NASH : une maladie hépatique méconnue

Parallèlement à l'épidémie d'obésité et de diabète à travers le monde, on observe une recrudescence des cirrhoses et des cancers du foie chez des personnes qui ne boivent pas et n'ont pas contracté d'hépatite virale... Le 6 juillet dernier s’est tenue la 3ème édition du Paris NASH Symposium réunissant des spécialistes français et américains du foie autour d'une maladie en pleine émergence : la StéatoHépatite Non Alcoolique appelée également la NASH.


La stéatose simple se caractérise par une surcharge de triglycérides dans le foie. La NASH, ou stéato-hépatite non alcoolique, est une affection en rapport avec l'accumulation de graisse dans le foie associée à une inflammation des lésions hépatocytaires chez des patients en surpoids qui consomment peu ou pas de boissons alcoolisées.
 
A terme, la NASH est susceptible d'évoluer vers une cirrhose et un cancer du foie. Toutefois, soulignons qu’il s’agit d’une atteinte hépatique réversible à l'inverse de la cirrhose qui elle n'est pas réversible.
 
L'excès de graisse dans le foie peut donc déclencher une inflammation hépatique et évoluer jusqu'à une authentique cirrhose voire un cancer du foie. Le diagnostic est souvent trop tardif car les premiers symptômes cliniques ne surviennent que lorsque la cirrhose ou le cancer sont déjà évolués. La difficulté pour les médecins est donc d'identifier précocement les patients qui développent une fibrose du foie alors que l'examen clinique et les examens habituels sont quasiment normaux.
 
La ponction biopsie du foie est l'examen de référence pour évaluer la sévérité des lésions hépatiques mais il s'agit d'un examen invasif qu'on ne peut pas proposer à un large nombre de patients. Des cliniciens français ont développé eLIFT un test de dépistage très simple à calculer et utilisant des paramètres biologiques courants afin que tous les médecins, spécialistes ou non, puissent facilement l'utiliser.
 
Lorsque le test est positif, un test plus complexe et plus performant est réalisé pour décider si le patient doit être confié à un spécialiste hépato-gastroentérologue. Utilisé à large échelle, cet algorithme devrait permettre de mieux identifier les patients qui ont une fibrose du foie avancée et qui doivent être pris en charge pour éviter l'évolution vers la cirrhose et le cancer du foie.
 
Selon la CNAM, environ 43.000 interventions de chirurgie bariatrique ont été pratiquées en France, chiffre qui a triplé en sept ans. Cette chirurgie induit une perte de poids à long terme et réduit la mortalité globale à long terme principalement en diminuant le nombre de décès liés au diabète, aux maladies cardiaques et au cancer. Sur le plan hépatique, la perte de poids après la chirurgie induit une amélioration des lésions histologiques de stéatose hépatique non liée à l'alcool chez les obèses morbides.
 
En termes de mécanismes, l'évolution des lésions hépatiques après chirurgie bariatrique est étroitement liée à l'amélioration de la résistance à l'insuline. Une étude récente a observé que la chirurgie bariatrique induisait la disparition de NASH dans environ 85% des cas. La probabilité de disparition était plus élevée chez les patients atteints de NASH légère que chez ceux atteints de NASH modérée ou sévère. La chirurgie bariatrique induisait aussi une amélioration significative de tous les composants histologiques de la NASH.
 
En dépit de ces résultats prometteurs, des études sont encore nécessaires avant de proposer la chirurgie bariatrique comme une option thérapeutique chez les obèses atteints de NASH.

Publié le 10/07/2017 à 01:00 | Lu 2042 fois