Plan d'épargne retraite : le nouveau dispositif de retraite par capitalisation

La pyramide des âges a beaucoup évolué depuis la mise en place du régime de retraite par répartition. Au cours des dernières décennies, le nombre de retraités a davantage progressé que le nombre d’actifs. Cela s’explique principalement en raison de la forte natalité d’après-guerre et la hausse de l’espérance de vie.


La France se trouve dans une situation où le nombre d’actifs ne suffit plus pour financer le régime des retraites, sauf à alourdir considérablement le poids des cotisations sur les actifs et/ou les entreprises.
 
Cette piste est exclue en raison des cotisations et des taxes déjà très élevées qui pèsent sur les actifs et les entreprises. L’autre solution, pour assurer une retraite confortable aux futurs retraités, est d’inciter le développement de la retraite par capitalisation… C’est dans ce contexte qu’est né le plan d’épargne retraite.
 
Introduit avec la loi PACTE, le plan épargne retraite (PER) remplace le plan d’épargne retraite populaire (PERP). Dans les grandes lignes, l’objectif est inchangé. Le plan d’épargne retraite offre toutefois davantage de souplesse.
 
Quels sont les caractéristiques et les avantages du plan d’épargne retraite ? Est-ce nécessairement le meilleur dispositif pour se constituer un complément de revenu à la retraite ?
 
Les caractéristiques du plan d’épargne retraite
Le plan d’épargne retraite (PER) est un produit tunnel jusqu’à la retraite : l’épargnant réalise des versements sur son PER et ne pourra consommer le capital (ou percevoir la rente) qu’au moment où il fera valoir ses droits à la retraite. Hors exceptions qui permettent de sortir par anticipation (accident de la vie ou achat de la résidence principale, on y reviendra ensuite).
 
Cette contrainte n’arrête pas les épargnants, puisqu’en contrepartie, le plan d’épargne retraite est un dispositif fiscalement incitatif. Les versements réalisés sur le PER sont directement déductibles du revenu imposable.
 
Ce dispositif est d’autant plus intéressant que l’épargnant se situe dans les tranches d’imposition les plus élevées. Mais pas seulement, puisque les épargnants ne payant pas ou peu d’impôt sur le revenu peuvent opter pour un avantage fiscal se matérialisant lors de la sortie du capital.
 
L’épargnant peut choisir une sortie en rente ou en capital (ou les deux). La fiscalité n’est pas la même selon le mode de sortie choisi.
 
Les versements sur le plan d’épargne retraite sont plafonnés à 10% des revenus imposables de l’année antérieure, ou 10% du plafond annuel de la sécurité sociale (de l’année antérieure également), au plus élevé des deux.
 
L’argent étant bloqué de nombreuses années, il s’agit d’un placement qui doit être mûrement réfléchi. Il existe néanmoins plusieurs cas de figure permettant le déblocage anticipé des fonds versés.
 
Tout d’abord, l’épargnant peut débloquer le capital à l’occasion de l’achat de sa résidence principale. Ce cas de figure est d’ailleurs une nouveauté par rapport à l’ancien dispositif (le PERP). Les autres cas de figure où l’épargnant peut retirer l’argent concerne les accidents de la vie (fin de droit au chômage, invalidité, surendettement, décès du conjoint, etc.).
 
Le plan d’épargne retraite est un produit d’épargne taillé pour l’investissement à long terme. À l’image de l’assurance vie (on en parle plus bas), le PER permet d’investir sur des supports financiers performants.
 
La plupart des épargnants optera pour un plan d’épargne retraite administré en gestion déléguée : une société de gestion aura mandat pour allouer les versements réalisés par l’épargnant sur son PER. De cette façon, la société de gestion gère l’allocation du PER et l’adapte aux profils de l’épargnant.
 
Les épargnants loin de l’âge de la retraite se verront proposer une allocation dynamique, davantage exposée aux actions. À long terme, il s’agit de la classe d’actifs la plus performante.
 
À mesure que l’épargnant approchera de la retraite, une réallocation progressive des placements risqués vers des placements sans risque permettra de sécuriser le capital et/ou la rente de l’épargnant au moment où il en aura besoin. Pour les épargnants les plus avertis, il reste cependant possible d’administrer en gestion libre l’allocation de son PER.
 
Les épargnants ont intérêt à consulter les comparatifs pour trouver le meilleur PER. L’épargnant devra être attentif à plusieurs critères au moment de choisir son plan d’épargne retraite.
 
Tout d’abord, il faut s’assurer que les frais de gestion sont faibles. Les frais de gestion sont prélevés tous les ans. À long terme, ces frais ont un impact important sur la valorisation de l’encours.
 
La qualité des services de gestion déléguée est également un critère important. Il faut aussi regarder quelle est la performance du fonds euro et de l’assureur derrière. En cas de sortie en rente, des frais d'arrérage s’appliquent. Ils vont du simple au double selon les contrats. Les courtiers en ligne offrent souvent des produits très complets et bien positionnés en termes de frais de gestion.
 
Quelles alternatives au PER pour préparer sa retraite ?
La principale alternative au plan d’épargne retraite est l’assurance vie. Incontournable dans le paysage de l’épargne, il existe de nombreux points communs entre l’assurance vie et le PER.
 
En premier lieu, ces 2 produits permettent de diversifier le capital sur les mêmes types de supports financiers : des fonds euro et des supports en unités de compte. Dans les 2 cas, les épargnants peuvent opter pour une gestion déléguée afin de déléguer l’allocation du patrimoine en fonction de leur profil.
 
Dans les 2 cas, on dispose d’une enveloppe capitalisante au sein de laquelle les gains seront réinvestis sans subir de frottement fiscal dans le temps, ce qui permet d’optimiser la progression de l’encours.
 
Ces 2 dispositifs sont taillés pour l’investissement à long terme. Le PER l’est de façon contrainte puisque l’argent est bloqué jusqu’à la retraite. A contrario, les encours investis sur un contrat d’assurance vie ne sont pas bloqués mais le contrat est fiscalement intéressant lorsqu’il atteint l’âge de 8 ans.
 
Passé cet âge, en cas de retrait, un abattement s’applique sur les plus-values imposables. Avant les 8 ans de l’assurance vie, l’épargnant peut également réaliser des retraits mais sans bénéficier de l’avantage fiscal.
 
D’une façon générale, l’épargnant peut accéder à tout moment à l’épargne investie en assurance vie. Il suffit pour cela de réaliser un retrait partiel (l’argent est généralement disponible en quelques jours).
 
La disponibilité du capital justifie à elle seule pourquoi l’assurance vie demeure au côté du PER un placement incontournable pour préparer sa retraite.
 
En termes d’avantages fiscaux, le PER permet de diminuer ses impôts sur le revenu au moment où l’on réalise les versements, tandis que l’assurance vie présente un intérêt fiscal au moment de la sortie de l’argent du contrat. Les personnes ayant des revenus très importants lors de leur vie active auront davantage intérêt à ouvrir un PER.
 
Un autre avantage décisif de l’assurance vie concerne la fiscalité des héritages. Les encours sur un PER entrent pleinement dans l’assiette taxable lors de la succession, tandis que les encours investis sur une assurance vie avant les 70 ans du souscripteur profitent d’un avantage successoral de taille : un abattement de 152 500 euros par bénéficiaire.
 
En cas de doute sur le meilleur dispositif pour préparer sa retraite, les épargnants peuvent faire appel aux services d’un conseiller en gestion de patrimoine.

Publié le 02/09/2020 à 01:00 | Lu 7127 fois