Les vieux fourneaux 2, Bons pour l'asile : ce qu'en dit Pierre Richard

Alors que « Les vieux fourneaux 2, Bons pour l’asile » vient de sortir sur grand écran, on retrouve avec bonheur nos trois vieux « potes » qui s’embarquent dans de nouvelles aventures : Eddy Mitchell, Pierre Richard et Roland Giraud. Ce qu’en pense l’acteur Pierre Richard.





Quand un film vous a comblé et qu’on vous propose d’en tourner la suite avec le même scénariste, les mêmes partenaires et le même réalisateur qui se trouve être, en plus, votre ami et votre metteur en scène de théâtre depuis trente ans, on ne peut qu’être heureux.
 
Ça a été le cas pour moi avec ce second volet des Vieux Fourneaux. Même s’il n’y a pas eu d’effet de surprise, car je me doutais bien qu’il y aurait une suite, j’étais vraiment, vraiment emballé.
 
Le nouveau scénario était formidable, et malgré ma tristesse à cause de l’absence, pour raison de santé, de Roland Giraud, j’étais sur un (petit) nuage à l’idée de retrouver Eddy, Alice, Myriam, et tous mes partenaires et aussi bien sûr, Christophe.
 
Nous avons tant d’affinités artistiques avec Christophe que tout est simple. C’est un merveilleux directeur d’acteurs. C’est un pointilliste. J’en ai parfois besoin.
 
J’étais aussi fou de joie à l’idée de ré-endosser mon personnage de Pierrot. C’est marrant parce qu’il me correspond tellement bien que j’ai toujours eu tendance à penser que Wilfrid Lupano l’avait écrit pour moi, alors qu’il l’avait créé pour la BD, bien avant de savoir que je l’incarnerais un jour sur le grand écran.
 
Quand Christophe m’a proposé le rôle, je me suis dit, après avoir lu le scénario, qu’il m’avait bien choisi. C’était vraiment celui des trois vieux « zozos » qui me ressemblait le plus. Physiquement, Pierrot est comme moi, un grand dégingandé maladroit, et moralement, on a beaucoup de points communs tous les deux.
 
On a la même vitalité, la même folie douce, le même goût pour l’extravagance et… une propension certaine à exploser à tout bout de champ : j’ai tendance, comme lui, à m’énerver facilement.
 
J’ai tout de suite aimé Pierrot. Pour ses défauts : par exemple, il râle beaucoup, ce qui me fait marrer. Pour ses qualités : il a, entre autres, un grand sens de l’amitié et du partage et aussi pour son côté « anar » et contestataire.
 
De ce point de vue, je crois qu’il est le personnage le plus « lupano-esque » du trio de Lupano. Antoine et Mimile en sont plus éloignés. Mimile est le plus taiseux et le plus grognon ; Antoine, le plus perturbé et le plus « smart » et Pierrot, le plus indigné et le plus « grande gueule ».
 
Ce que j’adore dans leur trio c’est qu’ils sont à la fois inséparables et différents. Dans le premier volet, quand nous arrivions au château, Mimile et Antoine se dépêchaient d’aller y gueuletonner, puis d’y dormir dans des lits de plumes. Mon Pierrot faisait la mauvaise tête et passait le dîner et la nuit dans sa
vieille guimbarde !
 
Et dans ce volet-ci, celui qui amène les réfugiés chez ses « poteaux », c’est Pierrot ! Au début Antoine et Mimile râlent, mais comme ils ont tous les deux des cœurs énormes, ça se passe finalement, mieux que bien, comme vous avez pu le constater. (rires)
 
Beaucoup de gens me disent que pour ce film, j’ai passé la surmultipliée. C’est drôle parce que je ne m’en suis rendu compte qu’après, en le visionnant. Sur le moment, je ne me suis aperçu de rien. Je m’amusais juste comme un fou avec ma béquille, remonté comme un coucou par une histoire qui m’avait touché et fait rigoler.
 
J’avoue qu’en plus, le plateau me stimule beaucoup. Il m’arrive d’arriver complètement « raplapla » sur un film, mais dès que ça tourne, mon taux d’adrénaline grimpe à toute allure. Je finis presque toujours les tournages plus en forme qu’au début . Ils ont sur ma santé bien plus d’efficacité que la meilleure des cures de thalasso. (rires)
 
Je suis aussi très sensible aux dialogues. Quand ils sont réussis, ils augmentent chez moi le plaisir de jouer. Ceux de Lupano sont des vrais « bonbons ». Sur le plateau, on a tous essayé de les restituer le mieux possible avec l’espoir que les gens auraient le même plaisir à les écouter qu’on avait à les dire.
 
Lorsqu’on a des dialogues de cette qualité là, on doit les respecter à la virgule près. Eddy apprenait les siens le matin au maquillage. Moi, beaucoup plus en amont, car je suis plus lent. Je ne sais pas quelle est la méthode de Bernard, mais il arrivait toujours « en piste », en sachant les siens au cordeau. C’est un très grand acteur.
 
Ni Eddy ni moi n’avions jamais rencontré Bernard. Quand il a su qu’il allait prendre la suite de Roland, il a eu la délicatesse de nous inviter dans un restaurant italien pour que nous fassions connaissance. Trois bons vivants à la même table… En deux heures, c’est comme si nous avions été des copains de toujours !
 
Eddy et moi avons découvert un homme exquis et très drôle. Sur le tournage, on a formé un vrai trio, et qui n’était pas seulement de cinéma. On piquait de tels fous-rires que Christophe était parfois obligé de nous rappeler à l’ordre, comme des gamins. Jouer à trois est très rigolo. C’est très différent du duo. Il y en a toujours deux pour se moquer du troisième.
 
Les alliances changent tout le temps, comme au parlement, sauf que sur un plateau de ciné, c’est beaucoup plus marrant !
 
Sur ce numéro 2 des Vieux Fourneaux, nous étions trois garçons qui jouions essentiellement face à trois filles, l’irrésistible Claire Nadeau, la sublime Myriam Boyer et l’inénarrable Alice Pol. Comme elles sont toutes les trois formidables, on ne pouvait pas les regarder sans se dire qu’on avait intérêt à faire gaffe pour être à leur niveau.
 
Alice a fait mon admiration. On peut lui donner une page et demie de texte, elle l’apprend en deux minutes, comme qui rigole. Bluffante ! Et tellement drôle, elle aussi.
 
Serais-je partant pour un Vieux Fourneaux n°3 ? Oui, à condition qu’il ne se fasse pas attendre trop longtemps. En attendant, je vais tourner le nouveau film de Maïwenn avec Johnny Depp. Je devrais aussi retrouver Christophe sur un nouveau projet. Mais c’est encore top secret ! (rire).

Article publié le 22/08/2022 à 01:00 | Lu 2447 fois