Réforme des retraites : une loi « anxiogène pour les populations », chronique de Jeanny Marc*

La treizième législature est marquée par une activité exponentielle. Est-ce le reflet d'une présidence hyperactive qui ne laisse pas le temps à la réflexion, à la concertation, à l'appréciation des contextes lesquels ne cessent d'évoluer ? La valse des projets de lois rédigés à « la va vite », puis amendés par ses auteurs, galvaude le rôle du Parlement. Ainsi, nous avons le sentiment, que « le coup par coup » est le mode de gestion de ce gouvernement, qui avance masqué, hésitant, sans vision d'avenir pour faire de la France, un pays apaisé, fort, et confiant. La réforme des retraites, telle que proposée, traduit bien le manque d'ambition pour la France de demain.


Le gouvernement a réussi à rendre inacceptable un projet de loi dont la nécessité ne souffrait aucune discussion... Elle comporte un cortège de suppressions sans études d'impact financière qui plomberont pour longtemps son financement sans apporter de garantie aux salariés. Je constate que ceux qui ont rédigé cette loi n'aiment pas les Français.

Cette réforme est le reflet du mépris du gouvernement envers ceux qui se lèvent tôt le matin et chaque jour ; du mépris envers les femmes grandes oubliées de cette réforme sélective, du mépris envers les jeunes qui cotisent dans le vide, et enfin du mépris envers les seniors.

Sans hésiter, le gouvernement porte la main à la poche des plus démunis, des plus défavorisés, il n'a même pas pris la peine d'explorer de nouvelles sources de financement pour les retraites... Il est tellement plus facile de profiter des plus faibles en protégeant les grosses fortunes, les stocks options, les entreprises prospères, et le fameux bouclier fiscal.

J'aurais voulu que cette réforme quoique nécessaire, revête une dimension humaine, qui aurait pris en compte la pénibilité des populations exposées aux polluants notamment les ultra-marins à la chloredécone.

Au moment où l'on vote cette loi, aucun dispositif n'est prévu pour eux. De nombreux exploitants ou salariés en contact avec la molécule organo-chlorée contenue dans les pesticides dont l'utilisation a été autorisée par l'Etat, développent le cancer de la prostate ou autres affections suite à l'exposition au poison.

Qui déterminera leur taux d'incapacité ? Quel taux d'incapacité leur sera t-il appliqué ? Quelle réponse cette loi leur apportera ?

Ces populations n'ont pas eu de chances, car elles ont croisé la route de Monsieur Woerth Eric... Je fais donc appel à la conscience du gouvernement qui sera coupable du désastre et de la « précarisation » des Français déjà défavorisés. Depuis le début de cette législature, nous assistons au vote de lois circonstanciées, conjoncturelles, qui se superposent parfois et se contredisent ou qui ne sont tout simplement pas applicables faute de décrets.

Toutes ces gesticulations pourraient laisser croire que le gouvernement n'a aucun projet structuré pour la France de demain, aucune vision d'avenir pour la France confrontée aux réalités de notre temps. Agir vite ne doit pas vouloir dire agir contre les populations, car les lois que nous votons dans cet hémicycle impactent la vie de tous les Français. Les lois ne doivent pas s'adresser à une partie de la population et en fonction de l'actualité.

Je suis une élue responsable, je ne peux être solidaire de ce cheminement absurde : parce que cette loi qui vient d'être votée par la majorité du président est anxiogène; c'est un recul social. De plus, les conditions dans lesquelles les débats se sont déroulés étaient antidémocratiques et arbitraires. Pour toutes ces raisons j'ai voté contre.

*Jeanny Marc, députée SRC de la 3ème circonscription de Guadeloupe

Publié le 17/09/2010 à 09:23 | Lu 1103 fois