Quelles solidarités entre les générations ?, question grenobloise : chronique de Serge Guérin

Le19 mars, j’ai eu la chance d’être le « grand témoin » des jeudis du projet d’agglomération de Grenoble-Alpes Métropole sur le thème « Quelles solidarités entre les générations ? ». Le principe de ces rencontres est assez innovant et marque une expérimentation intéressante dans la recherche de liens plus féconds entre les citoyens, les acteurs de la société civile et les élus pour mieux vivre la ville et le territoire.


En effet, sur la base du volontariat, des acteurs, des militants mais aussi des citoyens comme vous et moi se réunissent en groupe de travail et planchent sur un thème. Ensuite, tout le monde se retrouve, un jeudi par trimestre, pour échanger en présence de l’élu de l’agglomération chargé de faire vivre la concertation.

Pour l’agglomération, il s’agit de développer les outils participatifs pouvant se mettre au service des territoires et des citoyens. L’objectif est aussi de construire un projet collectif sur la durée, puisque l’horizon est situé à 2020.

Dans ce cadre, il est rassurant de voir que la question des « solidarités entre les générations » a été prise en compte. Il était passionnant d’écouter le témoignage d’habitants ou le compte-rendu d’expériences (Alertes, L’outil en main, Lire et faire lire…) montrant la diversité des points de vue, mais aussi, la pluralité des expériences intergénérationnelles.

Si certains regrettaient de ne pouvoir échanger avec d’autres générations ou estimaient que chaque génération est inscrite dans un timing qui lui est propre et qui lui interdit de rencontrer les autres, nous avons aussi entendu des témoignages montrant la diversité des réponses au défi intergénérationnel. Je n’en retiendrai qu’une : l’association Habitat isérois libre et solidaire (les Habiles) où deux groupes, l’un de trentenaires et l’autre de sexagénaires se sont retrouvés pour agir ensemble sur l’habitat et chercher à développer des coopératives d’habitants. Il faudra un jour, d’ailleurs, penser la traduction juridique.

Les Habiles ont plusieurs projets de réhabilitation de logements, avec pour ligne de conduite de permettre à différentes générations de cohabiter dans un esprit solidaire à travers des échanges de services de proximité, mais aussi par la création d’espaces ad hoc : salles communes pour des rencontres ou des repas, réservation de quelques chambres pour permettre à des enfants et petits-enfants de venir loger quelques jours…

Les Habiles demandent aux élus s’il ne faudrait pas inventer un indicateur d’intergénérationnalité. Voilà un indicateur complexe à mettre en œuvre, mais qui aurait plus de sens que nombre de chiffres sans saveur ni odeur. Nous y reviendrons.

Quoi qu’il en soit, l’intergénération n’est pas un dogme, une obligation, une nouvelle mode, un politiquement correct… C’est seulement un possible qui doit être offert à chacun. L’intergénération n’a de sens que dans le projet commun, le partage d’une idée, d’un intérêt ou d’un objectif.

Serge Guérin
Professeur à l’ESG
Vient de publier La société des seniors Editions Michalon
Quelles solidarités entre les générations ?, question grenobloise : chronique de Serge Guérin

Publié le 23/03/2009 à 09:27 | Lu 3973 fois