Misery : trente ans après, Stephen King est de retour

Après trois jours de coma, un homme se réveille dans un lit et un lieu qu’il ne connaît pas, avec la jambe droite fracassée et une perfusion dans le bras gauche. Une femme à l’air habité est à ses côtés. Elle lui apprend qu’il a été victime d’un accident de voiture et qu’elle l’a sauvé et emmené chez elle, où ils se trouvent actuellement.






Lui, c’est Paul Sheldon, un écrivant à succès -le double de Stephen King- qui est à un tournant de sa carrière. Après avoir achevé la série des « Misery » et fait mourir son héroïne, il a souhaité passer à une autre littérature.
 
Elle, c’est une infirmière du nom d’Annie Wilks, grande fan de l’écrivain et plus particulièrement de « Misery ». Tout semble donc être pour le mieux  pour les deux protagonistes, puisqu’elle est prête à le soigner et le remettre sur pied au plus vite.
 
Ce serait oublier le principal grief entre eux deux, à savoir qu’Annie ne pardonne pas à Paul d’avoir fait mourir son héroïne dans le dernier tome de la série, alors qu’elle-même ne vit qu’à travers Misery.
Ce qui l’amène à imaginer un stratagème diabolique pour obliger l’écrivain à revenir sur cette funeste fin et redonner vie à la défunte….
 
Le roman éponyme de Stephen King date de 1987. Il connut à l’époque un succès retentissant. D’abord porté au cinéma en 1990, c’est le dramaturge William Goldmann qui eut l’idée de transposer ce texte au théâtre, version adaptée pour nous en français par Viktor Laszlo.
 
Disons-le d’emblée, on est saisi par ce spectacle dès la première scène, tant par le décor que le jeu des acteurs.
 
Myriam Boyer, l’actrice aux deux Molière, qu’on a vue récemment à l’Atelier dans une adaptation théâtrale du roman « Le Chat », de Georges Simenon, nous confirme une fois de plus son grand talent. Elle apporte au personnage d’Annie, l’infirmière psychopathe, toute l’ambiguïté qui convient à ce rôle. Chacune de ses répliques, imprévisible, nous laisse dans l’attente de la suite et, à chacune de ses sorties de scène, on n’attend plus que son retour.
 
On ne présente plus Francis Lombrail, actuel directeur du Théâtre Hébertot, qu’on a vu ce printemps dans « Dépendances » au Studio Hébertot voisin et qu’on voit encore actuellement dans « Douze hommes en colère » sur cette même scène. Chacune de ses prises de rôle est une prise de vie. C’est une évidence, cet ancien commissaire-priseur est plus utile à l’humanité sur une scène de théâtre qu’au pupitre d’une salle de vente.
 
La mise en scène de Daniel Benoin est très astucieuse. Elle renonce aux mutilations physiques décrites dans le roman, impossibles à rendre sur le plateau, mais utilise habilement la vidéo pour nous faire visionner les cauchemars de l’écrivain ainsi que, en surimpression, le visage inquiétant de l’infirmière.
 
Après 80 minutes de suspense haletant, le dénouement intervient enfin. Fidèles ou non de Stephen King, ne le manquez pas !
 
Alex Kiev

Théâtre Hébertot
78bis, boulevard des Batignolles
75017 Paris
 
Du mardi au samedi 21h dimanche 15h

Article publié le 22/10/2018 à 01:00 | Lu 2978 fois