"On m'a dit qu'à la ménopause..." : tribune de Véronique Geronutti, naturopathe

Cet été, je prends le temps de me libérer des fausses croyances qui entourent la ménopause... Les vacances d’été sont une belle occasion pour prendre du recul par rapport à certaines idées reçues auxquelles, jusqu’alors, un crédit aveugle était accordé. Tribune de Véronique Geronutti*, naturopathe et formatrice à L’Arbre Rouge, école professionnelle de naturopathie.


S’il est bien une période dans la vie d’une femme qui véhicule pléthore d’idées reçues, c’est bien la ménopause !
 
Ces idées reçues sont autant d’à priori qui peuvent parasiter la femme lors de la transition de vie qu’est la ménopause.
 
Voici un échantillon du palmarès des « on m’a dit qu’à la ménopause » qui ne sont pas toujours fondés mais qui peuvent altérer la qualité de vie des femmes concernées…

« On m’a dit qu’à la ménopause, une femme prenait du poids »

Physiologiquement parlant, il est vrai que la prise de poids peut se justifier. Le ralentissement du métabolisme associé aux changements hormonaux peut majorer le risque de prise de poids à cette période-là.
 
La chute, puis la carence, de la progestérone et des œstrogènes favorisent en effet d’une part l’hyperglycémie et le déséquilibre de la balance ghréline/leptine, deux hormones impliquées dans la sensation de faim et la satiété et d’autre part, l’exacerbation du système nerveux.
 
Tous ces facteurs font le lit de la prise de poids.
 
Est-ce pour autant inévitable et faut-il rester fataliste face à ce changement de silhouette vécu comme une épée de Damoclès ?
 
Non car la ménopause se prépare. En étant avertie des conséquences que peuvent avoir les modifications physiologiques que le corps va vivre au cours de la pré-ménopause et de la ménopause, la femme va adapter son mode de vie.
 
Elle va notamment ajuster son hygiène alimentaire pour faire la part belle aux aliments riches nutritionnellement et limiter grandement tout type d’aliments susceptibles d’encrasser l’organisme et donc de favoriser le stockage dans le tissu adipeux.

« On m’a dit qu’à la ménopause, la libido s’écroulait »

La libido ou désir sexuel repose d’une part sur la dimension biologique et d’autre part sur l’état émotionnel.
 
La libido de la femme au moment de la ménopause peut ne pas toujours être au beau fixe voire, considérablement baisser. L’absence d’activité ovarienne entraîne une diminution du désir sexuel. 
 
Parallèlement, le vagin est soumis à une plus faible irrigation sanguine ce qui amenuise l’excitation sexuelle. Enfin, la carence en hormones sexuelles féminines assèche les muqueuses, dont le vagin, ce qui favorise la dyspareunie altérant encore l’appétit sexuel.
 
Ces changements physiologiques ont des répercussions directes sur l’état émotionnel de la femme qui peut alors vivre une situation compliquée.
 
Pour pallier ces modifications biologiques du corps, le maintien d’un bon fonctionnement de la sphère émotionnelle est à prioriser chez la femme à cette étape de sa vie.
 
Cela passe par l’activité physique qui stimule la circulation sanguine et par les exercices permettant à la femme, d’explorer avec bienveillance son intériorité.
 
D’autre part, au niveau de l’assiette, il est intéressant de veiller à consommer des aliments riches en tyrosine (œufs, viandes, produits de la mer, tofu par exemple) participant à la synthèse de la dopamine, neurotransmetteur intervenant au niveau de la motivation et de la libido. 
 
En phytothérapie, la maca est une plante réputée pour ses bienfaits sur la sécheresse vaginale, la perte d’énergie et la libido.

« On m’a dit qu’à la ménopause, irritabilité, sautes d’humeur et troubles du sommeil étaient fréquents »

Les états mélancoliques peuvent être assez courants lors de la ménopause. Le taux de progestérone ayant drastiquement diminué, il est plus délicat de résister au stress et aux différentes agressions extérieures.
 
Un des rôles de la progestérone étant de moduler la réceptivité au stress et d’aider au sommeil réparateur. La carence en progestérone à la ménopause peut amener la femme à une plus grande irritabilité et à se plaindre de difficultés à dormir.
 
Pour calmer ces états de nervosité, les exercices respiratoires sont des solutions intéressantes. Il existe de nombreux exercices de respiration et il convient à chaque femme de trouver celui qui lui convient le mieux et de l’inclure dans son hygiène de vie globale.
 
Mieux vaut ne pas attendre que les symptômes se manifestent. La femme au moment de la pré-ménopause étant avertie, elle intégrera dès que possible ce type d’exercice dans son quotidien car il est toujours plus facile et efficace de « prévenir que de guérir » !
 
La mélisse, plante digestive et apaisante du système nerveux, peut venir compléter et potentialiser les exercices respiratoires. Ou bien encore, la gemmothérapie, avec le tilleul et le figuier qui peuvent également être d’une belle aide pour retrouver un équilibre de la sphère nerveuse.
 
Aujourd’hui, de plus en plus de femmes lèvent les tabous entourant la ménopause. Ces dernières craignent de moins en moins d’évoquer le sujet et de signifier clairement qu’elles assument cette étape de leur vie.
 
La communication sur la ménopause se développe, de nombreux ouvrages voient le jour proposant des outils naturels pour aborder puis vivre sereinement ce passage incontournable de la vie d’une femme. Certaines femmes parlent aujourd’hui de la ménopause comme de l’âge d’or de la femme.
 
D’ailleurs en Médecine Traditionnelle Chinoise, ne parle-t-on pas de « deuxième printemps » pour évoquer la ménopause…
 
NB : quelques plantes médicinales sont évoquées dans cet article et il convient de rappeler que toute plante médicinale peut avoir des contre-indications ou des interactions médicamenteuses. Il est important de recueillir l’avis d’un professionnel avant utilisation.
 
*Véronique Geronutti est naturopathe depuis 10 ans. Elle est aussi formatrice à l'école professionnelle de naturopathe L’Arbre Rouqe, à Lyon.

Publié le 21/07/2023 à 01:00 | Lu 19492 fois