Retraites: le cas des militaires du rang et des sous officiers mérite une attention particulière, chronique d’Etienne Pinte, député des Yvelines

Dans le cadre de l'examen du projet de loi sur les retraites, j'ai décidé de déposer, soutenu par plusieurs de mes collègues dont le Président de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale, un amendement afin de tenir compte de la situation particulière des hommes de troupes et des sous officiers.


Cet amendement vise à maintenir le régime spécifique existant pour les militaires non officiers qui peuvent liquider leur pension dès lors qu’ils totalisent quinze années de services actifs. L’article L. 14 du code des pensions civiles et militaires prévoyant que leur pension est minorée à raison de 1,25 % par trimestre, ils doivent à ce jour totaliser 17,5 années de service pour obtenir une pension sans décote.

Le projet de loi prévoit de porter la durée de service de 15 à 17 ans. Dans ce cas, les militaires non officiers devraient totaliser 19,5 années de service pour obtenir une pension sans décote. Un jeune d’aujourd’hui vit avec un horizon de 5 ans maximum ; il ne voit pas au delà.

C’est pourquoi les armées ont construit des parcours professionnels pour leurs militaires contractuels qui leur permettent de garder en ligne de mire cette durée : 5 ans de service pour le premier contrat puis 6 ans pour le second afin d’atteindre au total 11 ans de service. Au delà, dans les conditions actuelles, une fois franchi ces 2 caps, un jeune poursuit jusqu’à 15 ans de service, sachant qu’il peut bénéficier alors de la Retraite à Jouissance Immédiate ou du minimum garanti.

Demain, il hésitera à franchir le cap des 11 ans, pour éviter de rester dans une situation très incertaine pendant encore 8 ans (aucun directeur des RH militaires ne pourra lui promettre de le garder jusqu’à 19.5 ans de service).

En parallèle, les armées ont besoin de 25 000 jeunes entre 5 et 15 ans de service. Ils sont formés, solides physiquement et psychologiquement, expérimentés et plus stables. Or ce vivier est déjà difficile à constituer dans les conditions actuelles.

Cette mesure poserait notamment des difficultés en termes de lisibilité des carrières : les armées ne pourront que difficilement s’engager à garder un militaire non officier sur une période aussi longue dans la mesure où les besoins principaux portent plus sur de jeunes recrues que sur des militaires plus gradés et aguerris.

Son application risquerait de fragiliser le recrutement et partant le caractère opérationnel de nos forces. L’amendement prévoit donc de maintenir le régime actuel avec un droit au départ après 15 ans de service, avec l’application d’une décote, et avec une pension sans décote à partir de 17,5 ans de service.

Publié le 22/07/2010 à 08:37 | Lu 2943 fois