Aidants : les piliers silencieux d'un système en crise

Après les scandales à répétition autour des EHPAD, révélés par des enquêtes et des ouvrages-choc, la crise de confiance est profonde. De plus en plus de Français ne veulent pas –ou plus– placer leurs proches en maison de retraite. Mais cela suppose de s’appuyer sur un autre pilier de notre modèle social : les aidants. Dans ce contexte, trois questions à Flora Obadia, directrice générale déléguée de Tutélaire, « mutuelle humaniste ».

PAR SENIORACTU.COM | Publié le 12/06/2025

Après la crise des EHPAD, comment construire des alternatives dignes et humaines ?

La crise des EHPAD a agi comme un électrochoc : elle a mis en lumière les limites criantes d’un modèle centré sur l’hébergement institutionnel, souvent pensé sous l’angle budgétaire avant l’angle humain.
 
Pourtant, l’enjeu est ailleurs : comment permettre à chacun de bien vieillir, dans la dignité, chez soi si possible, entouré, soutenu ?
 
Chez Tutélaire, nous croyons qu’il est urgent de repenser la perte d’autonomie autrement.
 
Cela passe par :
 
  • Le soutien au maintien à domicile, via des aménagements adaptés, des aides humaines et techniques, des dispositifs d’accompagnement clairs ;
  • Le développement d’alternatives aux EHPAD, comme l’habitat partagé, les colocations intergénérationnelles ou les modèles participatifs de logement entre seniors ;
  • Une coordination plus lisible entre privé, public et associatif, pour sortir d’une logique de silos et proposer des parcours simples et accessibles.
 
Cela implique aussi de sortir du tabou social de la dépendance. Car si chacun sait qu’il mourra un jour, peu acceptent l’idée qu’ils pourraient devenir dépendants. Et pourtant, s’y préparer, c’est se donner les moyens de choisir -et non subir.
 

Que représentent vraiment les aidants dans notre modèle social ?

Les aidants sont le pilier invisible mais essentiel de notre modèle social. Ils sont 11 millions en France, tous statuts confondus. Ils accompagnent au quotidien un proche âgé, en situation de handicap ou gravement malade.
 
Souvent dans l’ombre, souvent seuls. Ils permettent, par leur engagement, de compenser les manques d’un système structurellement sous-dimensionné.
 
Et pourtant, ils sont bénévoles, non reconnus, non formés, sans cadre ni statut clair. Ce sont eux qui tiennent l’équilibre fragile entre maintien à domicile, solidarité familiale et absence de réponse publique coordonnée. Sans eux, tout s’effondre.
 
Nous les considérons comme un maillon central du bien vieillir, au même titre que les professionnels du soin. Et nous plaidons pour une véritable reconnaissance de leur rôle : par le droit, par la société, par la protection.
 

Pourquoi continuent-ils d’être aussi peu protégés, alors qu’ils sont essentiels ?

Parce que notre société a longtemps refusé de voir leur réalité. Être aidant, cela semblait “naturel” -presque culturel : on s’occupe de ses parents, comme on s’est occupé de ses enfants. Cette absence de regard politique a conduit à un vide réglementaire, assurantiel, humain.
 
Aujourd’hui encore, il n’existe pas de vrai statut d’aidant, pas de droit opposable, pas de filets de sécurité suffisants.

Même le “congé proche aidant” reste très limité, réservé aux situations ponctuelles, alors que la majorité des aidants vivent une charge diffuse, quotidienne, de longue durée.

Cette absence de cadre rend même la création d’offres assurantielles difficile, puisque chacun peut se déclarer aidant sans référentiel partagé et qu’il existe de grande diversité dans l’aidance.
 
Et pourtant, les aidants vivent moins longtemps, s’épuisent plus vite, et se mettent souvent eux-mêmes en danger, sans accompagnement ni soutien suffisant.
 
Dès 1998, nous avons été les premiers à inclure une couverture dépendance dans nos contrats de prévoyance.

Aujourd’hui, nous proposons une offre spécifique, accessible, pensée pour les aidants et les personnes qu’ils accompagnent :
 
  • Une garantie dépendance couvrant dès les premiers niveaux de perte d’autonomie (à partir de GIR 4), avec un accompagnement humain et financier pour rester à domicile dans des conditions dignes ;
  • Des services d’assistance concrets (aide administrative, soutien psychologique, informations juridiques, organisation du relais) pour soulager les aidants dans leur quotidien ;
  • Une accessibilité maximale, avec des contrats abordables (à partir de 30 € / mois) et une ouverture aux personnes atteintes d’affections de longue durée, là où beaucoup d’assureurs les excluent encore.

 
Nous avons fait le choix de ne pas détourner le regard. Parce que protéger les aidants, ce n’est pas anticiper une crise future.

C’est reconnaître une réalité actuelle, massive et silencieuse, qui touche déjà un tiers des foyers français. Et c’est poser les bases d’un modèle de solidarité qui reste humain, même quand l’autonomie s’efface.








Facebook
X