Pouvoir d'achat, logement, mode de vie : comment vivrons-nous à la retraite ?

Alors que la part des seniors dans la société française ne cesse d’augmenter, l'expert en immobilier Nexity a demandé à l’institut de sondage TNS Sofres d’interroger les français afin de mieux comprendre et de mieux évaluer les conséquences du vieillissement sur la structuration du parcours immobilier autour de cinq axes : à partir de quel âge sommes-nous senior, âgé ou très âgé ? Comment préparons-nous notre retraite ? Où vivrons-nous à la retraite ? Comment percevons-nous les retraités ou les personnes âgées ? Et enfin, comment vivrons-nous à la retraite ? Détail de ce sondage…





En France, la part des personnes âgées de plus de 60 ans représente aujourd’hui plus de 20 % de la population totale, et les prévisions de l’INSEE montrent que cette proportion dépassera les 30% d’ici 2050.

En 50 ans, le poids des personnes âgées de 85 ans et plus devrait gagner 6 points, passant de 2 à 8% de la population entre 2000 et 2050, quand celui des 65-74 ans se stabiliserait plutôt autour de 11%, à égale proportion avec celui des 75-84 ans.

1. A partir de quel âge sommes-nous senior, âgé ou très âgé ?
Senior à 59 ans, âgé à 72 ans et très âgé à 85 ans et demi : une « vieillesse » en plusieurs étapes.

La corrélation entre la définition d’un senior et l’âge de la personne interrogée n’est pas nette, les 35-49 ans considérant en moyenne qu’un senior est âgé de 60 ans, tandis que les 65 ans et plus le définissent comme une personne de 59 ans. Toutefois, plus on est diplômé et plus on repousse la limite d’âge : on est senior à 57 ans en moyenne pour les non-diplômés, à 62 ans chez les diplômés de l’enseignement supérieur. Ce décalage est à mettre en perspective avec l’espérance de vie de ces catégories qui est également différente.

Le passage à la retraite constitue un moment fort mais relativement déconnecté de l’entrée dans la vieillesse. Une nette majorité de Français considère en effet que le passage à la retraite et la vieillesse sont deux étapes distinctes (68%).

2. Comment préparons-nous la retraite ?
Les réponses des Français révèlent que plus la retraite est lointaine, plus l’inquiétude grandit.
Si par le passé, les retraités ne craignaient pas le passage à la retraite (65% des retraités déclarent qu’ils étaient confiants avant leur arrêt d’activité), seuls 16% des non-retraités se disent aujourd’hui confiants pour leur avenir.

« Cette crainte de l’avenir s’explique en partie par la question centrale du niveau de vie et du pouvoir d’achat des retraités, jugés aujourd’hui insatisfaisants par 74% des Français (retraités inclus) et anticipés comme pire à l’avenir par les non-retraités » estiment les responsables de ce sondage. 69% d’entre eux sont en effet convaincus que leur niveau de vie et leur pouvoir d’achat lorsqu’ils seront à la retraite seront moins bons que ceux des retraités d’aujourd’hui.

En dépit de la peur de l’avenir, l’image des retraités dans la société est jugée satisfaisante par 57% des Français, et 23% des non-retraités pensent que celle-ci va aller en s’améliorant. L’optimisme est également de mise en termes de services à la personne chez les futurs retraités : 39% d’entre eux pensent que leur situation sera meilleure que celle des retraités d’aujourd’hui sur ce point, quand 36% tout de même pensent qu’elle sera moins bonne et 16% ni meilleure, ni moins bonne.

Dans un contexte marqué par une cristallisation forte des préoccupations sur le pouvoir d’achat et l’anticipation majoritaire d’une situation dégradée sur ce point à la retraite, celle-ci semble se préparer de plus en plus tôt et ce, très concrètement.

L’inquiétude pousse à préparer dès aujourd’hui sa retraite. 50% des non-retraités disent penser à leur retraite quand 22% ont même déjà pris des dispositions. Seul un non-retraité sur quatre avoue ne pas penser à sa retraite (49% chez les 18-24 ans, qui ne sont pour la plupart pas encore entrés dans la vie active et ont donc encore du mal à se projeter si loin). A noter que les 25-34 ans sont les plus prévoyants, 27% d’entre eux ayant pris des dispositions concrètes pour leur retraite, pour 22% des 35-49 ans et 26% des 50-64 ans.

Pouvoir d'achat, logement, mode de vie : comment vivrons-nous à la retraite ?
De quelles dispositions s’agit-il ? Lorsqu’on demande aux non-retraités d’aujourd’hui quelles dispositions ils ont prises ou comptent prendre à l’avenir pour leur retraite, 80% d’entre eux donnent au moins une mesure concrète (pour seulement 64% des retraités actuels) : 39% évoquent des placements financiers et de l’épargne et 8% un achat immobilier ou un investissement foncier.

Plus on s’approche de l’âge de la retraite et plus on prend ou envisage de prendre des dispositions pour sa retraite. Ainsi, 68% des 18-24 ans sont en mesure de citer l’une des dispositions qu’ils ont prises ou comptent prendre pour leur retraite, pour 80% des 25-34 ans, 82% des 35-49 ans et 88% des 50-64 ans non-retraités. Les commerçants, artisans et chefs d’entreprise ont déjà anticipé (98% citent au moins une disposition) et choisissent l’investissement immobilier dans des proportions bien supérieures à la moyenne : 18% disent avoir investi dans l’immobilier ou avoir l’intention de le faire pour préparer leur retraite. Ceci est également le cas des habitants de l’agglomération parisienne (15%).

3. Où vivrons-nous à la retraite ?
L’investissement immobilier résulte d’une approche patrimoniale et d’une multirésidentialité souhaitée : un quart (24%) des non-retraités pensent qu’à la retraite, ils vivront à des endroits différents selon les moments de l’année, ce qui implique bien entendu plusieurs stratégies immobilières.

Les personnes de niveau socio-économique élevé formulent davantage que les autres cette hypothèse : 36% des cadres, 31% des diplômés de l’enseignement supérieur et 35% des foyers les plus aisés. Ce score élevé de candidats à la multirésidentialité (près d’un futur retraité sur quatre) est particulièrement intéressant : comparé au niveau actuel des retraités qui vivent la multi-résidentialité (10%), soit une part d’entre eux ne concrétisera pas son projet jusqu’à ce terme, soit ce phénomène est amené à croître dans des proportions qui modifieront de manière profonde le marché de l’immobilier.

Mobilité et adaptation de son logement : 41% des non-retraités pensent déménager pour seulement 24% des retraités actuels qui l’ont réellement fait ou pensent le faire. Quitte à déménager, on préfère toutefois déménager loin de son domicile actuel, dans une autre ville ou une autre région (24% des non retraités et 13% des retraités), et ce pour des raisons de goût : libérés des contraintes, liées notamment au lieu de travail, les retraités et futurs retraités souhaitent rejoindre une région qui leur plaît. Plus de la moitié (54%) motive en effet leur déménagement (potentiel ou réel) par la volonté d’habiter dans une région qui les attire, devant la volonté de se rapprocher de leur famille (citée par 34%).

La volonté d’avoir un logement plus adapté, que ce soit en termes de surface ou d’accessibilité et d’équipements n’est citée respectivement que par 10 et 9% des personnes ayant ou pensant déménagé dans une autre ville ou une autre région à la retraite. Cet argument est pourtant cité par 27% des personnes souhaitant déménager près de leur domicile actuel.

Si l’on déménage ou si l’on projette de déménager à sa retraite, c’est avant tout pour acheter un appartement ou une maison (64%), bien loin devant la volonté de louer un bien immobilier (24%) et plus encore d’acheter ou de louer un bien dans une maison de retraite (7%). En 2008, l’image dégradée des maisons de retraite demeure une réalité dans l’opinion publique qui minore grandement son attrait.

Les lieux privilégiés par les non-retraités pour leur future retraite sont variés, mais le bord de mer semble toutefois dominer les envies. 34% des non-retraités souhaitent privilégier le bord de mer pour leur retraite, quand seulement 13% des retraités actuels l’ont réellement fait. En revanche, si le fait d’habiter dans une grande ville fait envie à 6% des non-retraités, il attire tout de même 20% des Parisiens, preuve de leur attachement durable à la vie en ville.

Pouvoir d'achat, logement, mode de vie : comment vivrons-nous à la retraite ?
4. Comment percevons-nous les retraités ou les personnes âgées ?
Si le passage à la retraite n’est plus synonyme d’entrée dans la vieillesse, il devient de plus en plus anxiogène. Si la vieillesse reste associée avant tout à la sagesse (pour 41% des personnes interrogées) et à l’expérience (39%), 22% l’associent également au handicap et 20% au déclin.

Parmi les craintes liées au grand âge, on retrouve d’abord la dépendance et la perte d’autonomie (35% des interviewés disent que c’est ce qu’ils redoutent le plus quand ils pensent au moment où ils seront très âgés) quand 19% citent les maladies et problèmes de santé, et 12% la solitude et l’isolement. Les craintes liées à la pauvreté (7%) et au fait de perdre ses proches (7%) semblent moins importantes, de même que le fait de devoir quitter sa maison (6%).

La situation des personnes très âgées actuelles n’est pas satisfaisante pour bon nombre de Français. Seule la situation en termes de lien social est jugée satisfaisante par une majorité de Français (51%). La vision se révèle plus pessimiste pour la prise en charge médicale, l’aide apportée par la solidarité nationale et davantage encore les structures d’accueil et maisons de retraite jugées satisfaisantes pour respectivement 49%, 40% et 29%.

Les pronostics sont relativement sombres pour l’aide apportée par la solidarité nationale : ainsi, 51% des personnes interrogées considèrent que, lorsqu’ils seront très âgés, celle-ci sera moins bonne qu’elle ne l’est actuellement. Seule une minorité de Français compte sur une prise en charge collective de leur dépendance. 30% pensent que lorsqu’ils seront eux-mêmes très âgés, les dépenses liées à leur prise en charge seront majoritairement financées par la solidarité nationale, grâce aux prélèvements obligatoires et aux cotisations sociales, quand 61% pensent qu’elles seront financées par leurs revenus et placements. Ce sont les jeunes qui comptent le plus sur eux-mêmes (72% des 28-24 ans et 74% des 25-34 ans).

Dans un tel contexte, on pourrait imaginer que les Français ont pris des dispositions en vue de préparer leur dépendance éventuelle. Or, 41% d’entre eux, n’envisagent pas cette éventualité, et notamment, les jeunes (64% des 18-24 ans). Ceux-ci ne se projettent pas dans la retraite et donc encore moins dans la vieillesse et la dépendance. A l’inverse, les personnes qui ont dans leur entourage un parent dépendant ou décédé se projettent davantage que les autres : à titre d’exemple, 63% des Français ayant une mère dépendante disent penser à leur propre dépendance, pour 50% en moyenne. En revanche, cela ne les conduit pas jusqu’à la prise de dispositions en prévision de leur éventuelle dépendance : 10% disent avoir pris au moins quelques dispositions, pour 7% en moyenne.

5. Comment vivra-t-on à la retraite ?
D’un point de vue plus pratique et personnel, les choix de vie pour sa vieillesse semblent très clairs : dans la mesure du possible, on souhaite rester chez soi.

Ce vœu de rester chez soi est partagé par l’ensemble de la population, quels que soient l’âge ou la catégorie sociale, même s’il est vrai que les retraités se montrent moins réticents à l’idée de la maison de retraite que les autres (15%).

L’aménagement qui semble le plus nécessaire aux Français pour leur permettre de rester vivre chez eux lorsqu’ils seront très âgés est d’abord l’escalier (23%), pour des raisons d’accessibilité évidentes. Viennent ensuite la salle de bains (19%) et l’accès au logement (10%). Le réaménagement de la chambre (8%), du salon (3%) et de la cuisine (2%) semble moins indispensable. A noter que 26% des Français estiment que leur logement actuel conviendrait puisqu’il ne nécessiterait aucun de ces aménagements.

Enfin, le développement des services à la personne est jugé par les Français comme l’élément indispensable au maintien d’une personne âgée à son domicile (55% partagent cet avis) devant les soins médicaux et l’accessibilité du logement. Au regard de ces éléments, les installations techniques pour faciliter le quotidien et la sécurité du logement semblent plus anecdotiques.

Conclusion

Alors que l’inquiétude face à la retraite, essentiellement d’ordre socio-économique, paraît potentiellement mobilisatrice pour une partie des Français qui prennent des dispositions concrètes (financières, immobilières) pour préparer cette période de la vie, il semble que les angoisses liées à la grande vieillesse, qui touche davantage à l’intégrité physique et mentale des individus, « tétanisent » pour l’heure des Français incapables de se projeter dans cette dernière étape et/ou démunis en terme de moyens pour l’affronter de manière efficace.

Sur la question du logement, les enjeux sont protéiformes : il s’agit de proposer des modes d’hébergement collectifs innovants et plus attractifs que les actuelles maisons de retraite, mais aussi de favoriser la longévité des parcours résidentiels pour permettre aux personnes âgées de rester chez elles, en intégrant dans les logements des dispositifs favorisant une plus grande accessibilité et une sécurité renforcée.

*Sondage réalisé par la TNS Sofres entre les 23 et 24 janvier 2008 sur un échantillon national de 1.000 personnes représentatif de l'ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, interrogées en face-à-face à leur domicile par le réseau des enquêteurs de TNS Sofres.

Article publié le 06/02/2008 à 08:47 | Lu 9736 fois