Pas plus que l’on ne peut espérer changer la société par décret, comme l’avait théorisé le grand sociologue Michel Crozier, il apparaît impossible de moderniser par une multiplication de diktats venus d’une Commission d’experts.

Lors d’un entretien, il y a quelques semaines, Michel Rocard me rappelait, à propos de la réforme des retraites, la nécessité de réaliser les réformes une par une, pour éviter justement des coalitions d’intérêts parfaitement contre-productives. C’est exactement l’erreur de la Commission Attali.

Parmi les réformes proposées, l’autorisation du cumul emploi-retraite figure en bonne place. La commission propose (après que nous ayons été assez nombreux à défendre cette réforme nécessaire) de permettre à chaque acteur qui le désire de pouvoir retarder son départ à la retraite et de lever toutes les interdictions et limitations qui pèsent sur le cumul emploi-retraite.

En fait, ce qu’il faut s’est simplement de rendre plus lisible, plus simple et plus attractif ce cumul. Il existe déjà mais apparaît difficile à mettre en œuvre et peu rentable. Comme si tout avait été fait inconsciemment, pour réduire l’impact de cette possibilité inscrite dans la loi Fillon de 2003.

La Commission Attali propose aussi d’exonérer de cotisations d’assurance-chômage les 55-60 ans. Bonne idée ! Sauf, qu’il faudrait étendre cette exonération à 65 ans et au-delà. Voilà une façon d’adresser un signe clair aux salariés comme aux employeurs et de rendre plus rentables

Serge Guérin

Professeur à l’ESG, auteur de L’invention des seniors, Hachette Pluriel
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