Louvre : Vermeer et les maîtres de la peinture de genre

Le Louvre propose jusqu’au 22 mai prochain, une magnifique exposition intitulée « Vermeer et les maitres de la peinture de genre ». Une rencontre exceptionnelle avec les toiles de ce grand peintre flamand qui vous ravira et vous donnera envie d'en savoir plus ! A voir.


Louvre : Vermeer et les maîtres de la peinture de genre
Né en 1632 à Delft, Johannes Vermeer est le fils d'un tisserand devenu aubergiste, exerçant parfois    une activité de marchand de tableaux… Il recevra le titre de maître à la guilde de Saint Luc le 23 décembre 1653, ce qui lui permettra de faire de la peinture son métier. La même année, il épouse Catharina Bolnes, une jeune femme issue d’une famille catholique aisée. Le couple aura onze enfants dont sept ont survécu. En vingt ans, Vermeer peindra quelque quarante-cinq tableaux, soit deux par an en moyenne.
 
En effet, vivant des rentes de sa belle-mère et du commerce de l'art, le peintre prenait son temps... Il a commencé sa carrière sous le signe de l'Italie. Ses premières œuvres, comme « Le Christ chez Marthe et Marie » et « Diane et ses nymphes » sont d'inspiration religieuse et mythologique. Mais très vite, l'artiste va se tourner vers la scène de genre avec « l'Entremetteuse », une œuvre datée de 1656. Les tons chauds dominés par les rouges et les bruns rendent cette scène très sensuelle.
 
L'année suivante, « Le Soldat et la jeune fille souriant », « La jeune fille au verre de vin » et « Un verre de vin » marquent un véritable tournant dans sa production. A noter qu’un certain nombre d'accessoires emblématiques des scènes de genre reviennent déjà au sein de son œuvre de façon récurrente : la fenêtre aux verres plombés, la chaise sculptée de têtes de lion, le clavecin, les cartes de géographie et les tapisseries en forme de tapis ou de rideaux constituent les décors.

Louvre : Vermeer et les maîtres de la peinture de genre
Autre élément important dans ses œuvres : la place qu’occupent les personnages dans l'espace. Les scènes de genre représentent généralement une ou deux figures en pied ou à mi-corps et sont mises en scène dans une pièce en perspective. On note également la présence d’une porte ouverte sur l'intérieur dans ses créations exceptées dans « La Vue de Delft » vers 1660-1661, « la Ruelle », « La Laitière » en 1658-1659 ou encore « La Jeune Fille à la perle » vers 1665.
 
Rappelons que le développement de la scène de genre s'inscrit dans un contexte économique prospère d'où émerge une bourgeoisie aisée désireuse de voir représenter sa réussite et son raffinement. On n'est plus simplement dans l'évocation des activités quotidiennes, mais dans la représentation parfaite d'une élite qui s'enrichit grâce au commerce et devient le moteur économique de l'Europe. A la fin de sa vie, accablé par les problèmes financiers dus aux guerres de 1672 et par conséquent, à la chute brutale du marché de l'art, Vermeer en tombe malade et meurt en 1675 à l'âge de 43 ans. 
 
D'un peintre à l'autre les mêmes thématiques apparaissent dans cette magnifique exposition : la pesée que l’on retrouve chez Pieter de Hooch et chez Vermeer, les épistolières qui apparaissent autant chez Gabriel Metsu que Frans Van Mieris ou Gerard Ter Borch, les miroirs chez ce dernier et chez Gerard Dou, les visites chez Eglon Van Der Nee et chez Gabriel Metsu, l’astronomie chez Gerard Dou et chez Johannes Vermeer, les dentellières chez ce dernier ainsi que chez Nicolas Maes, etc. 

Louvre : Vermeer et les maîtres de la peinture de genre
Dans « Les dentellières », un tableau de petit format, Vermeer n'a peint que l'essentiel : un mur blanc lumineux qui occupe le fond, mais notre regard ne se porte que sur une jeune femme concentrée sur son ouvrage de dentelles. Ici règnent le silence et la méditation, plus flagrants encore que dans l’œuvre de G. Dou où la dentellière, elle aussi toute à son ouvrage, lève vers nous un regard surpris et presque amusé. Dans le premier tableau tout n'est que sobriété et rêverie alors que dans le second, la présence du livre ouvert sur le rebord de la fenêtre, la rose, le coffret, les aiguilles et les fils confèrent à l'ensemble une tonalité plus réaliste.
 
« La Peseuse d'or » de Pieter de Hooch et la « Femme à la balance » de Vermeer présentent aussi certaines ressemblances : de fait, dans les deux tableaux, la scène a lieu dans un intérieur éclairé par la gauche, les deux femmes portent une coiffe et un manteau brodé d'hermine, les deux sont debout devant une table dont le tapis a été repoussé pour poser les pièces et les perles et les deux tiennent dans leur main droite une balance. Cependant, il se dégage de ces deux œuvres une atmosphère bien différente ; alors que la première aborde un thème domestique plus narratif, dans la seconde, la protagoniste semble plus concentrée et méditative. La présence du Jugement dernier accroché au mur donne également à cette peinture une dimension quasi divine et morale.

Marie-Hélène Boutillon

​Infos pratiques

Louvre : Vermeer et les maîtres de la peinture de genre
L’exposition est présentée au musée du Louvre jusqu'au 22 mai 2017
Horaires :
Tous les jours de 9h à 18h sauf le mardi
 
Nocturnes le mercredi et le vendredi jusqu'à 22h

Publié le 09/05/2017 à 01:00 | Lu 3414 fois