Rationalisation des processus pour une humanisation des soins

Comment l’adoption de technologies intelligentes peut-elle aider les établissements de soins et de santé à optimiser la gestion de leurs ressources tout en améliorant la qualité des soins ? Par Sophie Dussud, Director of Business Development – France chez Medworxx





Patients et accompagnants inquiets, personnel soignant stressé et urgences saturées… Le système sanitaire français n’échappe pas à la tendance actuelle qui touche la majeure partie des pays développés : les ressources et moyens dont disposent les hôpitaux peinent à répondre à la demande croissante de soins résultant du vieillissement de la population et de la désertification de la médecine de ville.
 
Il est donc vital pour les établissements de santé d’optimiser l’utilisation des ressources mises à leur disposition et d’investir dans de nouvelles solutions technologiques leur permettant de répondre à leurs défis actuels et anticiper ceux des années à venir.
 
En 2014, la dépense courante de santé en France, c’est-à-dire la somme de toutes les dépenses engagées par les financeurs publics et privés pour la fonction santé, s’élevait à 256,9 milliards d’euros, soit 12% du PIB, selon une enquête de l’INSEE.  Ces résultats placent la France au troisième rang des pays de l’OCDE en termes de dépenses de santé par rapport au PIB, après les États-Unis (16.9%) et les Pays-Bas (11.8%), mais avant la Suisse (11.4%) et l’Allemagne (11.3%).
 
Dispenser des soins adaptés aux patients tout en optimisant la gestion des moyens et des ressources fait aujourd’hui partie des enjeux des établissements de santé et de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam). Dans son rapport annuel qui a été présenté en juillet 2016, la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) égrène ses propositions pour 2017 afin d'améliorer « la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses ».
 
Elle espère réaliser 1,42 milliard d'euros d'économies l'année prochaine, soit le double de l'objectif fixé pour 2016, dans un contexte où l'Ondam, utilisé pour freiner l'augmentation naturelle des dépenses de santé, n'a jamais été aussi bas (1,75%). Pour ce faire, quatre grands objectifs ont été définis par l’Etat et l’Assurance maladie : le développement du virage ambulatoire ; l’augmentation de l’efficacité de la dépense hospitalière ; la poursuite des efforts sur les prix des médicaments et l’amélioration de la pertinence et du bon usage des soins.
 
Si « des gains d'efficience » ont été notés dans tous les secteurs ces dernières années, l'Assurance maladie appelle à « intensifier les efforts » pour faire face « aux défis des années à venir » notamment avec l'arrivée, déjà amorcée, de traitements innovants et coûteux comme dans les domaines du cancer ou de l'hépatite C. La maîtrise médicalisée, qui cherche « à promouvoir le juste soin » en "évitant de gaspiller des ressources « sans valeur ajoutée pour la santé », sera poursuivie. En continuant à développer le « virage ambulatoire », l'Assurance maladie escompte aussi se dégager des marges de manœuvre (390 millions d'euros).
 
La prise en compte de la pertinence de l’hospitalisation dans la gestion des flux de patients est aujourd’hui l’un des principaux enjeux des directions hospitalières. Tout particulièrement pour le service des urgences, confronté à une arrivée aléatoire des patients.
 
Une meilleure gestion des flux passe d’abord par une meilleure communication : communication de l’information et communication entre les différents acteurs. Les autres points fondamentaux résident dans la mise en place d’un plan de soins pour le patient dès son admission et la bonne définition des parcours de soins pour les pathologies les plus courantes.
 
Les conséquences retirées en seront multiples : libération du temps des soignants, aujourd’hui trop englués dans des tâches administratives qui les éloignent des soins, et diminution des journées d’hospitalisation superflues.
 
Ces quelques étapes peuvent aider à en optimiser son fonctionnement :
- Déterminer les obstacles et les motifs de retard dans les flux via une évaluation systématique du statut clinique de chaque patient. Que reste-t-il à faire aujourd’hui pour faire progresser le patient dans son plan de soin ?
- Mise en place d’une organisation centralisée de la gestion des flux de patients.
- S’assurer que, chaque jour, le patient reçoit le niveau de soins approprié à ses besoins afin de garantir la pertinence de l’hospitalisation.
- Favoriser  la  communication  et  la prise de décision à tous les niveaux de l’organisation - Améliorer la coordination des soins.
- Avoir une connaissance du parcours de chaque patient pour mieux gérer la logistique autour des ressources matérielles et des chambres, ainsi que la capacité à l’échelle d’un seul hôpital ou d’un groupe d’établissements.
 
Une gestion pertinente des flux de patients est aujourd’hui, plus que jamais, stratégique et primordiale, et les technologies intelligentes deviennent de réels alliés invisibles pour le personnel de santé. 

Article publié le 07/06/2017 à 01:00 | Lu 2611 fois