est bien sûr l’expérience et le niveau de formation, mais surtout l’actualisation et l’adaptation des connaissances. La meilleure façon de rester « dans le coup », c’est de se former et de conserver l’habitude d’apprendre.

Conserver et développer ses réseaux :
Une femme ou un homme seul vieillit plus vite seul dans son emploi qu’un autre qui développe ses réseaux et ses capteurs sociaux. Il est vital de rester ouvert aux mouvements de la société et de saisir l’émergence de nouvelles tendances et des nouvelles générations. Il s’agit de rester « dans le coup ».

Se maintenir en forme :
La prévention santé passe par une hygiène de vie de qualité, le maintien d’une activité physique et le souci d’une alimentation équilibrée. Cet impératif n’implique pas de mesures drastiques et n’interdit pas les plaisirs de la vie. Il s’agit simplement de conserver son potentiel le plus longtemps possible et de se souvenir que la nourriture est le premier des médicaments.

Retrouver du sens :
Ne plus savoir pourquoi on se lève le matin est la meilleure façon de préparer son déclin. On ne travaille pas seulement pour contribuer à équilibrer les régimes de retraite ou à financer des écoles, mais aussi pour un sentiment d’utilité et pour des satisfactions complexes qui donnent du sens à la vie.

Dans un premier temps, il va s’agir de mener une réflexion de fonds sur soi (quelles attentes, quels besoins ?, quelles perspectives ?) et sur son environnement proche (compagne ou compagnon, enfants, parents, amis).

Il conviendra ensuite de se demander si le cadre professionnel répond encore aux attentes en termes d’intérêt, de possibilités, d’autonomie. C’est lorsque l’on est en poste –et dans une position relativement stable- que l’on est le mieux à même de saisir les opportunités.

Mais pour cela, il faut faire du « lèche-vitrine » en allant voir ce qui se passe dans les PME, les associations ou dans le management de transition. C’est le moment aussi de faire un stage dans un restaurant pour voir si le feu sacré dépasse la semaine, ou de réfléchir –sérieusement enfin- à ce projet de création d’entreprise.

Serge Guérin
Professeur à l’ESG
A publié Vive les vieux ! et La société des seniors, Editions Michalon
Et une nouvelle version de « Manager les seniors », Eyrolles (Prix du livre RH)
Senior dans l’emploi : priorité à la prévention, chronique de Serge Guérin

Publié le 16/02/2009 à 10:51 | Lu 4672 fois