Prévenir les méfaits de la sédentarité sur la santé

Alors qu'Exer6santé, un nouvel espace dédié à l’activité physique individualisée vient d’ouvrir ses portes, pour un parcours sport-santé sur-mesure, revenons plus en détails sur les moyens de prévenir les méfaits de l’inactivité et de la sédentarité sur la santé.


En France, nous sommes 30% à être sédentaire soit à passer plus de 7 heures par jour assis. Et les trois-quarts à être insuffisamment actifs physiquement. Pour autant, sédentarité et inactivité physique ne doivent pas être confondues.
 
Tandis que la sédentarité correspond principalement au temps passé assis (au bureau, à la maison, dans les transports…), l’inactivité physique caractérise un niveau insuffisant d’activité physique modérée à élevée, soit en France un niveau inférieur à 30 minutes d’activité physique par jour. Dans les deux cas, ces comportements ont des répercussions délétères importantes sur la santé. Selon l’OMS, environ 3,2 millions de décès chaque année seraient attribuables au manque d’exercice.
 
Les bienfaits de l’activité physique sur la santé par pathologies

L’activité physique est un comportement qui a un effet protecteur à l’égard de différentes maladies chroniques et qui est associé à de nombreux paramètres de santé importants. Pour une grande partie de la population, l’exercice physique n’est plus aujourd’hui associé aux activités professionnelles et aux déplacements de la vie quotidienne.
 
L’accroissement du travail sédentaire et des activités récréatives physiquement passives (télévision, jeux vidéo…) a diminué la dépense énergétique venant équilibrer les apports énergétiques. L’activité physique dépend donc principalement chez l’adulte de sa motivation à l’inclure dans son mode de vie.
 
Les preuves des bénéfices sanitaires de l’activité physique et la diminution de la sédentarité sont accablantes. Selon l’OMS, les recommandations concernant l’activité physique pour la santé sont pertinentes dans les domaines sanitaires suivants : fonction cardio-respiratoire (cardiopathies coronariennes, maladies cardiovasculaires, accidents vasculaires cérébraux et hypertension) ; métabolisme (diabète et obésité) ; système musculo-squelettique, ostéoporose ; cancer (dont les cancers du sein et du côlon) ; état fonctionnel et prévention des chutes chez les personnes âgées et dépression et maladie d’Alzheimer.
 
Maladies cardiovasculaires

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde et la deuxième cause de mortalité en France où elles représentent près de 28% des décès. De façon générale, indépendamment de l’âge, les études montrent que la pratique de l’activité physique permet de diminuer fortement le risque de mortalité cardio-vasculaire et le risque d’événements coronariens majeurs (infarctus du myocarde).
 
La réduction de morbidité coronarienne qui peut être attendue de la pratique d’une activité physique régulière est comparable à celle d’autres habitudes de vie, tel l’arrêt du tabac, ou d’autres facteurs de risque, ou comme le contrôle d’une hypercholestérolémie. Quelques études récentes suggèrent que l’activité n’a pas besoin d’être intense pour avoir des effets cardiovasculaires bénéfiques.
 
Ainsi, dans l’étude franco-irlandaise PRIME, portant sur près de 10.000 hommes âgés de 50 à 59 ans suivis pendant cinq ans, une augmentation de l’activité physique quotidienne correspondant à 30 minutes de marche rapide était associée à une diminution de 11% du risque relatif d’événements coronariens chez les individus ne pratiquant pas d’activité d’intensité élevée. Les mécanismes expliquant les effets bénéfiques de l’activité physique sur le risque cardio-vasculaire relèvent à la fois d’actions directes sur le système cardiovasculaire et d’actions indirectes, principalement par la réduction du niveau de nombreux facteurs de risque (dont le diabète).
 
Diabète de type 2

On dénombre 400 millions de diabétiques dans le monde dont 46% ne sont pas diagnostiqués. En France, ce sont 3 à 4 millions de personnes qui sont atteintes de cette affection. Les changements de mode de vie –alimentation équilibrée et activité physique– font partie intégrante de la prise en charge des diabétiques. En effet, des études épidémiologiques et d’intervention ont montré une réduction significative de l’incidence du diabète dans les groupes de patients pratiquant une activité physique régulière (2h30/semaine) ou traités par l’association régime + activité physique par rapport aux groupes de patients ne suivant pas un programme d’activité physique adapté.
 
Concrètement, l’exercice musculaire induit une augmentation de la captation musculaire du glucose de façon indépendante de l’insuline. L’activité physique est également un bon moyen de contrôler la glycémie postprandiale (après les repas).
 
Obésité

En France, l’obésité concernait 15% des adultes en 2012 contre seulement 6,1% en 1980 (chiffres INSERM). Parmi les causes, on retrouve les habitudes alimentaires bien entendu mais aussi le manque d’activité physique.
 
L’activité physique permet d’agir sur l’équilibre du bilan d’énergie. En plus de favoriser les dépenses énergétiques, l’activité physique limite les pertes de masse maigre qui apparaissent lors de toute restriction calorique isolée.
 
La pratique d’une activité physique permet aussi le maintien du métabolisme de repos qui diminue habituellement lors de pertes pondérales. Des données récentes indiquent qu’après prise en compte de l’activité physique et des habitudes alimentaires le temps passé assis à regarder la télévision, assis au travail ou en conduisant sont chacun liés positivement au risque d’obésité. De façon intéressante, l’impact de l’apport lipidique sur le risque de prise de poids dépendrait du niveau habituel d’activité physique.
 
Vieillissement et ostéoporose

Lors du vieillissement, les activités d’endurance, de renforcement musculaire sont à l’origine de nombreuses réponses physiologiques favorables. Une activité physique régulière contribue à réduire, ou prévenir certains processus délétères liés à l’avancée en âge, à améliorer la qualité de vie et la capacité fonctionnelle des sujets âgés et à retarder l’entrée dans la dépendance en maintenant leur autonomie.
 
Le renforcement musculaire (exercice de force) aide à prévenir la perte de masse musculaire (sarcopénie) et de la fonction musculaire habituellement observée avec l’avancée en âge. La préservation de la masse maigre,  en particulier de sa composante musculaire, participe à la prévention de la diminution de la dépense énergétique, pouvant ainsi limiter le gain de masse grasse avec le temps. La force musculaire est essentielle aux capacités ambulatoires et une corrélation a été observée entre la force musculaire et la vitesse de marche spontanée.
 
Les autres bénéfices de l’activité physique chez les sujets âgés incluent l’amélioration de l’équilibre et donc la diminution du risque de chutes, ainsi que l’augmentation de la souplesse et de l’amplitude des mouvements. En tout, 39% des femmes autour de 65 ans et 70% des femmes âgées de 80 ans et plus souffrent d’ostéoporose (chiffres de la société française de rhumatologie). Parmi les traitements préventifs, l’Institut Nationale de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm) met en avant l’intérêt d’une activité physique régulière, notamment pour freiner la perte de densité osseuse.
 
Cancers

Un grand nombre d’études d’observation indiquent que les sujets physiquement actifs ont un risque diminué d’incidence et de mortalité par cancer tous sites confondus, chez l’homme comme chez la femme. Plusieurs données ont mis en évidence les bénéfices de l’activité physique sur trois types de cancers spécifiquement : celui du côlon, du cancer du sein et de l’endomètre. En comparant les sujets les plus actifs aux sujets les moins actifs, la réduction moyenne du risque dans les études est de l’ordre de 30% pour le cancer du côlon et de 20% pour le cancer du sein.
 
Parmi 51 études disponibles concernant le risque de cancer du colon et/ou du rectum, 43 démontrent une réduction de 40 à 50% du risque chez les sujets les plus actifs. Cet effet a été observé à la fois pour l’activité physique professionnelle et de loisirs et apparaît indépendant d’autres facteurs de risque tels que l’alimentation et la corpulence.
 
Après le diagnostic de certains cancers, l’association de l’activité physique aux thérapeutiques classiques toujours indispensables améliore la tolérance au traitement et la survie. De plus, chez les patients en rémission, la poursuite de l’activité physique diminue le nombre de récidives.
 
Les principaux mécanismes qui pourraient expliquer l’effet bénéfique de l’activité physique sur le risque de cancer en général sont liés à ses effets sur le poids et l’adiposité abdominale, sur les taux circulants d’insuline et des facteurs de croissance (IGF-1) et peut-être à ses effets sur l’immunité (augmentation du nombre et de l’activité des macrophages, des lymphocytes « natural killer » et prolifération des lymphocytes activés par les mitogènes.
 
Stress, dépression

On estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie (chiffres Iserm). Selon l’OMS, il a été démontré que l’exercice physique « jouait un rôle dans la prise en charge des troubles tels que la dépression et l’anxiété ».
 
La pratique d’une activité physique régulière est associée à un plus grand bien-être psychologique et à une meilleure tolérance aux contraintes de la vie professionnelle. Ces troubles, qui peuvent être liés entre eux, ont une incidence dans la population française. Les difficultés de sommeil concerneraient près d’un tiers des  Français. Quant au stress, ils sont 66% à le ressentir dans leur vie professionnelle. Concrètement, la pratique d’une activité physique agit :

• Sur la qualité du sommeil, avec un endormissement plus rapide, moins de réveils pendant la nuit, des transitions plus régulières entre les différents cycles de sommeil. Une augmentation de la durée du sommeil est également constatée.

• Sur la gestion du stress et les symptômes dépressifs.

• Sur les performances cognitives des personnes âgées (meilleure vitesse de traitement de l’information, amélioration des capacités mnésiques…).
 
Ces bénéfices de l’exercice physique peuvent s’expliquer par des processus à la fois physiologiques, biochimiques et psychologiques

Publié le 19/04/2016 à 01:00 | Lu 3126 fois