Ostéoporose : agir d'urgence pour le "bien vieillir"

« À l’occasion de la journée mondiale (ndlr : qui s’est tenue le 20 octobre 2020), parlons largement de cette maladie pour protéger longtemps notre santé osseuse et notre qualité de vie », martèle Françoise Alliot-Launois, vice-présidente de l’association de patients AFLAR (Association Française de Lutte Antirhumatismale). « La réalité est d’autant plus criante que nous savons que nous vivrons ”plus vieux et plus nombreux ».


Actuellement, l’ostéoporose représente près de 400.000 fractures par an (principalement des femmes seniors) en France et jusqu’à 490.000 en 2025. Son coût est estimé à 4,8 milliards d’euros pour l’Assurance Maladie et avec une prévision de 6 milliards d’euros d’ici 5 ans.
 
Par ailleurs, un quart des patients sont institutionnalisés et 24% de patients décèdent dans l’année qui suit une fracture de hanche. Sans compter 85% des patients mal pris en charge pour leur fragilité osseuse à la suite d’une fracture…
 
Les chiffres de l’ostéoporose inquiètent.
 
Rappelons que cette pathologie osseuse est une maladie chronique du squelette, à l’origine de fractures lourdes de conséquences en termes de handicap, de qualité de vie, d’institutionnalisation et in fine,  de mortalité. L’ostéoporose n’a jamais été aussi menaçante au regard des perspectives d’allongement de l’espérance de vie.
 
Malgré la place de l’ostéoporose au cœur des enjeux du système de santé français (Ma santé 2022, Ségur de la Santé, loi Autonomie Grand âge…), la considération dont elle fait l’objet doit encore s’accentuer. On n’en parle pas assez et les seniors Français ne sont toujours pas suffisamment informés malgré les différentes campagnes de communication sur le sujet.
 
Cette maladie étant asymptomatique jusqu’à la première fracture, tant que l’on ne s’est pas « fracturé », on n’y pense pas…
 
« Cessons de banaliser les fractures ! Messages de prévention, systématisation de la densitométrie osseuse, implication déterminante et pluridisciplinaire des professionnels de santé, parcours de soins coordonnés territoriaux… Nous disposons des clés pour améliorer la prise en charge de l’ostéoporose » indique le Pr Bernard Cortet, rhumatologue au CHU de Lille et président du GRIO (Groupe de Recherche et d’Information sur les Ostéoporoses).
 
La France vieillit mais le défi de l’avancée en âge est devant nous. En 2040, 14,6% des Français auront 75 ans ou plus et en 2050, 2,23 millions de personnes âgées seront en perte d’autonomie. Mis en perspective avec ceux de l’ostéoporose, ces chiffres du vieillissement de la population témoignent de l’importance de lutter de manière plus efficiente contre la dégradation de sa « santé osseuse » et de son corollaire, l’institutionnalisation.
 
« C’est le paradoxe de l’ostéoporose. Depuis des années que des plans et actions gouvernementales se succèdent, visant à renforcer prévention et prise en charge, il n’a jamais été si urgent d’alerter ! », déclare Françoise Alliot-Launois, vice-présidente de l’AFLAR.
 
Le Pr Thierry Thomas, rhumatologue au CHU de Saint-Etienne, membre de l’ANCO ajoute : « ce paradoxe relève également d’une perception erronée et décalée de la maladie. La plupart des femmes n’établissent pas de lien entre la survenue d’une fracture et l’ostéoporose sous-jacente que traduit cette fracture. Elles s’estiment aussi souvent trop jeunes pour être concernées, considérant l’ostéoporose comme la maladie d’une femme beaucoup plus âgée qu’elles, indépendamment de leur propre âge ».
 
Caractérisée par une diminution de la résistance de l’os (action combinée de la perte de la quantité d’os et de la détérioration de la structure de l’os) le squelette qui devient fragile, « l’ostéoporose est véritablement une pathologie à part, avec pour principale conséquence la survenue de fractures dont certaines très graves mènent à un handicap lourd et une importante dégradation de la qualité de vie avec des répercussions tant physiques que psychologiques », rappelle Bernard Cortet.

Claire, 68 ans, patiente experte ayant subi de multiples fractures depuis 12 ans témoigne :
« J’ai peur, tout le temps, alors je ne prends aucun risque. Je le payerais beaucoup trop cher car cette maladie rend tellement dépendant… Par crainte de tomber et de me casser, je suis attentive à tout : chez moi, dans les transports, avec mes petits-enfants…
 
Nous avons même déménagé pour un appartement plus pratique et repensé pour plus de sécurité. Bien que cette maladie altère considérablement la qualité de vie, vous devez l’accepter au quotidien, sans déni, sinon, à la prochaine chute, vous êtes sanctionnée
».

Publié le 21/10/2020 à 09:31 | Lu 7042 fois